Jean Perzel : et la lumière fut !

Par Marie Maertens · L'ŒIL

Le 1 juillet 2004 - 494 mots

À deux pas du parc Montsouris, la visite des ateliers Perzel constitue un voyage au cœur du savoir-faire et de la tradition, puisque rien n’y a été modifié depuis leur création en 1931, date à laquelle Jean Perzel fait construire cet immeuble par Roux-Spitz. Il apprit auparavant le métier comme peintre-verrier, notamment à l’atelier de Gruber à Nancy, puis se spécialisa dans l’étude de l’éclairage des intérieurs dits modernes. Tout en concevant des formes pures et élégantes dans le style Art déco de son époque, Jean Perzel imagine des appareils où se créent des jeux de lumière indirecte et semi-indirecte. Lampes, appliques, plafonniers et lampadaires sont ainsi dotés de verres optiques extra-blancs, doux pour les yeux, et de caches permettant de concentrer les faisceaux lumineux. Le petit-neveu du fondateur, Olivier Raidt, lui-même formé par son père François Raidt, dirige l’entreprise depuis 1981. Il n’a rien modifié des ateliers qui se trouvent toujours au sous-sol de l’espace d’exposition, animés par des compagnons œuvrant sur les mêmes machines qu’autrefois et notamment sur un lapidaire datant pratiquement d’un siècle. Les différentes étapes de travail sont demeurées identiques : le découpage du support en bronze, celui du verre au diamant, le sablage, le brassage à l’argent, la mise en forme du bronze, jusqu’à l’électrification. L’atelier n’exécute pas plus de deux milles luminaires par an, chacun fait entièrement à la main et signé, nécessitant jusqu’à cent vingt heures de travail pour les plus difficiles. Ils sont d’ailleurs réalisés uniquement à la demande, en fonction des dimensions et des tonalités des intérieurs. Le premier client à passer une commande fut le baron Robert de Rothschild, en 1925. S’ensuivirent le général de Gaulle, Georges Pompidou, des monarques du monde entier ou Henri Ford, pour qui des mappemondes lumineuses en cristal ont été conçues en 1937. Le challenge avait été d’imaginer des luminaires à partir de pièces détachées de voitures, en respectant l’esprit géométrique de la maison. Plus récemment, les ateliers Perzel ont mis leurs créations au service de la fondation des États-Unis, du restaurant Le Fumoir, de l’Hôtel Vendôme, ou de l’ambassade du Japon à Paris, ainsi que différents hôtels internationaux. De nouveaux modèles sont élaborés régulièrement, tout en respectant la sobriété et la pureté des lignes, mais les amateurs d’Art déco restent particulièrement éblouis par des références telles que la lampe n° 162. Cette dernière, commandée par Ruhlmann, Leuleu, Le Corbusier ou Roux-Spitz pour leur usage personnel, n’a pas été réalisée dans plus d’une centaine d’exemplaires depuis sa création en 1928, facteur qui accroît sa rareté. Mais, comme aime le répéter Olivier Raidt, « la touche Perzel, c’est un objet fonctionnel en lumière, si possible élégant, avec une pérennité. Nous ne voulons pas mettre en valeur nos créations, mais les visages, les objets environnants, les intérieurs ». Une louable attention pour des ouvrages qui méritent et qui ont déjà leur place dans les musées.

PARIS, ateliers Jean Perzel, 3 rue de la Cité universitaire, XIVe, tél. 01 45 88 77 24.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°560 du 1 juillet 2004, avec le titre suivant : Jean Perzel : et la lumière fut !

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