Automobiles de collection

La panne

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 19 mars 2004 - 536 mots

Les ventes de voitures organisées en février par Christie’s et Artcurial ont été très décevantes.

PARIS - Annoncée tambour battant, la troisième vente de voitures de Christie’s qui s’est tenue le 14 février dans l’enceinte du salon européen Rétromobile promettait, aux dires de l’expert Philip Kantor, « d’être aussi spectaculaire que les deux années précédentes ». Force est de constater qu’avec 59 % de lots ravalés et un total de 28 % en valeur la maison de ventes a tout juste pu régler la location onéreuse de l’immense stand qu’elle s’était réservé. L’an passé, quatre voitures vendues par Christie’s au salon Rétromobile figuraient dans le classement général des huit plus gros lots adjugés en 2003. Une autre Bugatti T55, la dernière d’une série limitée de 38 exemplaires, sortie d’usine en 1935, se présentait pour la star de la saison 2004. Estimée outrageusement 1,6 million à 2,2 millions d’euros, elle a été ravalée tout comme la Bugatti T51 Grand Prix de 1929 et la Bugatti T15 de 1911, deux autres belles pièces annoncées sur des estimations de 500 000 et 180 000 euros. « Le marché était très sélectif, cependant la Bentley 41/4 litres série MR de 1939 a réalisé un prix exceptionnel de 382 250 euros contre une estimation haute de 250 000 euros », s’est consolé Philip Kantor.

Les déboires de Christie’s à Rétromobile ont amusé Hervé Poulain, le marteau de la maison Artcurial, laquelle est son grand rival en matière de véhicules de collection. Dans cette dure compétition non voilée qui oppose les deux maisons de ventes, le commissaire-priseur est encore tout auréolé des 3,1 millions d’euros enregistrés le 10 février 2003 pour la Mercedes SSK de 1929 de la collection Rolf Meyer, « la plus haute enchère réalisée dans le monde pour une automobile de collection et le plus haut prix en vente publique en France en 2003 toutes spécialités confondues. » Cette année, la vente d’Artcurial du Palais des Congrès à Paris a frôlé les 50 % de lots vendus. « On ne s’en est pas mal sorti. Le marché français a été acheteur alors qu’aucune voiture n’est partie aux États-Unis, indique Hervé Poulain. Il s’agissait d’une vacation intermédiaire que l’on a un peu musclée dans le contexte de Rétromobile, notamment avec une vieille Rolls-Royce Springfield de 1931 et une Hispano-Suiza H6B Cabriolet par Edmann & Rossi de 1924, qui ont toutes deux fait de beaux prix (respectivement 121 150 euros et 238 700 euros) compte tenu de l’étroitesse du marché des automobiles de l’entre-deux-guerres. Quant à la Porsche, notre vedette de la vente, on a eu un pépin… » Evaluée environ 3 millions d’euros, la Porsche 906 de 1966 a été retirée de la vente au dernier moment. « Un amateur est venu me signaler qu’il possédait un châssis identique avec le même numéro ! J’ai prévenu mes acheteurs de cette revendication et j’ai préféré suspendre la vente de la Porsche (bien qu’elle ait été reconnue bonne par la maison Porsche), car cette histoire avait créé un climat d’insécurité peu propice aux enchères. » Une expertise est actuellement en cours pour éclaircir cette affaire à l’issu de laquelle la belle Porsche, bardée de toutes les garanties nécessaires, sera remise en vente.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°189 du 19 mars 2004, avec le titre suivant : La panne

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque