Han à l’honneur

Christian Deydier présente des terres cuites funéraires

Le Journal des Arts

Le 16 janvier 1998 - 738 mots

Pour le premier anniversaire de sa galerie parisienne, Christian Deydier présente une trentaine de terres cuites funéraires de la dynastie Han. Après les « Arts de la Chine et de l’Himalaya, XIVe siècle av. J.-C. », en mars 1997, « L’immortalité de l’âme chez les Han » est la seconde exposition parisienne de ce marchand installé à Londres depuis 1983. Les objets, qui proviennent pour la plupart de collections privées, sont vendus de 10 000 à un million de francs, mais la majorité est proposée à moins de 300 000 francs afin de séduire les amateurs français.

PARIS - “Si les grands collectionneurs d’art extrême-oriental sont peu nombreux dans l’Hexagone, en revanche plusieurs Français sont susceptibles d’acquérir des pièces proposées entre 30 000 et 300 000 francs.” Fort de ce constat, Christian Deydier a décidé, un an après son retour à Paris, de séduire ces nouveaux amateurs en présentant une sélection de terres cuites de l’époque Han (206 av. J.-C.-220 ap. J.-C.). Ces vases ou figurines étaient déposés dans les tombes, telles ces deux élégantes coupes en forme d’oiseau (10 000 francs chacune), dont l’aspect brillant est dû à un passage au noir de fumée.

“Mon objectif est de créer un marché en présentant des objets différents”, explique encore le marchand, qui a décidé de n’exposer aucun des innombrables chevaux Han. De même, les danseuses, qui sont souvent consi­dérées comme typiques de cette civilisation, n’auront qu’une seule représentante (68 000 francs). Originaire de la province du Sichuan, cet exemplaire de grande taille se distingue néanmoins des habituelles jeunes filles aux bras croisés, découvertes par centaines dans chaque tombe. Tous les autres objets liés aux rites funéraires n’en sont pas moins représentés, comme cette lampe à huile (90 000 francs) acquise à Hong­kong. “L’apparent esthétisme précolombien de cette pièce, qui a été fabriquée dans la région de Canton, en fait toute l’originalité.”

Le voyage dans l’au-delà
Plusieurs récipients funéraires, qui contenaient ce dont le défunt était censé avoir besoin le temps de son voyage dans l’au-delà, sont également proposés. Tel ce vase à tête de bélier (120-130 000 francs), dont les traces de polychromie vermillon prou­ve que les Han utilisaient du cinabre ; ou encore cette urne à tête de rat (120-130 000 francs), sur la panse de laquelle est sculpté un serpent dévorant un crapaud à trois pattes. Quant à la pierre à encre (120 000 francs), symbole du caractère lettré de son détenteur, elle est prisée autant par sa fonction que par sa forme de tortue. Cet animal, dont la carapace représente le ciel et le ventre plat la terre, symbolise l’immortalité.

Pour que son séjour dans le monde des morts se passe au mieux, le défunt emportait également avec lui l’exacte reproduction de son cadre de vie. Aussi les sculptures d’animaux domestiques sont-elles fréquentes, comme ces deux chiens (4 000 et 25 000 francs), ou ce cochon recouvert d’un émail vert (20 000 francs). Les habitations étaient également reproduites, telles cette bergerie avec des moutons (20 000 francs) ou cette maison funéraire (55 000 francs). L’in­fluence militaire revêtant une importance particulière dans la civilisation Han, certains hauts dignitaires seront inhumés avec ce qui symbolise l’autorité et la for­ce du clan. C’est le cas de cette tour de garde (250 000 francs) au sommet de laquelle sont disposés des arbalétriers. Posée dans une coupelle ornée de canards et de poissons, elle était sans doute entourée d’eau. Outre son excellent état de conservation, cette pièce émaillée présente la particularité d’être bicolore, vert et marron.

“Les grands collectionneurs asiatiques, américains ou suisses, qui passaient quinze jours par an à Londres, sont prêts aujourd’hui à faire le déplacement à Paris s’ils peuvent y trouver des pièces de qualité”, ajoute encore Christian Deydier. Comme ce Lian (500-600 000 francs) reposant sur trois ours en pied, exceptionnel par sa taille, qui est orné en façade de plusieurs rondes-bosses. Destiné à recevoir des cosmétiques, ce coffret est décoré de nombreuses scènes de légendes, dont un lapin réfugié sur la lune pilant la pilule d’immortalité. Une lampe à encens en forme de chimère prête à bondir (un million de francs), dont les fleurettes sculptées révèlent son origine dans le Sichuan, présente un superbe mouvement, accentué par le poitrail de l’animal.

L’IMMORTALITÉ DE L’ÂME CHEZ LES HAN, exposition-vente du 21 janvier au 21 février, galerie Christian Deydier, 21 rue du Bac, 75007 Paris, tél. 01 40 20 97 34, du mardi au samedi 10h-12h30 et 14h-18h30.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°52 du 16 janvier 1998, avec le titre suivant : Han à l’honneur

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