Gauguin, Boucher : les grandes ventes de dessin

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 17 mars 2000 - 571 mots

Deux émouvantes aquarelles de Gauguin, exécutées à Pont-Aven en 1894, figurent parmi les œuvres les plus importantes de la vente organisée le 31 mars par l’étude Piasa, avec le concours de Bruno et Patrick de Bayser. Un siècle d’histoire du dessin défilera sous les yeux du public, à travers des œuvres de Delacroix, Géricault, Corot, Daumier et Manet. Le 29 mars, le Cabinet de Bayser, organisera aussi, et comme les années précédentes, avec l’étude Tajan, une vente de dessins comprenant 250 feuilles du XVIe au XIXe siècle.

PARIS - “Pour parer aux insomnies, je dois chaque jour me livrer à l’alcool qui me fait dormir”, écrit Paul Gauguin dans une lettre adressée à W. Molaro, dans le courant de l’été 1894. Le peintre, immobilisé par une cheville brisée, perclus de douleur, s’abandonne au réconfort de l’alcool... et peint. C’est à cette époque qu’ont été exécutées ces deux étranges aquarelles, Paysage de Pont-Aven et Oie, canard, bol et nature morte (2,5-3 millions de francs). Réalisées sur deux cartons cousus sur une couverture de cuir, elles sont accompagnées d’un manifeste au ton exalté : “De ce jour, ce livre terrain neutre de sympathie et d’art littéraire pictural et musical recueillera les pensées, dessins et signatures de tous ceux qui de bonne volonté s’associeront à notre œuvre pour se retrouver un jour à la divine source de toute forme”. Parallèlement à cet émouvant témoignage, Bruno et Patrick de Bayser présenteront un important ensemble de dessins du XIXe siècle, parmi lesquels une feuille de Degas, Danseuse les bras levés, œuvre préparatoire pour le tableau la Classe de danse, provenant de l’atelier de l’artiste (800 000 francs), et un portrait de son beau-frère, Le duc Edmondo de Morbilli, issu de la succession Degas (150-180 000 francs).

On remarquera également une aquarelle de Daumier, Les Saltimbanques, provenant de l’ancienne collection P.A. Jeanron, peintre et ami du célèbre caricaturiste (300 000 francs), des paysages de Pissarro – dont Paysage à Saint-Charles, Gisors (120-150 000 francs) –, deux crayons noirs de Manet, Loge de théâtre avec Berthe Morisot (60-80 000 francs) et Étude pour le portrait d’Antonin Proust (40-50 000 francs), et un beau Géricault, Combat d’un lion et d’un tigre, comprenant trois études de tête de lion et une étude de patte (500 000 francs). Le XVIIIe siècle sera représenté par un très beau dessin de Carle van Loo, Persée délivrant Andromède, étude préparatoire pour un tableau traitant du même sujet conservé au Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg (150 000 francs).

Récital de piano
Le 29 mars, l’étude Tajan présentera un ensemble de 250 dessins du XVIe au XIXe siècle, où figurent deux feuilles de Boucher. La plus belle représente une Femme nue couchée tournée vers la droite, dessinée à la sanguine et à la craie blanche sur papier beige (400-600 000 francs). Il en existe une contre-épreuve conservée dans la collection Douglas Gordon, à Londres. Le XIXe siècle sera à l’honneur à travers une Vue du pont et du château de Blois dans le brouillard par Théodore Rousseau (25-30 000 francs) et un dessin à la plume et à l’encre brune, Récital de piano, de Jean-François Bosio (30-40 000 francs). Signalons enfin un dessin exécuté en 1674 par Pierre-Paul Sévin, Arc de triomphe des victoires du grand Condé (80 000 francs). Condé, qui vient de remporter la bataille de Senef, est accompagné d’un cortège triomphal dans un décor éphémère que l’on retrouve dans d’autres feuilles de Sévin.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°101 du 17 mars 2000, avec le titre suivant : Gauguin, Boucher : les grandes ventes de dessin

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