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DESIGN

Iconiques années 1950

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 8 juillet 2021 - 557 mots

La Galerie Jacques Lacoste expose dans son vaste espace de l’avenue Matignon des pièces récemment acquises et jamais vues, signées des plus grands créateurs de cette décennie.

Paris. Les années 1950 marquent un tournant décisif dans les arts décoratifs du XXe siècle, caractérisées par un désir de modernité, une quête de confort, un renouvellement des formes et une porosité entre les arts. Les modes d’expression sont des plus divers : à côté d’un savoir-faire artisanal qui se perpétue, la fabrication en série commence à s’imposer, tandis que les matériaux industriels côtoient les matières naturelles. C’est à travers huit grands noms : Max Ingrand, Georges Jouve, Mathieu Matégot, Serge Mouille, Alexandre Noll, Charlotte Perriand, Jean Prouvé et Jean Royère, et quelques-unes de leurs créations les plus emblématiques, que la galerie présente cette décennie aux multiples facettes. « J’ai voulu faire cette exposition pour montrer qu’on ne fait pas que du Royère. Nous ne sommes pas “mono-produit”, explique Jacques Lacoste. Par ailleurs, nous avons eu la chance d’accueillir en même temps quelques pièces fortes de plusieurs décorateurs, comme le “Cactus” ou un ensemble en marqueterie de paille. »

Une soixantaine de pièces

Jacques Lacoste a sorti l’artillerie lourde : une soixantaine de pièces sont exposées, la plupart inédites, pour des prix allant de 30 000 à 500 000 euros. Une vingtaine d’entre elles ont déjà été vendues.

Pour chacun des créateurs exposés, une ambiance différente a été imaginée. Dans la vaste entrée de la galerie trône la fameuse lampe Cactus de Serge Mouille, en métal laqué. Pièce unique, elle n’a pas été vue sur le marché depuis les années 1960. « Nous l’avons achetée à la famille de son premier propriétaire », signale le galeriste.

La première salle est consacrée à Jean Royère, l’artiste phare de la galerie. On y découvre un ensemble de 1951 composé d’une enfilade et d’une armoire en marqueterie de paille – verte à l’origine mais aujourd’hui décolorée. Ici Royère remet au goût du jour une technique de l’ébénisterie traditionnelle du XVIIIe siècle.

Une deuxième salle est axée sur le bois et la céramique. Un bureau de forme libre en frêne, vers 1955, de Charlotte Perriand, accompagne une paire de chaises d’Alexandre Noll en bois rouge d’Afrique sculpté, ainsi qu’une grande table rectangulaire en carreaux de céramique et métal de Georges Jouve – une pièce unique offerte à sa nièce pour son mariage.

Au premier étage, le visiteur est accueilli par un bureau Présidence, réalisé par Jean Prouvé pour l’un de ses amis, Blaise Veillerot, et une rare armoire Pointes de diamant (aluminium). La salle suivante est consacrée à Max Ingrand et sa recherche permanente sur la lumière et sa diffusion. Elle comprend des pièces uniques, telles une table de salle à manger en parchemin verni et ses chaises ainsi qu’une console en verre à l’antique. Dessinées par le créateur pour sa villa à Neuilly-sur-Seine, elles ont été achetées à sa fille et sont montrées pour la première fois. « On y remarque une influence italienne ; Max Ingrand a occupé le poste de directeur artistique de Fontana Arte, une maison de luminaire italienne fondée par Gio Ponti », rappelle Jacques Lacoste.

La visite s’achève avec la salle dévolue à Mathieu Matégot, qui, après guerre, se consacre au travail du métal. Sont présentés ici quelques exemples de ses recherches avec des pièces en métal perforé, émaillé, plié… En 1952, il invente pour sa table Diabolo le « Rigitulle », une tôle perforée en résille qui devient sa signature.

Icônes 1950,
jusqu’au 24 juillet, Galerie Jacques Lacoste, 19, avenue Matignon, 75008 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°571 du 9 juillet 2021, avec le titre suivant : Iconiques années 1950

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