Incontournable Biennale

La XIXe édition confirme sa position clé

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 11 septembre 1998 - 775 mots

Rendez-vous incontournable des collectionneurs et exposition la plus prestigieuse du marché de l’art, la XIXe Biennale internationale des antiquaires ouvrira ses portes du 18 septembre au 4 octobre. Cent vingt exposants – dont dix-huit nouveaux –, venus d’Europe, des États-Unis et de Hong Kong, devraient accueillir environ 100 000 visiteurs.

PARIS - Au bas des majestueux escaliers du Carrousel du Louvre, de monumentales portes en toile de théâtre de couleur pierre marquent l’entrée de la Biennale. Chacune des cinq salles, séparée des autres par un accès découpé lui aussi dans une toile de théâtre, se distingue par une couleur spécifique allant du jaune safrané au rouge brique en passant par le bleu lavande. L’architecte du salon Patrick Jaouanet a articulé l’exposition autour du thème des passages, des portes qu’il faut franchir pour aller du jardin des Tuileries ou de la rue de Rivoli au Carrousel du Louvre, puis gagner les salles et parvenir enfin sur les stands des antiquaires. Chaque stand est entouré d’un chambranle mouluré et d’une cimaise vieil or de style Louis XIV.

Si la mise en scène change, la XIXe Biennale internationale des antiquaires reste fidèle à sa vocation de temple du mobilier, des objets d’art et des curiosités, en accueillant 37 antiquaires spécialisés dans ces domaines. Les XVIIe et XVIIIe siècles – et particulièrement le grand mobilier français – restent les points forts du salon. Quelques grandes figures de la spécialité effectuent leur retour : ainsi, Bernard Steinitz pour le mobilier et les objets d’art XVIIIe, et la galerie Colnaghi pour les tableaux et les dessins anciens.

Le mobilier du XXe siècle poursuit la belle percée entamée il y a deux ans, avec de nouveaux exposants comme Olivier Watelet et la galerie Jousse-Seguin. À noter également une augmentation du nombre des marchands de tableaux, dessins et sculptures, notamment d’art moderne. Les livres et manuscrits ainsi que la joaillerie, dont la présence s’était estompée en 1996, reviennent en force avec respectivement sept et huit exposants.

Les arts d’Extrême-Orient sont moins bien représentés, de grands noms tels que Christian Deydier ou Jacques Barrère ayant choisi de se regrouper pour organiser dans leurs galeries des expositions qui s’inscriront dans le cadre d’une nouvelle manifestation intitulée “l’Automne asiatique”. L’hémorragie est encore plus nette du côté des arts primitifs. Aucun antiquaire ne les défendra, alors qu’il y a deux ans, des spécialistes des arts africains ou océaniens comme Alain de Monbrison, Alain Dufour ou la galerie Mermoz s’étaient illustrés dans les salles du Carrousel. Une telle absence au sein d’une manifestation internationale sur les bords de la Seine est surprenante, au moment où Paris s’affiche comme un bastion des arts premiers.

La Biennale garde néanmoins tout son prestige auprès des collectionneurs et sa force d’attraction auprès des antiquaires. Pour Georges de Jonckheere, secrétaire général du Syndicat national des antiquaires qui organise l’exposition, cet engouement a plusieurs explications : “L’espace, qui est plus limité qu’à Maastricht, oblige les organisateurs à être encore plus sélectifs. Grâce à son cadre prestigieux auréolé d’un décor luxueux, la Biennale constitue l’exposition la plus spectaculaire du marché de l’art. C’est un lieu magique. Le succès obtenu auprès des collectionneurs tient aussi à la variété et à la rareté des objets proposés. Il s’explique également par la rigoureuse sélection opérée qui leur permet d’acheter en confiance. Le client de la Biennale est une personne qui a envie de se faire plaisir et qui n’a pas forcément le temps de visiter les galeries. Il a ici accès à des objets qu’il ne trouvera pas ailleurs”.

Emmanuel Moatti insiste, lui, sur le fait que la manifestation, devenue un rendez-vous incontournable, permet de retrouver à Paris des collectionneurs qui fréquentent habituellement les grands salons organisés à New York, Londres ou Maastricht. “Aux visiteurs réguliers, européens et américains, viennent s’ajouter des clients plus inhabituels venus de Hong Kong, du Japon ou d’Amérique latine. La moitié de mes clients sont néanmoins français. Ils se réservent un certain capital en vue de réaliser des achats à cette occasion”, explique l’antiquaire. Philippe Carlier, chez Brimo de Laroussilhe, déplore qu’il soit nécessaire de créer un événement pour attirer la clientèle, mais il souligne qu’elle offre l’occasion de réaliser des prises de contacts intéressantes, tant à l’achat qu’à la vente. De son côté, Yves Mikaeloff souhaiterait que cette XIXe Biennale permette de recentrer sur Paris un marché qui a tendance à se déplacer vers les États-Unis et qu’elle confirme la première place de la capitale française pour le mobilier XVIIIe siècle.

XIXe Biennale internationale des antiquaires, 18 septembre-4 octobre, Carrousel du Louvre, 75001 Paris, tlj 11h-20h, nocturnes les lundis, mercredis et vendredis jusqu’à 23h. Catalogue, 400 p., 300 ill. couleurs, 250 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°66 du 11 septembre 1998, avec le titre suivant : Incontournable Biennale

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