Nature

Herman de Vries en transit

Le Journal des Arts

Le 28 mars 2012 - 542 mots

La galerie parisienne Aline Vidal présente un ensemble d’œuvres rétrospectives de l’artiste néerlandais.

PARIS - Herman de Vries n’aime pas les majuscules. Depuis le milieu des années 1950, il écrit en petites lettres les noms qui commencent par des grandes, comme une résistance personnelle et silencieuse à toute hiérarchie de valeur. À 84 ans, cet artiste pluridisciplinaire, botaniste de formation, continue d’interroger la nature, ses éléments, ses cycles, sa beauté, pour raconter les hommes. Herman de Vries est un arpenteur qui a marché dans les paysages du monde comme les philosophes ont cherché des vérités, des sens à la vie. Au hasard de ses déambulations, aussi sérieuses que poétiques, il a récolté des morceaux, des extraits de nature, des échantillons de terre, des instants de réalité. « Je travaille avec la nature car elle est notre première réalité », dit-il. Dans l’espace d’Aline Vidal, sa galeriste depuis une quinzaine d’années, l’exposition « transit » prend la forme d’une petite rétrospective, d’un collage trouvé, datant de 1957, jusqu’à des pièces de 2010. Entre ces œuvres, il y a des papiers noircis et frottés au charbon ou à la cendre, un fagot de prospectus usés, des tessons de mosaïques ou des bouts de bois ordonnés en ligne dans des cadres, des ossements d’animaux ramassés dans une forêt, une branche d’arbre imposante ou une bûche calcinée, tous trois agencés sous des cloches, en transit, in process (en cours de fabrication). Une manière d’honorer, de sacraliser un moment de nature et de contempler physiquement le passage si fragile et si puissant de l’existence. « Herman n’intervient jamais sur la nature. Il la montre comme elle est dans son évolution en ordonnant le hasard, en l’objectivisant, c’est aussi un mathématicien », explique Aline Vidal. Si la nature est libre et brouillonne, les œuvres d’Herman de Vries s’organisent dans une harmonie, ici plutôt sombre, placide et presque funeste. « Même si les pièces sont assez noires, fortes, violentes, je ne veux pas dire que cette exposition est une sorte de testament, note sa galeriste, car pour l’artiste, ce n’est que la fin d’un commencement. C’est un homme aujourd’hui âgé qui garde cette vision positive du cycle de la vie. »

Un artiste mal connu en France
Si Herman de Vries a bénéficié depuis 1955 de centaines d’expositions collectives et personnelles, qu’il a acquis une forte reconnaissance internationale, notamment en Allemagne, en Hollande ou en Suisse, que ses œuvres figurent dans de nombreuses collections publiques et privées étrangères, il reste en France curieusement mal connu. La commande publique passée à l’artiste pour la réserve géologique de Haute-Provence à Digne, où il créa un sanctuaire de la nature, n’aura pas concouru à sa notoriété hexagonale. « Les collectionneurs d’Herman sont des gens avertis qui n’achètent pas des artistes à la mode. Le Fnac, les Fracs se sont intéressés à son œuvre, le Centre Pompidou a également acquis quelques pièces historiques des années 1960, mais il est vrai que son travail reste encore ici affaire de connaisseurs. L’histoire jugera », conclut Aline Vidal.

HERMAN DE VRIES, TRANSIT

Prix : 3 000 à 80 000 €
 
Jusqu’au 20 avril, Galerie Aline Vidal, 70, rue de Bonaparte 75006 Paris. tél. : 01 43 26 08 68, www.alinevidal.com, mardi- samedi 14 h-19 h et sur rendez-vous

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°366 du 30 mars 2012, avec le titre suivant : Herman de Vries en transit

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