Christie’s

Galop d’essai

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 14 mai 2004 - 634 mots

La maison de ventes parisienne avance ses pions sur le marché de l’impressionisme et de l’art moderne et contemporain, mais à petit pas.

 PARIS - Après les ventes « Collection d’un amateur » (2 avril 2003) et « Jean-Charles de Castelbajac » (3 juillet 2003), Christie’s inaugure le 26 mai sa première vente « généraliste » dans le secteur impressionniste, moderne et contemporain. La maison rompt ainsi avec la segmentation de ses catalogues où le distinguo entre moderne et contemporain est très net. Là où on attendait un coup d’éclat comme l’auctioneer en a le secret, on découvre un catalogue sain mais gentillet. « On y va tranquillement, dans une politique de bonne entente entre les différentes maisons de New York et Londres. Au début, je voulais taper fort, mais on ne peut pas faire la révolution », murmure Caroline Smulders, responsable du département contemporain. Comprenez, Londres ne voit pas d’un très bon œil les initiatives parisiennes, bien que le principal actionnaire de la maison soit français. « On veut établir un véritable contact avec la clientèle française, ne pas être perçu comme une entité internationale intouchable », poursuit Caroline Smulders. Un Christie’s de proximité ? Il y a plus de volontarisme dans cette vacation que le panel des œuvres proposées ne le laisse supposer !
Le catalogue d’environ 200 lots, un mélange des ventes Tajan et Artcurial les petits maîtres en moins, fait penser à une day sale (1) anglaise avec des estimations plus variées, de 1 000 à 180 000 euros. « On essaye d’entrer sur le marché de manière raisonnée, avec des pièces de goût français. On veut faire venir à Paris des clients étrangers pour qu’ils achètent ici aussi bien qu’ailleurs », précise Jérôme Le Blay, spécialiste en art moderne. Lors de la vente de la collection d’un amateur en avril 2003, 70 % des acheteurs étaient d’ailleurs étrangers. Pour ne pas faillir avec une spécialité indéniablement parisienne, la vacation offre un noyau d’une dizaine de pièces surréalistes. Le Portrait de Georges Limbour (1923), par André Masson, est estimé 50 000-70 000 euros. De Max Ernst, on relève une décalcomanie de 1948 baptisée Paysage d’Arizona. Traité dans un camaïeu de bleu lapis, celui-ci est proposé pour 40 000-60 000 euros.
La session compte surtout un bel ensemble d’œuvres de la seconde école de Paris. C’est une tempera de Vieira da Silva (est. 25 000-35 000 euros) qui trône en couverture du catalogue. Une composition de Poliakoff de 1959 (est. 120 000-180 000 euros) s’installe en page de garde. Rappelons que Christie’s Paris avait vendu en avril 2003 un Poliakoff de 1969 pour 360 250 euros. On retrouve aussi deux tableaux de Georges Mathieu, un Massacre à Vassy (1954) estimé 40 000-60 000 euros et La Bataille de Lépante (1959), très grand format affiché pour 80 000-100 000 euros. Les soixante photos issues de la collection Gilles Dufour viennent donner un peu de swing à la vente. Dans cet ensemble aux estimations raisonnables, entre 300 et 4 000 euros, on relève pour 12 000-15 000 euros Le Marin, une photo de Pierre et Gilles rehaussée à la gouache blanche.
Christie’s table sur un minimum de deux ventes annuelles, dont l’autre est prévue pour la fin de l’année. Mais le leitmotiv de la maison reste inchangé : « On vendra à l’étranger ce qui s’y vend le mieux. » Un adage que confortent la fiscalité française et le droit de suite, pour lequel les Britanniques jouissent encore d’un moratoire.

(1) À la différence de la prestigieuse evening sale, la day sale, organisée en journée, ont davantage le caractère de vente courante.

Vente impressionniste, moderne et contemporain le 26 mai à 15 heures ; exposition les 22, 24 et 26 mai, Christie’s, 9, avenue Matignon, 75008 Paris, rens. : 01 40 76 85 85.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°193 du 14 mai 2004, avec le titre suivant : Galop d’essai

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