La lucrative dynastie des Breughel

Par Roxana Azimi · L'ŒIL

Le 1 juillet 2004 - 361 mots

Aucune dynastie ne peut rivaliser dans l’imaginaire collectif avec les Breughel. Le mythe naît avec Pierre Breughel l’Ancien (1525-1569), le peintre de la Renaissance en Flandres. Outre une indéniable qualité dans la facture, Pierre Breughel l’Ancien a aussi une vision humaniste qu’on ne trouvera pas chez les suiveurs. Ses œuvres étant pour la plupart conservées au Kunsthistorisches de Vienne, il est rarissime d’entrevoir une pièce sur le marché. Tout juste est-il passé pour 3 millions de livres un minuscule tondo représentant un ivrogne en juillet 2002 chez Christie’s. « Si une œuvre plus complète de Pierre Breughel l’Ancien passait en vente, il pourrait faire le prix du Massacre des Innocents, mais de telles œuvres sont introuvables », analyse Marie-Hélène Cazaux. Son fils aîné, Pierre Breughel le Jeune (1564-1637/38), dit d’Enfer, n’est qu’un reflet du mythe. Il réalise des copies plus ou moins littérales du père. Il est réputé pour ses paysages d’hiver, dont les amateurs de peinture flamande sont très friands et de ses versions de la trappe aux oiseaux. Ses tableaux varient entre 450 000 et 1,5 million d’euros selon le format. Une version de la trappe aux oiseaux a obtenu 565 250 livres chez Christie’s en décembre 2003. Son frère cadet, Jan Breughel l’Ancien (1568-1625), dit de Velours, est plus novateur et personnel. Le fils de ce dernier, Jan Breughel le Jeune (1601-1678) suit les brisées paternelles, mais ses paysages présentent moins de finesse et de nuances. Étrangement, on n’observe pas entre les deux Jan Breughel de grands écarts de prix, alors que la différence devrait être du simple au double. En 1997, une allégorie des éléments réalisée en collaboration entre Jan l’Ancien et Hendrik Van Balen I a décroché 200 000 dollars chez Christie’s. Trois ans plus tard, une collaboration cette fois entre le fils et toujours Van Balen a obtenu 480 000 livres chez Sotheby’s. En 2004, Sotheby’s adjuge pour 733 600 livres une nature morte de Jan Breughel le Jeune. Un prix qu’on aurait plutôt imaginé pour le père. En juillet prochain, Sotheby’s propose à Londres un paysage avec bateau de Jan Breughel l’Ancien, inédit et sale comme on les aime, pour 600 000/800 000 livres.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°560 du 1 juillet 2004, avec le titre suivant : La lucrative dynastie des Breughel

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