Trois questions à

Hervé Chayette, président du Syndicat national des maisons de ventes volontaires (Symev)

« Que chacun reste dans son rôle »

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 3 mars 2006 - 792 mots

 Quelles ont été la vocation et l’action du Symev depuis sa création ?
Je voudrais rappeler que la loi de 2000, en limitant les compétences de la Chambre nationale au secteur judiciaire, ne laissait aux nouvelles sociétés de ventes volontaires [SVV] aucun organisme de représentation. Le Symev a donc été fondé dès 2002 pour remplir ce vide et assurer à une profession éclatée une représentation nationale démocratiquement élue afin de la fédérer et d’amener les professionnels – depuis les grandes sociétés internationales jusqu’aux plus petites, des vendeurs d’objets d’art aux spécialistes des véhicules d’occasion, de chevaux…, de Paris aux régions – à prendre conscience de leurs intérêts communs.
Avec 230 adhérents sur 360 sociétés de ventes volontaires, je considère que nous sommes incontestablement représentatifs ; et nous sommes les seuls à faire parler d’une seule voix la totalité de la branche. Le « top » de la profession est au Symev : Christie’s, Sotheby’s, Tajan, Artcurial, de même que la plupart des géants de l’automobile d’occasion.
À Drouot, la moitié des intervenants cotisent au Symev. Je souhaite naturellement voir venir de nouveaux adhérents, mais il faut être conscient qu’il n’y avait chez nous aucune culture syndicale, et, à l’inverse, une grande tradition individualiste. Je suis convaincu, cependant, que les esprits évoluent vite.
L’an dernier, nous avons lancé une grande opération de communication institutionnelle au niveau national, ce qui constitue une véritable première. Je veux parler des « Journées marteau » de l’automne dernier, qui ont connu une très large participation dans tout le pays et un immense succès auprès du public et des médias.

Quels sont vos derniers coups de cœur artistiques ?
Le dernier objet qui m’a fait « craquer » est très intriguant. Il s’agit d’un rhinocéros en bronze doré et patiné (d’environ 40 cm de long) qui sert de support à une véritable corne de rhinocéros. Un objet de curiosité que j’ai déniché il y a quelques mois dans le commerce belge, dont l’origine et la datation ne sont pas évidentes. Probablement un travail anglais du XVIIIe siècle. Par ailleurs, j’ai depuis toujours le goût des « vieilles anglaises », et j’avoue que j’ai beaucoup rêvé devant la Bentley S1 Continental Flying Spur de 1957 que vendait mon ami Hervé Poulain (Artcurial) le 12 février. Mais il aurait fallu dépenser 130 332 euros pour prendre le volant ! La beauté mécanique, elle aussi, a un prix.

Quelle est l’actualité du Symev ?
Outre le renouvellement des « Journées marteau », notre actualité est celle du dossier « Réformons la réforme », auquel je travaille depuis septembre 2005. Le Symev présentera prochainement aux pouvoirs publics des propositions de fond s’appuyant notamment sur les résultats d’une enquête lancée en novembre dernier auprès de l’ensemble des professionnels. 30 % d’entre eux y ont répondu très vite et sans relance, et nous nous sommes réunis en comité de travail afin de rédiger une synthèse. Ce qui ressort de cette consultation, et qui est très frappant, c’est qu’une très grande majorité des professionnels demande plus de liberté. Certains aspects contraignants de la loi sont mal supportés. Nous demanderons notamment une simplification du livre de police rendu obligatoire par la loi de 2000, une révision de l’assiette de la caution, qui conduit aujourd’hui à des garanties disproportionnées par rapport à la réalité du risque, un réaménagement et un assouplissement des systèmes de la folle enchère et de l’after-sale [vente après vente] ; nous souhaitons aussi une concurrence équitable pour tous. Je pense en particulier aux huissiers de justice, qui, pour le moment, échappent aux obligations qui pèsent sur les SVV. Par ailleurs, nous allons demander au Conseil des ventes volontaires [CVV], auquel nous versons actuellement des cotisations exorbitantes, de les revoir à la baisse, ce qui permettrait à nos sociétés d’investir et de créer des emplois.
Il est temps que notre statut évolue vers le droit commun. Nous souhaitons que l’on finisse par reconnaître que nous sommes désormais des sociétés commerciales comme les autres – c’est le cas dans tous les autres pays où le marché des ventes publiques est développé.
L’existence même du CVV est une exception française. Quelle que soit la qualité de ses membres – et elle est incontestable –, il ne faut pas oublier qu’ils n’ont pas été élus, mais nommés par le gouvernement. Les représentants des SVV y sont nettement minoritaires (4 sur 11). Il importe que le CVV reste dans les compétences que la loi a définies. On ne lui demande ni de légiférer, ni de représenter la profession, ni d’en exprimer les aspirations. Il n’appartient pas aux gendarmes de tracer les autoroutes. Je ne fais la guerre à personne, et je souhaite au contraire une pleine concertation avec nos autorités de tutelle. Mais que chacun reste dans son rôle.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°232 du 3 mars 2006, avec le titre suivant : Hervé Chayette, président du Syndicat national des maisons de ventes volontaires (Symev)

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