La céramique à la conquête de Paris

Faïences, verreries et émaux à Drouot

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 24 septembre 1999 - 715 mots

Quatre études (Tajan, Pescheteau-Badin, Godeau, Leroy, De Ricqlès et Piasa) organisent régulièrement à Paris des ventes spécialisées de céramique, qui réalisent en moyenne entre 1,2 et 3 millions de francs de produit. Deux d’entre elles seront sur le devant de la scène, quelques jours après la clôture du Salon international de la céramique de collection et des arts du feu : l’étude Piasa dispersera le 28 octobre la collection de céramiques de Martine Cervens, qui présente un siècle de création de la Manufacture de Sèvres ; les 24 et 25 octobre, Mes Francois de Ricqlès et Francis Briest mettront en vente un ensemble de céramiques pharmaceutiques ainsi que des verreries françaises et allemandes.

PARIS - Les collectionneurs de céramique seront à la fête les 24 et 25 octobre, à Drouot : plus de 800 lots de céramiques et objets de curiosité seront proposés par Mes de Ricqlès et Briest. Grand spécialiste des céramiques pharmaceutiques, l’expert Robert Montagut dispersera environ 700 pièces, dont une importante collection venant d’Allemagne qui comprend des boîtes en bois datant du XVIIe au XIXe siècle (500-4 000 francs) et des objets de curiosité fabriqués à Nuremberg au XVIIe siècle, telle cette petite boîte de 20 cm renfermant un squelette (40-45 000 francs). Parmi les pièces italiennes, on retiendra neuf vases de pharmacie décorés en plein a istoriato, dont un ensemble de deux chevrettes et quatre Albarelli des années 1565-1570 qui proviendraient de la pharmacie ducale du Palais d’Urbino (300-400 000 francs). “La valeur de ces pièces tient à leur extrême rareté, souligne l’expert. La plupart des grands musées du monde en détiennent un exemplaire. Il n’en existe quasiment plus en mains privées”. Les faïences françaises, bien représentées, offrent un panorama de la production du XVIe au XVIIIe siècle, où se distingue un vase à Thériaque à décor persan de 68 cm de haut, réalisé à Nevers vers 1650 pour l’hospice de Moulins (250-300 000 francs). “Cette pièce, commandée par la duchesse de Montmorency, véritable chef-d’œuvre de la céramique du XVIIe siècle, présente un fond bleu cobalt sur lequel est tracé en blanc un décor persan à motif d’oiseaux”, précise Robert Montagut.

La vente se poursuivra avec soixante-dix lots de verreries françaises et allemandes présentés par l’expert Jacqueline Bellanger, avec notamment une collection d’une trentaine d’émaux peints à Limoges aux XVIIe et XVIIIe siècles (1 200-15 000 francs) et cinq pièces d’art sacré, dont un groupe anversois du début du XVIe siècle montrant une scène de circoncision (100-150 000 francs).

Ruhlmann, Rapin et Prou
Le 28 octobre, avec le concours de l’expert Félix Marcilhac, l’étude Piasa dispersera 140 pièces produites par la Manufacture nationale de Sèvres entre 1880 et 1980. Réunies par un collectionneur, Martine de Cervens, elles comprennent notamment des pièces de la fin du XIXe, Art nouveau et Art déco, dont certaines sont signées Émile-Jacques Ruhlmann, Henri Rapin, René Prou ou Maurice Gensoli. Le renouveau du vocabulaire plastique dû à Georges Lechevallier-Chevignard, directeur de la manufacture entre 1920 et 1938, s’est traduit concrètement lors de l’Exposition internationale des arts décoratifs de 1925. “L’une des directions tout à fait nouvelles que la manufacture a exploitées pour cette manifestation de 1925 a été l’utilisation de la translucidité de la porcelaine pour l’adapter aux appareils d’éclairage, analyse Félix Marcilhac. On a assisté à une véritable débauche de nouveaux modèles, dont certains, dessinés par Henri Rapin, étaient très étonnants. Coupes d’éclairage, vasques à réflecteur, abat-jour, appliques, lanternes se sont alors multipliés, chaque artiste souhaitant participer à ce renouveau stylistique”. En témoignent un luminaire en pâte dure nouvelle translucide à corps ovale en ronde-bosse, créé par Pierre-Émile Braquemond en 1927, avec un décor à motif d’oiseaux de J. Depooter (20-25 000 francs), ou une vasque luminaire de Claude Paz et Silva exécutée en 1939 (15-20 000 francs). Parmi les principales pièces Art déco, seront proposés deux vases d’Émile-Jacques Ruhlmann. L’un, à corps conique galbé et col ouvert, a été créé pour la Manufacture de Sèvres en 1928 ; son décor à motifs d’arbres et d’arcatures enveloppant des jets d’eau est de Maurice Gensoli (60-80 000 francs). L’autre, de 1927, présente un décor à motif de feuilles se chevauchant dû à Agnès Moreau-Jouin. Enfin, on notera une paire de vases en pâte nouvelle de René Prou, décorés par R. Goujon et datant de 1936 (50-60 000 francs).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°89 du 24 septembre 1999, avec le titre suivant : La céramique à la conquête de Paris

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