Foire & Salon

Foire numérique

La « Fiac OVR », une publicité pour pas (trop) cher

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 17 mars 2021 - 551 mots

La plateforme « Online Viewing Rooms » a davantage fonctionné comme relais de communication que comme événement commercial. Les marchands y voient une des limites d’Internet.

Paris. L’ergonomie de la « Fiac OVR » (Online Viewing Rooms), qui s’est déroulée en ligne du 4 au 7 mars, a été unanimement appréciée par les galeristes et les usagers. « La date de mise en ligne était curieusement décorrélée du calendrier habituel de la foire, mais l’outil a bénéficié de ce recul, il fonctionnait bien », estime Marion Papillon, présidente du Comité professionnel des galeries d’art. Un succès, donc, à une réserve près : cette édition numérique s’est soldée par des ventes médiocres. Impossible de connaître les chiffres exacts, sur lesquels l’organisation reste discrète, évoquant « de nombreuses ventes à des collectionneurs du monde entier ». Et bien sûr, il y a des exceptions notables ; les grosses enseignes très actives sur les réseaux sociaux ont tiré le meilleur parti de l’événement. D’autant plus quand elles ont choisi de promouvoir la production inédite d’un artiste star, comme la galerie David Zwirner avec la nouvelle série « Monkey Business » de Luc Tuymans. « Dès les premières heures, nous avions déjà vendu cinq de ces œuvres sur papier entre 75 000 et 150 000 dollars », assure Justine Durrett, la directrice de la galerie. Même constat chez Xavier Hufkens (Bruxelles) qui avait misé sur un solo de Sayre Gomez [voir ill.] : ses peintures récentes ont trouvé preneurs à des prix entre 15 000 et 40 000 dollars. Une galerie atypique comme Exo-Exo (Paris), mise en avant par la sélection, a aussi réalisé une bonne opération avec une vingtaine d’œuvres achetées, autour de 4 000 euros pour les plus chères.

Informer et communiquer

Reste que la plupart des participants n’ont rien vendu, ou très peu. « Pas de concrétisations à ce jour », commente la galerie Jeanne Bucher. Les marchands s’en tiennent aux multiples demandes manifestées à cette occasion. « Nous sommes contents de l’intérêt de nouveaux collectionneurs », affirme-t-on chez Ceysson & Bénétière. « Nous avons été approchés par des Australiens, des Brésiliens… que nous n’aurions sans doute jamais croisés sur une foire physique », se félicite Antoine Laurent, le directeur de la galerie In Situ-Fabienne Leclerc (Paris). « La mission de la Fiac est de créer un terreau propice pour nous permettre de semer des graines. S’il est souhaitable que la récolte ne soit pas trop différée, il est important de ne pas trop raisonner à court terme », philosophe Christian Berst (Paris), qui y défendait l’art brut. Cette tempérance s’explique par le coût très faible (500 euros le ticket pour présenter cinq œuvres, 1 000 euros pour dix), un investissement que les marchands assimilent à « des frais de communication », tandis que beaucoup notent que les clients se sont déplacés pour voir les œuvres « en vrai ». Ainsi, à la Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, l’exposition présentée au même moment et « consacrée à Pierre Seinturier s’est presque totalement vendue en deux jours». Au final, « cela nous rassure sur le fait que ces “viewing rooms” ne remplacent pas les galeries, qui sont aussi des espaces d’échange et de prise de parole », juge Thomas Bernard. « Ces événements en ligne servent à informer et à communiquer, mais il y a un fossé avec la vente directe. Nous attendons avec impatience que les foires soient autorisées à ouvrir », conclut la directrice de la Galerie Templon, Anne-Claudie Coric.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°563 du 19 mars 2021, avec le titre suivant : La « Fiac OVR », une publicité pour pas (trop) cher

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