Foire & Salon

SALON DE BEAUX-ARTS

Fine Arts Paris, un succès indéterminé

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 14 novembre 2018 - 741 mots

Malgré un déménagement au Carrousel du Louvre, le nombre de visiteurs et de transactions est perfectible. Les marchands estiment que le succès repose sur un changement d’échelle.

Paris. Pour la deuxième édition de Fine Arts Paris – qui a refermé ses portes le 11 novembre –, ses organisateurs avaient fait le choix de délocaliser le salon dévolu aux beaux-arts au Carrousel du Louvre. Une décision guidée par le souhait d’accueillir davantage d’exposants (43 au lieu de 33 l’an passé), mais aussi de disposer de stands plus vastes qu’au palais Brongniart. Mais investir ces lieux en sous-sol en inquiétait plus d’un. Finalement, les marchands ont été rassurés : le décor simple mais chic confié à Stabilo – l’agence de décoration de la foire Tefaf à Maastricht – et non plus à Décoral, l’ambiance feutrée et une circulation rendue très simple ont séduit tout le monde.

Mais la fréquentation a quelque peu déçu. Si les allées étaient pleines le soir du vernissage, si les conservateurs du Louvre, de Versailles et d’Orsay mais aussi de l’Art Institute of Chicago, du Victoria and Albert Museum à Londres ou du musée de Stockholm avaient fait le déplacement, réunis pour un cocktail spécialement organisé pour eux le mercredi, les jours suivants les visites étaient inégales. Il faut dire que la signalétique n’est pas au point dans le Carrousel. On entendait aussi surtout parler français malgré la présence d’une poignée d’Italiens, d’Américains ou de Portugais ainsi que de confrères étrangers venus juger de la prestation. En revanche, tous ont été enthousiasmés par la qualité du salon.

Au fil des stands, plusieurs marchands ont confié qu’ils souhaiteraient être plus nombreux. « Il faudrait que nous soyons autour de 60, avec davantage de galeries étrangères. On nous a fait miroiter un salon à 50 ou 60 exposants, et là nous ne sommes que 43. » Le nouveau salon est à un moment charnière. Va-t-il réussir son principal défi, à savoir donner envie aux marchands internationaux de participer à la prochaine édition ? Pour les convaincre, le niveau des transactions doit être à la hauteur. Certes, tout le monde a concrétisé des ventes, mais à des degrés différents. La période moderne a par exemple davantage souffert que la période classique, même si le stand de certaines galeries comme celle de la Présidence ont éveillé beaucoup d’intérêt. Cette dernière avait notamment apporté un ensemble de sculptures de Derain réalisées en 1938 mais fondues postérieurement à sa mort grâce à l’intervention de Giacometti. Le soir du vernissage, les ventes ne se sont pas fait attendre, surtout pour les œuvres affichées entre 10 000 et 100 000 euros. Mais ensuite ? « Les ventes ont tendance à se faire en début de manifestation. Les jours suivants, on envoie des dossiers », expliquait Jacques Leegenhoek.

Présence de pièces majeures

La sculpture, particulièrement bien représentée cette année grâce à l’arrivée de galeries spécialisées, a tiré son épingle du jeu. « Nous nous devions d’être présents. Nous avons donc pris un très grand stand et apporté des pièces majeures », déclarait Alain Richarme (Univers du Bronze,) qui a vendu plusieurs œuvres tandis que deux bronzes de François Pompon étaient réservés par un client américain. La Galerie Malaquais avait une touche pour un buste de Ferdinand de Massary (vers 1888, [voir ill.]), exécuté par Camille Claudel, une épreuve en bronze réalisée entre 1906 et 1926 (autour de 400 000 €). Jacques Sargos (L’Horizon chimérique, Bordeaux) a rapidement vendu à un particulier une œuvre très admirée sur son stand, Le Nid d’amours (vers 1791), un marbre d’Antoine Denis Chaudet.

D’autres galeries, davantage spécialisées en peinture, ont également bien vendu, à l’exemple de De Bayser qui s’est dessaisi d’une dizaine de pièces, entre 3 000 et 45 000 euros, ou de la Galerie Mendes pour six œuvres aux prix compris entre 7 000 et 150 000 euros, dont Allégorie de la guérison du roi (1688), un plâtre de Nicolas Coustou acquis par un particulier, au nez et à la barbe d’un musée. À la Galerie Charvet, en plus d’autres transactions, une institution nancéenne a « craqué » pour un portrait au crayon de Jacques Majorelle par Henri Royer.

Le bilan définitif devrait être tiré dans quelques mois. Mais si Fine Arts Paris prend de l’ampleur, cela se fera-t-il au détriment de la Biennale ? En tout cas, le salon organisé par le Syndicat national des antiquaires se veut offensif et a annoncé que la prochaine édition aura lieu une semaine plus tard que les années précédentes.

 

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°511 du 16 novembre 2018, avec le titre suivant : Fine Arts Paris, un succès indéterminé

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