Ventes aux enchères

Fred Forest met en vente le NFT de sa première œuvre numérique

Par Charles Roumégou · lejournaldesarts.fr

Le 10 juin 2021 - 524 mots

MONDE

L’œuvre Parcelle/Réseau avait été adjugée près de 9 000 € en 1996 avant que le fichier ne soit perdu.

Pionnier dans l’utilisation des nouvelles technologies dans la création artistique, l’artiste multimédia Fred Forest s’apprête à mettre en vente le 15 juin prochain sur la plateforme en ligne OpenSea, en partenariat avec la Fondation Cartier pour l’art contemporain, le NFT de son œuvre virtuelle en ligne Parcelle/Réseau, première création de ce type à être vendue aux enchères en octobre 1996.  

Ce NFT a été créé par Fred Forest, près de vingt ans après la vente aux enchères à l’hôtel Drouot de Parcelle/Réseau, dont il reprend le fichier informatique initial – légèrement modifié – sous le nom de NFT-Archéologie. Adjugée pour la somme de 58 000 francs (8 842 euros) hors frais de vente, « "Parcelle/Réseau" constituait une rupture par rapport aux œuvres contemporaines classiques présentées à ce moment-là » selon son créateur. 

Accessible uniquement sur internet au moyen d’un code confidentiel remis à l’issue de la vente, l’œuvre fut perdue après que son acheteur – la société N@rt, ancien propriétaire du Journal des Arts – a déposé le bilan en 2002. Fred Forest avait toutefois conservé en sa possession une copie du fichier original – une copie d’artiste – laquelle lui permet aujourd’hui de présenter, au moyen de la blockchain, le NFT de son œuvre Parcelle/Réseau

Dans un esprit volontairement provocateur, l’artiste a décidé de mettre en vente le NFT au prix de 69 300 000 dollars (56 906 734 euros), soit l’adjudication du collage numérique de Beeple vendu en mars dernier chez Christie’s, auquel s’ajoute un dollar symbolique pour en faire l’œuvre numérique la plus chère au monde. Ce prix comprend, outre le NFT, « la peinture qui m’a servi de base pour créer Parcelle/Réseau, son scan ainsi qu’une lettre cachetée à l’attention du futur acquéreur », précise Fred Forest. L’œuvre numérique sera disponible sur la marketplace pendant une durée indéterminée, c’est-à-dire jusqu’à ce qu’elle trouve preneur ou que son créateur décide de la retirer.

« Si l’œuvre se vend, j’en doute, bien que tout reste possible », reconnaît Fred Forest, une part du produit de la vente aux enchères (non communiquée) servira à financer la Fondation du territoire du m² – en cours de formation – dont la présidence sera proposée à Alain-Dominique Perrin, actuel président de la Fondation Cartier pour l’art contemporain. 

Cette structure « aura pour but la défense des artistes créateurs en mettant à leur disposition, par exemple, toutes les ressources juridiques nécessaires à la protection de leurs intérêts dès qu’ils seront menacés », précise l’artiste. « Je me bats au quotidien pour que les artistes aient le revenu de leur propre travail, lequel est aujourd’hui capté par des intermédiaires comme les institutions culturelles ou les galeries », ajoute-t-il.

Créée en 2008 par Satoshi Nakamoto, la blockchain, semblable à une vaste base de données publique, désigne une technologie de stockage et de transmission d’informations, à la fois transparente et sécurisée, qui permet à l’auteur du NFT d’encoder lui-même les caractéristiques propres à sa création, la rendant de facto unique. Les informations contenues dans cette « chaîne de blocs » – transactions, titres de propriété, signature, contrats  – sont autant d’éléments protégés par des procédés cryptographiques qui rendent le jeton infalsifiable. Blockchain et NFT sont donc deux technologies interdépendantes.

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