« Crowdfunding »

La caution d’Art Basel

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 2 juin 2015 - 497 mots

En s’associant à la plateforme Kickstarter, le salon se lance dans le financement participatif de projets artistiques.

Que peuvent bien avoir en commun le Myanmar Art Resource Center and Archive à Rangoun (Birmanie), The Soap Factory à Minneapolis (Minnesota), LAXArt à Los Angeles, Flora à Bógota (Colombie) ou 4A Centre for Contemporary Asian Art à Sydney ? Toutes ces structures à but non lucratif sont parvenues à financer des projets artistiques grâce à l’apport du financement participatif, le « crowdfunding ».

C’est un engagement inattendu de la part d’une foire d’art contemporain que de contribuer au financement d’initiatives soutenues par des institutions artistiques indépendantes. Art Basel a pourtant lancé en septembre 2014 une plateforme de crowdfunding en collaboration avec Kickstarter, site de financement Internet spécialement voué à ce type d’action.

Est-ce bien le rôle d’une foire que de prendre part à un tel programme ? D’après Mari Spirito, membre du comité de sélection, « il est très important pour les gens du milieu de l’art de s’aider les uns les autres, il s’agit d’un échange de bons procédés auquel tous les participants adhèrent librement et qui est gratifiant pour chacun. »

Sélection sur projet
Tous les projets et structures qui le souhaiteraient ne peuvent bien entendu pas venir s’agréger simplement à la plateforme. Pour cela, ils doivent avoir été sélectionnés par un jury indépendant composé de trois membres : Hammad Nasar, directeur de la recherche et des programmes de Asia Art Archive à Hongkong ; Glenn Phillips, directeur du département d’architecture et d’art contemporain au Getty Research Institute à Los Angeles, et Mari Spirito, fondatrice de Protocinema, une structure de production et de diffusion d’art filmique basée à Istanbul.

La nature des projets retenus n’est pas figée, puisque peut être retenue la production tant de performances que d’œuvres à grande échelle ou d’éditions, mais aussi l’organisation d’ateliers, de cycles de conférences ou de résidences. L’aide peut même s’étendre à l’extension de locaux comme le projette ACRE (Artist’s Cooperative Residency and Exhibitions) à Chicago, tout dernier projet en quête de financement à avoir été admis sur la plateforme. « Il s’agit pour nous de créer une base de soutien qui progressivement va s’agrandir. Nous avons démarré avec sept projets et nous souhaiterions à terme parvenir à en aider deux par mois », estime Marc Spiegler, directeur d’Art Basel. Ce sont déjà dix-neuf projets, accessibles sur une page dédiée sur le site d’Art Basel, qui ont été financés, avec une levée de fonds globale de plus de 250 000 dollars (près de 225 000 euros) depuis le lancement, pour des projets dont le montant varie entre 5 000 et 60 000 dollars.

Au-delà de l’appui financier, qui devient ainsi beaucoup plus aisé à obtenir à travers un vecteur aussi notoire qu’Art Basel, les entreprises concernées bénéficient, et c’est là un enjeu non moins essentiel, de la large visibilité offerte par la densité du réseau de la foire : ses collectionneurs, professionnels et amateurs. Un éclairage qui est loin d’être malvenu.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°437 du 5 juin 2015, avec le titre suivant : La caution d’Art Basel

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