Focus : Jean-Léon Gérôme - « Le Maître-chien »

Vente du 26 janvier, New York Christie’s

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 21 janvier 2011 - 498 mots

Christie’s présente, le 26 janvier à New York, un tableau peint en 1871, signé Jean-Léon Gérôme et intitulé Le Maître-chien, sur une estimation basse de 700 000 dollars (530 000 euros).

Cette toile de modestes dimensions illustre un bachi-bouzouk (soldat irrégulier au service de l’Empire ottoman), présenté comme un homme fort et autoritaire accompagné de ses fidèles chiens de chasse, dans une clairière d’une forêt luxuriante. « Ce tableau est petit bijou. Bien qu’il s’agisse d’un petit format, Gérôme a une façon monumentale de peindre. C’est pourquoi cette œuvre est fascinante », souligne Étienne Hellman, directeur international du département des tableaux orientalistes et du XIXe siècle chez Christie’s. Personnage récurrent dans l’œuvre du peintre français, le bachi-bouzouk est devenu un double symbole de la force masculine et de l’exotisme de l’Orient qui a captivé les publics français et américain. Gérôme entreprend son premier voyage en Orient en 1856. Or Eugène Delacroix, qui a voyagé dès 1832 en Afrique du Nord, au Maroc et à Alger, a déjà initié le public à l’exotisme avec ses compositions dynamiques. Gérôme le fait d’une autre manière, en produisant des images extrêmement séduisantes. Peints de façon très réaliste et avec un souci du détail, ses personnages sont magnifiés dans des postures posées, tel le bachi-bouzouk de ce tableau dont on devine les muscles sous la peau et même à travers les vêtements.

Tendance à la hausse
Lorsque cette peinture est passée en vente publique il y a trente ans, la cote du peintre n’était pas au plus haut. Le style « pompier » n’avait pas alors complètement été réhabilité. Un collectionneur américain a acquis la toile le 29 mai 1980 à New York, chez Sotheby’s, pour seulement 52 500 dollars. Depuis, on constate un regain d’intérêt pour la peinture académique du XIXe siècle, Gérôme en tête. L’exposition monographique sur l’artiste, qui s’achève fin janvier au Musée d’Orsay à Paris et qui fut précédée d’une présentation au J. Paul Getty Museum de Los Angeles, ne fait qu’amplifier la tendance. « Par sa dimension orientaliste (notamment les palmiers en arrière-plan), le tableau est encore plus désirable. Le marché des tableaux orientalistes est très dynamique depuis quelques années », ajoute Étienne Hellman.

Le record du monde pour une œuvre de Gérôme aux enchères revient à la toile Femme circassienne voilée (1876), vendue 2 millions de livres sterling (2,5 millions d’euros), le 2 juillet 2008 à Londres, chez Christie’s. Le tableau fait aujourd’hui partie de la collection du Musée d’art orientaliste de Doha au Qatar, tout comme Le Barde noir, adjugé 1,1 million de dollars (850 000 euros), le 23 octobre 2008 à New York, chez Sotheby’s.

Jean-Léon Gérôme (1824-1904)

Titre : Le Maître-chien

Signature : J. L. Gérôme, en bas à droite

Date d’exécution : 1871

Technique : huile sur toile p Dimensions : 33 x 25 cm

Provenance : galerie Goupil & Cie (Paris), galerie Knoedler (New York), collection privée américaine

Estimation : 700 000 à 1 million de dollars (530 000 à 760 000 euros)

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°339 du 21 janvier 2011, avec le titre suivant : Focus : Jean-Léon Gérôme - « Le Maître-chien »

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