Entretien

Francis Briest, vice-président du groupe Artcurial et coprésident de la maison de ventes Artcurial

«”¯La Chine a un potentiel formidable”¯»

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 5 octobre 2007 - 606 mots

Vous venez d’annoncer la naissance de Artcurial China. D’où vient l’idée de monter cette joint-venture dans l’empire du Milieu ?
Ce projet d’un Artcurial en Chine date d’un an. Le monde a radicalement changé depuis une dizaine d’années, dans tous les domaines – le culturel suivant l’économique –, à tel point qu’il faut plutôt se demander pourquoi nous n’y sommes pas allés avant. La révolution Internet a permis une libéralisation économique accélérée. Alors qu’aux Etats-Unis la messe est dite, la Chine a encore un potentiel formidable.

Artcurial China est-elle une copie conforme de l’Artcurial de l’hôtel Dassault, à Paris ?
Artcurial China fonctionnera selon le même modèle. Située dans un lieu unique dédié à l’art, un bâtiment de la concession française de Shanghaï sis rue Yongjia, la société Artcurial China a pour vocation de développer des activités de ventes aux enchères en Chine continentale. Autour de ce corps business graviteront une galerie et une librairie, et seront organisées des expositions et des conférences. Ces activités d’Artcurial en Chine seront, bien sûr, adaptées aux goûts et contraintes du pays.

Quelles sont ces contraintes ?
La première est l’obtention d’une autorisation gouvernementale pour la tenue de ventes publiques sur place. Cette procédure administrative nous a, je l’avoue, plongés dans l’ambiance de l’avant-réforme en France. Concrètement, la loi n’autorisant pas l’installation de société européenne dans ce secteur d’activités, il nous fallait dépendre d’une société chinoise. D’où la nécessité de créer une joint-venture, avec des partenaires locaux.

Qui sont les partenaires chinois d’Artcurial China ?
Bruno Wu, président de Sun Media Investment Holdings (SMIH), l’un des principaux groupes privés de médias en Chine, ainsi que l’artiste et designeuse shanghaïenne Jiang Qiong Er. Tous deux sont chinois, imprégnés d’une culture occidentale. Bruno Wu est président d’Artcurial China. Jiang Qiong Er, Nicolas Orlowski et moi-même faisons partie du board (comité de direction).

Quand démarreront les premières ventes aux enchères ?
La première vente est prévue en janvier 2008. Elle sera consacrée à l’art chinois en provenance de Chine continentale, essentiellement de l’art moderne et d’après guerre, plutôt figuratif. L’une des pièces phares de la vente sera un tableau de Chen Yifei, décédé en 2005, et dont la cote est en train d’exploser. Artist with Beauties (1999) est estimé 1,5 à 2 million(s) d’euros. Suivront, en début d’année, les bijoux, les montres et les vins. Nous allons organiser entre cinq et dix ventes annuelles dans ces spécialités.

Allez-vous cesser de vendre de l’art chinois à Paris ?
Pas du tout. Nous continuons et nous allons même plus loin avec une première vente « Cutting edge » (création très contemporaine), le 1er octobre, sur les avant-gardes des pays dit émergents : le Moyen-Orient, l’Inde, l’Asie du Sud-Est, la Russie et bien sûr la Chine, jusqu’à la Corée du Nord dont l’ouverture se fait tout doucement. Cette vente est pilotée par Pia Copper, notre spécialiste en art chinois, qui a voyagé un peu partout pour dénicher les œuvres. Celles-ci ont ensuite été sélectionnées de manière collective par le département d’art contemporain dont Martin Guesnet assure la direction : au total, 128 lots pour 300 000 euros d’estimation. Pour ma part, j’ai un double coup de cœur pour l’artiste iranien Bahman Jalali et sa série de tirages chromogéniques estimés 3 000 euros pièce, ainsi que pour une photo de l’Iranienne Shadi Ghadirian, Ghajar, estimée 5 000 euros.

Le groupe Artcurial a-t-il d’autres idées en gestation ?
Nous travaillons sur différents projets. Nous avons acquis un positionnement de leader en Europe continentale dans le monde des ventes aux enchères de chevaux, avec la naissance de la société Arqana aux côtés de l’Aga Khan en juillet 2006 (105 millions d’euros de chiffre d’affaires consolidé en 2006). À la suite d’Artcurial China, nous souhaitons poursuivre un développement stratégique original, en fonction des opportunités futures.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°265 du 21 septembre 2007, avec le titre suivant : Francis Briest, vice-président du groupe Artcurial et coprésident de la maison de ventes Artcurial

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