La biennale, une histoire d’amour

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 21 août 2014 - 710 mots

Du 11 au 21 septembre, quatre-vingt-un marchands, antiquaires et joailliers, présentent leurs plus beaux objets dans
un esprit d’excellence sans nul autre pareil.

Les collectionneurs attendent ce moment-là depuis deux ans, comme les antiquaires et les joailliers qui ont réservé pour l’occasion leurs plus belles pièces mises en scène par le gratin des décorateurs. Les amateurs de beaux objets aussi, à qui le Grand Palais est également ouvert, et qui pourront voir réunies pendant quelques jours, dans un cadre extraordinaire mis en scène par Jacques Grange, les plus belles œuvres de la main et de l’esprit en archéologie, arts premiers et islamiques, arts décoratifs du XXe siècle ou de la Haute-Époque, livres anciens, sculptures modernes et contemporaines… Cheska Vallois, grande spécialiste des Arts décoratifs, nous explique pourquoi elle aime la Biennale.

Vous participez à votre 14e Biennale. Pourquoi est-il toujours aussi important de la faire ?
Cheska Vallois
J’ai fait ma première biennale en 1986. Je travaillais déjà depuis plus de quinze ans et je me souviens qu’il s’agissait d’un événement impressionnant. La Biennale a été créée par de très grands marchands, dans un esprit d’élégance, avec la volonté absolue d’être un salon à la gloire des objets qui ne ressemble à aucun autre. La Biennale a bien entendu évolué depuis, mais elle est restée pour moi un événement très cher à mon cœur. C’est un endroit où je suis dans mon univers, visité par des gens passionnés. Il faut beaucoup d’amour pour que cela dure depuis 1986.

La Biennale est critiquée, notamment pour la montée en puissance de la haute joaillerie au détriment des antiquaires…
Mais les joailliers ont toujours été présents à la Biennale ! Ils amènent avec eux une clientèle que l’on ne verrait pas autrement. En 2012, grâce aux joailliers, nous avons vu arriver des milliardaires russes et chinois que l’on ne connaissait pas. Je ne considère pas que la Biennale prenne un chemin de traverse. La dernière, orchestrée en 2012 par Karl Lagerfeld, avec ses vitrines et ses rues dans lesquelles ont pouvait se promener, était absolument magnifique. Et le plus beau monde était là.

Vous présentez cette année une exposition non commerciale sur Jacques Doucet. Pourquoi lui ?
Doucet est quelqu’un qui, à un âge pourtant avancé, a décidé de se meubler avec les créateurs de son temps. Il n’a, au moment où il achète, aucun recul et, pourtant, il ne se trompe jamais ! Doucet, pour moi, c’est un regard, un goût. C’est le raffinement. Pour la galerie Vallois qui, dès son ouverture en 1971, a acheté des meubles d’Eileen Gray, que j’ai bien connue, il a donc naturellement découlé un rapport à Doucet. Or, nous avons déjà travaillé sur Gray, Rateau, Frank, Dunand… mais nous n’avions jamais honoré Doucet. Cette Biennale est pour nous l’opportunité de le faire, à travers des pièces d’Eileen Gray, Iribe, Legrain… prêtées par nos collectionneurs.

Participer à la Biennale coûte cher. Pourquoi, dès lors, faire une exposition non commerciale ?
À travers le choix des pièces, cette exposition présente un beau résumé de ce que nous avons fait depuis plus de 40 ans, avec des gens que nous aimons. Et il me semble qu’après 40 ans de métier, on peut se permettre ce genre de liberté.

 Le beau XVIIIe selon Steinitz
Galerie Steinitz – stand nd 8
Pas de décorateur extérieur pour la célèbre maison de la rue du Faubourg-Saint-Honoré, mais une scénographie maison qui fait désormais « le goût Steinitz », perpétué par Benjamin Steinitz, le fils de Bernard Steinitz, « prince des antiquaires », pour mettre en valeur cette belle commode XVIIIe.

Les arts d’Afrique noire
Galerie didier claes – stand SD 1
Pour sa deuxième participation, le marchand d’art premier fait le voyage de Bruxelles pour défendre sa spécialité, dont ce très beau siège Luba aux formes caractéristiques des productions proches de la capitale Kabongo : les bras tendus, le diadème, la coiffure…

Un bel exemple de l’art classique Punu
Bernard dulon – Stand ND 9
Au milieu d’une sélection resserrée d’objets africains, dont des pièces emblématiques du Congo, ce masque Okuyi d’une valeur de 400 000 €, rapporté en 1888 par un membre de la congrégation des Pères du Saint Esprit, présente toutes les caractéristiques de la production Punu, avec sa face blanchie au kaolin et ses scarifications.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°671 du 1 septembre 2014, avec le titre suivant : La biennale, une histoire d’amour

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