Foires londoniennes : prime à la qualité

Aux résultats satisfaisants pour Grosvenor et Hali, répond un niveau d’affaires décevant pour Olympia Fine Art Fair

Le Journal des Arts

Le 29 juin 2001 - 911 mots

La saison estivale des foires londoniennes a confirmé la primauté de la Grosvenor House Art & Antiques Fair. Drapeau en berne en revanche pour l’Olympia Fine Art Fair, l’immense foire londonienne – 400 participants – qui a connu un niveau d’affaires réduit. Hali, salon réunissant uniquement des marchands de tapis et tapisseries, a pris des galons pour sa quatrième édition en accueillant de nombreux nouveaux exposants.

LONDRES (de nos correspondantes) - Grande dame des foires britanniques, Grosvenor House Art & Antiques Fair a ouvert ses portes du 13 au 19 juin (lire le JdA n° 129, 8 juin 2001), dans des locaux fraîchement réaménagés, avec un nouveau propriétaire (le groupe japonais Nomura) et 16 nouveaux exposants. Si 92 marchands toutes spécialités confondues participaient à l’événement, la tendance de cette édition était au mobilier. Avec près de 4 000 visiteurs dès le premier jour d’ouverture et une visite privée concluante, les marchands de mobilier avaient de quoi se réjouir. Blairmans a cédé deux bibliothèques en chêne dessinées par Edward William Godwin pour Dromore Castle en Irlande, ainsi que deux pièces signées Pugin : un chandelier et son fauteuil en chêne portant les armoiries du propriétaire, étiquetés 68 000 livres (728 000 francs). Quant à Apter-Fredericks, il a vendu dès le premier jour deux commodes George III en acajou et un fauteuil George Ier en noyer, tandis que sur le stand de Mallett, la magnifique bibliothèque de bureau d’époque reine Anne en laque étincelant était vendue “sous condition” dès le deuxième jour. Moins confiant, Stuart Whittington de chez Norman Adams n’avait guère de grandes attentes pour cette édition, vu les résultats exceptionnels enregistrés pendant l’année 2000. Il a cependant vendu cinq pièces, dont une table-tambour octogonale de période Régence à 48 000 livres (514 000 francs). La récente rénovation du bâtiment offrant une meilleure perspective sur l’ensemble de la foire et d’avantage d’espace, seize nouveaux marchands ont fait leur premier pas à Grosvenor. Richard Coles s’est déclaré satisfait de cette première participation : “Nous avons réalisé de très bons résultats. Nos ventes sont constantes et nous espérons être à nouveau invités l’année prochaine.”

Marchand spécialisé dans les tapis, Keshishian participait lui aussi pour la première fois et présentait très vraisemblablement le tapis le plus cher de toute la foire : un Agra de très grand format, en parfait état de conservation, datant de 1870 environ, proposé à 425 000 livres. Cette pièce n’avait toujours pas trouvé acquéreur à la fin du week-end, mais un tapis Art déco français signé Paule Le Leu s’est quant à lui envolé.

Grosvenor House est avant tout une foire consacrée au mobilier et, pour les marchands spécialisés en peinture, les résultats furent plutôt mitigés. Pas d’effervescence non plus pour le marchand de tableaux anciens Johnny Van Haeften : “Je pense qu’il faudra du temps afin que les gens s’habituent aux nouvelles gammes de prix”, a-t-il déclaré. Il eut une consolation cependant en vendant les deux paires de chaises qu’il avait empruntées à un autre stand pour faire asseoir ses visiteurs.
Ben Janssen, nouvelle recrue également, proposait une merveilleuse céramique Tang, un groupe avec un chameau et un cavalier, au prix de 180 000 livres sterling.

Momie égyptienne et traîneaux russes
Foire d’objets d’art et d’antiquités, l’Olympia Fine Art & Antique Fair est le salon d’été préféré des Londoniens. Alors que Grosvenor House offre, dans un cadre luxueux, des objets de belle qualité et plus chers, Olympia propose – de la momie égyptienne aux traîneaux russes – un éventail de pièces de toutes sortes. Avec ses 400 marchands, cet événement, qui a présenté des objets décoratifs, du mobilier et de la porcelaine, a déçu les espoirs de ses participants. Les acheteurs américains n’étaient guère nombreux et la présence de Bill Gates n’a pas amélioré le niveau des ventes ! Dénonçant la médiocrité de cette foire existant depuis 1972, un marchand a imputé la faute à la taille de l’événement et à une baisse générale de la qualité des objets proposés. Cependant, un cabinet indo-portugais incrusté d’ivoire datant des années 1800 que proposaient Peter Petrou et Jay Arenski, a trouvé acquéreur pour la somme de 250 000 livres (2,6 millions de francs). Recherchés, les objets inhabituels et décoratifs ont réalisé de bons chiffres : Hansord a cédé un canon anglais de 1865 aux Royal Armories à plus de 100 000 livres (1 million de francs). Avec plus de 30 nouveaux stands et l’arrivée de marchands d’art du XXe siècle, on pourrait croire que la manifestation cherche à égaler Maastricht. Or, comme le nombre de foires ne cesse d’augmenter et que les marchands s’évertuent à sélectionner les objets à mettre en vente, nombreux sont ceux qui craignent que cette expansion soit une tentative déraisonnable.

Organisée par le magazine Hali, la Hali Antique and Textile Art Fair inaugurait cette année sa quatrième édition avec de nombreux nouveaux participants. Quelque 80 exposants ont représenté le domaine du textile et du tapis dans toute sa diversité : tapis de nomades, soies exotiques, tapisseries européennes, tapis orientaux classiques, tapis de tribus ou de villages, costumes ethniques et broderies figuraient au nombre des objets à voir. Autour du thème “Tapis et textiles turcs avant 1800”, les stands resplendissaient d’ikats et de broderies. Des marchands de premier plan comme Michael Frances de la Textile Gallery et Moshe Tabibnia de Milan ont présenté des chefs-d’œuvre des métiers à tisser d’Orient. En dehors de ces trésors, la qualité était quelque peu inégale, reflétant l’offre toujours décroissante de pièces haut de gamme.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°130 du 29 juin 2001, avec le titre suivant : Foires londoniennes : prime à la qualité

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