Artcurial

La collection Heytens a fait des étincelles

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 4 novembre 2005 - 670 mots

Les œuvres de Survage ont été fortement poussées par les collectionneurs russes,
jusqu’à faire doubler leurs estimations.

 PARIS - Essai réussi pour François Tajan qui dirigeait sa première vente sous l’enseigne Artcurial le 18 octobre à l’hôtel Dassault : la collection Chantal et Guy Heytens, soit un ensemble d’environ deux cents œuvres modernes et contemporaines d’un goût très classique, estimé 1,7 à 2 millions d’euros, a réalisé 2,4 millions d’euros. « La collection a suscité beaucoup d’intérêt. Côté tribune, entre les ordres d’achat et les enchères téléphoniques, 140 personnes (nettement plus que la moyenne pour une vente) ont affronté une salle pleine de près de 150 personnes. La clientèle russe s’est battue pour les Survage et les œuvres américaines sont montées grâce aux enchères concurrentes des collectionneurs européens et américains », relate le commissaire-priseur. Après un démarrage en douceur sur les éditions illustrées, les collectionneurs ont défendu leurs couleurs : le cubisme de
Léopold Survage et d’Albert Gleizes a volé la vedette à Jean Hélion (l’artiste le plus représenté dans la collection), dont le tableau de couverture Le Duel du peintre et de son reflet (1981) a été adjugé 42 953 euros dans sa fourchette d’estimation. On n’en attendait pas moins de Projet pour le Portugal (1937), gouache sur papier de Sonia Delaunay, honorablement vendue 44 181 euros. Mais la plus grosse surprise vient de Nice, une huile sur toile (vers 1916) de Survage mêlant cubisme et surréalisme, estimée 50 000 à 70 000 euros. Fortement poussée par les collectionneurs russes, elle a décroché l’enchère phare de 166 178 euros, juste devant le Cavalaire ou le village (vers 1922), une peinture signée Gleizes envolée à 162 747 euros, au double de son estimation. Le public a également soutenu les pièces cubistes de Georges Valmier, toutes emportées à bon prix, à l’instar La Leçon de piano, une gouache de 1924, partie pour 20 863 euros ; celles d’Auguste Herbin, avec Saison no 2, une gouache sur papier signée et datée 1959, adjugée au double de son estimation pour 39 272 euros ; une Composition peinte sur verre de Louis Marcoussis, enlevée 23 318 euros ; ou encore L’Oiseau, une petite huile signée Survage, qui s’est envolée à 25 772 euros. Le Buffet à la lampe (1943), huile sur toile de Maurice Estève provenant de la collection Olga Carré (achetée 52 000 euros il y a trois ans à l’hôtel Dassault) s’est tout de même arrachée à 79 771 euros. Seules deux pièces importantes n’ont pas trouvé preneur : La Prédication (vers 1905), une huile sur panneau d’Odilon Redon, estimée 60 000 euros et ravalée à 55 000 euros, et Rue à Montmartre, une peinture de Maurice Utrillo de l’époque blanche, qui, avec une réserve à 100 000 euros, n’a pas dépassé 92 000 euros.

Digne de New York
La partie fut également méritoire pour l’art contemporain avec China Proverb, un tableau de Robert Rauschenberg datant de 1988 (acrylique et papier galvanisé), qui a décroché le troisième plus beau score de la vacation avec l’enchère de 104 315 euros (au double des prévisions). Enfin, soulignons la performance des multiples des artistes américains : Details of Renaissance Paintings (Botticelli, naissance de Vénus, 1482), une sérigraphie en couleurs de 1984, signée Andy Warhol et numérotée « 27/70 », a été emportée pour le record de 19 636 euros. The white Line, une lithographie en couleurs sur vélin de 1960 de Sam Francis, vendue 20 249 euros, a obtenu un prix digne des résultats sur le marché new-yorkais, et trois planches de Richard Estes, adjugées entre 1 718 et 2 332 euros, « se sont vendues bien plus cher qu’à New York, où elles tournent autour de 1 000 dollars depuis des années », commente l’expert Isabelle Milsztein.

COLLECTION CHANTAL ET GUY HEYTENS

- Résultat : 2,4 millions d’euros - Experts : Violaine de La Brosse-Ferrand (art moderne), Martin Guesnet (art contemporain), Isabelle Milsztein (estampes) - Pourcentage de lots vendus : 82 % - Pourcentage en valeur : 140 % - Nombre de lots vendus/ravalés : 169/36

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°224 du 4 novembre 2005, avec le titre suivant : La collection Heytens a fait des étincelles

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