Jean-Alain Mariaud de Serres, une passion pour l’archéologie

Art mésopotamien, objets grecs, romains, égyptiens, anatoliens ou iraniens : 400 lots à Drouot

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 8 septembre 2000 - 729 mots

C’est devenu, au fil des ans, un rendez-vous très attendu des collectionneurs d’archéologie. Le 1er octobre, François de Ricqlès, assisté de Jean-Philippe Mariaud de Serres, dispersera à Drouot une partie de la collection de Jean-Alain Mariaud de Serres – père de l’expert, diplomate et collectionneur. Elle est constituée de plus de 400 lots dont un important ensemble d’art mésopotamien mais aussi d’objets grecs, romains, égyptiens, anatoliens ou iraniens. La vente se poursuivra, le 2 octobre, avec un assortiment de pièces – bijoux, verres, sculptures – byzantines, celtes, égyptiennes, mésopotamiennes et romaines appartenant à divers collectionneurs.

PARIS - C’est une femme nue qui se tient debout, légèrement déhanchée. Cette statue acéphale romaine en marbre blanc est exceptionnelle tant par sa taille (1,80 m) que par la finesse de la sculpture, la beauté du drapé retroussé au niveau des hanches et ceinturé sous la poitrine par un cordon (Ier-IIe siècle, 2 millions de francs). Cette pièce est contemporaine d’un torse acéphale en marbre blanc représentant la déesse Vénus nue (100-140 000 francs), mais plus ancienne qu’un sarcophage sculpté (II-IIIe siècle) illustrant la découverte d’Ariane à Naxos par Dyonisos (180-200 000 francs). Le dieu descend d’un char, tiré par une centauresse, sur lequel repose Ariane couchée auprès d’Éros. S’ajoute à cet ensemble quelques autres beaux objets romains issus de la collection Jean-Alain Mariaud de Serres dont un torse acéphale de la déesse Aphrodite nue en marbre blanc (Ier-IIe siècle, 200-240 000 francs) et un autre également en marbre représentant un jeune faune nu déhanché (Ier-IIe siècle, 350-380 000 francs).

Des inscriptions akkadiennes cunéiformes
Une des particularités de cette vente tient à l’important ensemble d’objets d’art mésopotamien qui la compose, Jean-Alain Mariaud de Serres s’étant passionné toute sa vie pour cette région. Le buste masculin provenant d’une statue d’Orant est une des pièces majeures (400-500 000 francs). Cette sculpture représentant un homme barbu, les épaules dénudées et le crâne rasé, remonte à l’époque des Dynasties archaïques (vers 2400 av. J.-C.). Tout aussi exceptionnel : un vase à libation en albâtre beige à la panse gravée d’inscriptions akkadiennes cunéiformes : Doudou, le Vaillant, roi d’Agadé, a offert au dieu Nergal d’Apiak (350-400 000 francs). “Cette dédicace est d’une importance fondamentale pour l’histoire du Proche-Orient, explique Jean-Philippe Mariaud de Serres, car ce roi n’est connu que par des documents portant tous la même dédicace stéréotypée et très brève dont l’un est au Louvre.” Quatre autres pièces, trois tablettes et une plaquette, gravées d’un texte cunéiforme, (30-35 000 francs pièce) pourraient, comme le vase en albâtre, susciter l’intérêt de musées en raison de la rareté des inscriptions qui y figurent. Tout comme cette autre plaquette magique incantatoire en calcédoine bleutée gravée d’un texte cunéiforme en sumérien (fin du IIe millénaire av. J.-C., 30-35 000 francs). On remarquera deux autres pièces qui, elles, ne sont pas issues de la collection Mariaud de Serres : un masque en calcaire blanc représentant un visage humain aux orbites et sourcils évidés (IIIe millénaire av. J.-C., 450-500 000 francs) et un clou de fondation figurant un buste masculin prolongé par une pointe (2 500-2 300 av. J.-C., 300-350 000 francs).

Bien que moins riche, la section d’art égyptien comprend quelques pièces intéressantes dont un bas-relief polychrome représentant un défilé de quatre personnages masculins (Ancien Empire, VIe dynastie, 120-130 000 francs) et une statuette ex-voto en bronze et or et un homme agenouillé, torse nu, le crâne rasé, vêtu d’un grand pagne plissé à devanteau bouffant (XXVIIe dynastie, 450-500 000 francs). “Les bronzes damasquinés sont extrêmement rares dans les collections publiques ou privées, poursuit Jean-Philippe Mariaud de Serres. L’exemple le plus illustre est la statue de la divine adoratrice Karomana conservée au musée du Louvre.” Une pièce équivalente est partie à 90 500 dollars en décembre 1999 à New York chez Sotheby’s (environ 570 000 francs). On remarquera aussi un grand sarcophage (1,80 m) anthropomorphe au nom de la dame Semataouy Taynskht en bois stuqué et pigments (XXXe dynastie, 230-250 000 francs).

La Grèce sera présente à travers quelques belles terres cuites dont un cratère à colonnes à figures rouges, orné sur chaque face d’un tableau (200-250 000 francs). Un autre cratère, également en terre cuite vernissée noire, dépeint Thésée en tenue de voyageur parti combattre le taureau qui terrorisait la région de Marathon (300-350 000 francs). Le mythe apprend que le héros parvint à le capturer et l’offrit en sacrifice à Apollon.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°110 du 8 septembre 2000, avec le titre suivant : Jean-Alain Mariaud de Serres, une passion pour l’archéologie

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