SVV Binoche

Flambée de flambeaux

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 17 février 2006 - 613 mots

Un tableau de Fontana et plusieurs pièces d’orfèvrerie et de mobilier ont créé l’événement le 30 janvier à Drouot.

 PARIS - Peu de lots mais une sélection prestigieuse et variée, un catalogue digne de son contenu, une programmation hors saison : la méthode Binoche a fait mouche le 30 janvier à Drouot. C’est dans une salle bondée du début à la fin de la vente, avec une armée de téléphones en renfort, qu’ont démarré les enchères. Deux lots phares ont mobilisé l’attention, à commencer par Concetto spaziale, Attese, une peinture à l’eau sur toile signée Fontana, estimée seulement 125 000 euros. De nombreux enchérisseurs sur place aussi bien qu’au téléphone ont très vite réagi. En moins d’une minute, les enchères sont passées de 50 000 à 350 000 euros. Quelques amateurs ont poursuivi au-delà. Finalement, il a été emporté au téléphone par un collectionneur de Vénétie pour 528 000 euros. Selon Jean-Claude Binoche, « son estimation n’était pas si basse que cela, car, s’il était en parfait état et sans repeint, ce n’était pas un grand tableau, mais un petit bijou de 46,5 x 60,5 cm qui valait bien 200 000 euros ». L’autre clou de la vente était une suite de trois rarissimes flambeaux XVIIe en argent doré fondu et ciselé portant le poinçon du maître orfèvre Pierre Ier Masse. Le commissaire-priseur a précisé oralement juste avant sa mise à l’encan que les armoiries du duc d’Uzès venaient d’être identifiées. Pour l’acquérir, un collectionneur français a dû débourser 672 000 euros, soit historiquement un des plus gros prix pour une pièce d’orfèvrerie vendue en France. D’autres objets en argent ont suscité l’intérêt, tels un plateau italien de forme rectangulaire estimé 800 euros et adjugé 19 800 euros ou une paire de candélabres XVIIIe au poinçon du maître orfèvre Edme Pierre Balzac, estimée 25 000 euros et vendue 66 000 euros.

Résultats très satisfaisants
Les beaux résultats ont également porté sur le mobilier : 81 600 euros pour une suite de quatre fauteuils en noyer d’époque Louis XV et sa garniture en tapisserie fine de Beauvais de la même époque ; 67 200 euros pour une paire d’appliques en bronze ciselé et doré, d’époque Louis XV, à décor de perruches reposant sur des consoles cannelées ; 62 400 euros pour un très décoratif lustre à seize lumières datant du XIXe siècle (six fois son estimation), ou encore 43 200 euros pour un fauteuil à dossier plat d’époque Louis XV de Nicolas Heurtaut, « un prix rare pour un siège célibataire », note le commissaire-priseur.
L’art moderne a aussi presque fait un sans-faute. Notons 84 000 euros (le double de l’estimation) pour une huile sur toile de Guillaumin illustrant un Pont de Paris ; 67 200 euros pour un petit collage de 1947 de Kurt Schwitters ; 43 200 euros pour une Compression signée César plutôt attendue autour de 15 000 euros, et 48 000 euros pour la sculpture Bascule (1965-1967) de Tinguely. Reste Le Vol de corbeaux (1922), tableau signé André Masson, estimé 100 000 euros, pour lequel il n’y a pas eu d’enchérisseurs. « C’est l’un des rares objets de la vente que l’on n’avait pas sous-estimé, lance Jean-Claude Binoche. Il n’empêche qu’il est joli. Nous l’avons vendu le lendemain pour 60 000 euros. À part cela, les résultats sont très satisfaisants. C’était une vente saine, avec des prix attractifs, ce que les gens aiment… »

BINOCHE

- Estimation : 850 000 euros - Résultat : 2,3 millions d’euros - Experts : Gérard Auguier et René Millet (tableaux anciens) ; Guillaume Dillée (mobilier et objets d’art) et le cabinet Dechaut-Stetten (orfèvrerie) - Lots vendus : 81 % - Nombre de lots vendus/ravalés : 65/15

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°231 du 17 février 2006, avec le titre suivant : Flambée de flambeaux

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