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ART CONTEMPORAIN

Ha Chong-Hyun, variations en monochromie

Par Henri-François Debailleux · Le Journal des Arts

Le 28 mars 2023 - 520 mots

Figure majeure du Dansaekhwa, courant apparu dans les années 1970 en Corée du Sud, le peintre est présenté chez Almine Rech avec une série récente.

Paris.À la suite de Yun Hyong-keun présenté à la galerie David Zwirner il y a un mois (lire le JdA no 604, le 3 février 2023), voici Ha Chong-hyun chez Almine Rech. Sans concordance concertée, les expositions de ces deux artistes fondateurs et ténors du « Dansaekhwa » rappellent la force de ce mouvement artistique né dans les années 1970 en Corée du Sud et dont l’appellation signifie « une seule couleur » ou « monochrome coréen », ou encore, de façon élargie, « la spiritualité du monochrome ». Elles soulignent également la grande diversité des approches et des propositions, car ce concept a priori restreint a pourtant permis à chacun des protagonistes d’affirmer son identité et d’élargir l’éventail des possibles.

Ainsi, à la monochromie sombre du défunt Yun Hyong-keun (1928-2007) répond ici la monochromie colorée et variée de Ha Chong-hyun, toujours en activité (il est né en 1935). C’est ce que montre cette nouvelle série d’une quinzaine de toiles récentes, datées de 2017 à 2022, qui jouent pour l’une avec un profond bleu nuit, pour l’autre avec un sublime vermillon, pour d’autres encore avec un blanc ou un bleu outremer, selon la technique très singulière mise en place par l’artiste. Ce dernier étale en effet la peinture au revers de ses toiles de lin et surtout de chanvre, et la laisse s’infiltrer par les trous et son maillage plus aéré que d’autres supports. Il retourne ensuite la toile pour la travailler côté face, et étaler, en les orchestrant, les surplus de peinture à l’aide de couteaux, spatules, voire pinceaux afin de donner forme (abstraite), rythme, mouvement, et dessiner des lignes, des traits, des traces, des aplats avec la couleur récupérée.

Méditation et matérialité de la peinture

Le résultat varie beaucoup d’une toile à l’autre et démontre que la monochromie de Ha Chong-hyun, loin d’être statique et uniforme, donne lieu ici à de grands balayages verticaux, tels des rideaux de pluie, là à une succession de virgules, comme une averse de couleurs, ailleurs à de petits aplats qui traversent et scandent la partie supérieure du tableau. Sans jamais perdre de vue les principes du Dansaekhwa, c’est-à-dire un rapport au temps, une invitation à la méditation, et la répétition du geste et sa grande maîtrise, l’accent mis sur la texture, la matérialité de la peinture. Il faut avoir vu travailler Ha Chong-hyun pour comprendre à quel point ces aspects sont essentiels et consubstantiels à sa pratique.

Entre 230 000 et 500 000 dollars, les prix sont élevés, mais ils s’inscrivent dans la gamme de ceux des autres membres de ce mouvement artistique désormais historique, lesquels sont tous présents aujourd’hui dans les plus importantes galeries au monde (outre Yun Hyong-keun chez Zwirner, Park Séo-bo est chez Perrotin, Lee Ufan chez Kamel Mennour…). En conséquence, très bien représentés sur la scène internationale, notamment au travers des divers espaces de ces enseignes et des foires auxquelles elles participent, tous ces artistes, très demandés et soutenus par le marché, figurent aujourd’hui dans de prestigieuses collections privées comme publiques.

Ha Chong-hyun,
jusqu’au 1er avril, galerie Almine Rech, 18, av. Matignon, 75008 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°607 du 17 mars 2023, avec le titre suivant : Ha Chong-Hyun, variations en monochromie

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