Jean-Luc Baroni (Londres), exposant du Salon du dessin

« On ne peut toujours freiner »

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 17 mars 2009 - 363 mots

Le marché du dessin connaît-il la crise ?
C’est trop tôt pour le savoir. Mais j’ai fait une exposition à New York en janvier, qui a marché exactement comme les années précédentes. En janvier, j’ai acheté pour 1,7 million de dollars [1,2 million d’euros] une tête de saint Jean l’Évangéliste de Federico Barocci. Tout le monde m’a dit que le prix était fou, mais, à titre comparatif, la tête de Christ de la collection Chatsworth avait fait 2,1 millions de dollars voilà dix ans. Certaines enchères de la vente Yves Saint Laurent étaient déconcertantes. Le dessin d’Ingres adjugé pour 913 000 euros était bien, mais le prix est énorme. La collection Yves Saint Laurent n’est pourtant pas comparable à celle de Mariette !

Entre Londres, New York ou Paris, quelle est la capitale du dessin ?
Chaque ville a un rôle différent. Paris devient capitale dans la mesure où elle accueille le salon. Il existe plus de collectionneurs en France qu’en Angleterre, où les amateurs se concentrent sur les dessins anglais de Turner ou de Constable. Mais il existe encore à Londres le connoissorship, un marché vivant grâce à des marchands importants. C’est traditionnellement à New York que se trouvent les collectionneurs. On ne peut toutefois plus vraiment catégoriser de la sorte car tout se globalise.

Le glissement du Salon du dessin vers le moderne et le contemporain vous conduit-il à modifier votre offre ?
Je ne renonce ni à mon image ni à mon goût. Si les exposants d’art contemporain présentent des choses à des prix dingues par rapport à l’art ancien, les amateurs d’art ancien n’achèteront pas. Un de mes plus grands collectionneurs achetait du contemporain voilà vingt-cinq ans avant de se rendre chez moi et d’abandonner l’art actuel pour l’ancien. Il faut néanmoins se confronter dans la vie. On ne peut pas toujours avoir peur, freiner, être conservateur. Je ne suis conservateur que d’une chose, la qualité. Avec ma fille, on se demande même si l’on ne va pas s’occuper de certains artistes contemporains. Ce n’est pas la crise du marchand qui ne sait pas quoi faire. Je voudrais aller à contre-courant d’un certain art contemporain, avec des gens qui savent dessiner.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°299 du 20 mars 2009, avec le titre suivant : Jean-Luc Baroni (Londres), exposant du Salon du dessin

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