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RÉTROVISION

Fiac 2018 : La Fiac dans l’attente de nouvelles aventures

Par Henri-François Debailleux · Le Journal des Arts

Le 4 octobre 2018 - 820 mots

PARIS

Dans trois ans la Fiac devra trouver un nouvel abri en attendant que le Grand Palais fasse peau neuve. Elle ne veut pas revivre les épisodes douloureux des tentes du quai Branly et de la porte de Versailles.

Il va falloir commencer à s’y préparer : en 2021, la 48e édition de la Fiac ne se tiendra pas au Grand Palais, qui sera alors fermé pour travaux de restructuration complète et remise aux normes de sécurité, mais sous une architecture éphémère. Avant l’annonce officielle de cet événement au début 2018, les plus folles rumeurs circulaient. Mais qu’on se rassure : d’une part, l’exil ne durera que deux ans et d’autre part, l’expérience n’aura strictement rien à voir avec celles que la Fiac a connues par le passé.

Ce n’est en effet pas la première fois que la manifestation est obligée de quitter son fief. En 1993, elle est en effet confrontée à la fameuse et rocambolesque histoire du boulon de la verrière. Ou comment la chute d’un boulon de la nef, tel le battement d’ailes du papillon, déclenche un cataclysme tel que le Grand Palais se retrouve fermé pour plusieurs années. Plus sérieusement, la structure sur pilotis de l’édifice (construit de façon éphémère en 1900 pour l’Exposition universelle) ayant bougé au fil des ans entraîne par effet domino des dommages et dangers dans sa toiture. Jacques Toubon, alors ministre de la Culture, se voit alors obligé de fermer le bâtiment le temps de faire les travaux nécessaires. Toutes les manifestations qui s’y tenaient se retrouvent donc à la rue. En 1994, la Biennale des antiquaires part au Carrousel du Louvre, le Salon du Livre, le Saga (pour les estampes) et Découvertes vont porte de Versailles. La Fiac sera la seule à s’installer quai Branly, à l’emplacement du futur Musée des arts premiers qui, à l’époque, n’était encore qu’à l’état de projet.
 

Uns structure ouverte à tous les vents

Grâce à la mairie de Paris et au ministère de la Défense, à qui appartient alors le terrain, la foire s’installe sous trois grandes tentes, comme trois chapiteaux. Par temps de vent, certains pans de bâches battent et faseyent comme des voiles entre cap Horn et Hauts de Hurlevent. Et cela va durer cinq éditions, jusqu’à ce que ne voyant toujours pas venir d’éclaircie du côté du chantier du Grand Palais, la Fiac déménage une nouvelle fois pour se tenir en 1999 à la porte de Versailles. « Ce fut une période très grave pour la Fiac parce qu’elle était parvenue à jouer un rôle important sur la scène internationale. Elle était complémentaire de Bâle parce qu’elle attirait un grand public de collectionneurs, alors que la foire suisse était plus positionnée à l’époque comme professionnelle. Se retrouver dans des structures peu valorisantes, dans des conditions d’exposition moins prestigieuses et dans un contexte économique de crise a progressivement marginalisé la foire par rapport au développement du marché de l’art international », rappelle Henri Jobbé-Duval (figure de proue, jusqu’en 2001, de la Fiac dont il fut le cofondateur en 1974). Il faudra attendre 2006 et son retour dans la grande nef pour que le navire redémarre. 2006 est d’ailleurs l’année où la Fiac va vivre une nouvelle période de tente mais en partie seulement. En effet, pour combler le déficit en mètres carrés sous la verrière (par rapport à la porte de Versailles), la foire installe alors dans la Cour carrée du Louvre (grâce à Henri Loyrette qui en est alors président) une sorte de tente pour accueillir les jeunes galeries. Mais rien à voir avec la précédente : celle-ci est construite sur un socle en dur, avec des parois rigides et l’expérience a des détracteurs, mais aussi des partisans.

La villégiature de 2021 n’aura rien à voir avec les épisodes précédents. D’une part, le contexte est très différent et d’autre part, les instances concernées ont compris la nécessité de préserver l’image de la Fiac et même de Paris. La maire, la direction de la foire et la RMNGP (Réunion des musées nationaux Grand Palais) se sont donc penchées sur le sujet et ont cherché la meilleure issue. Pour l’instant, tout est encore à l’état de projet, mais un seul point a été acté et voté le 2 juillet dernier par le Conseil de Paris : l’emplacement, sur le plateau Joffre, la partie arrière du Champ-de-Mars, en face de l’École militaire. On sait également qu’il s’agira d’une « structure éphémère » pour laquelle un appel d’offres a été lancé avec le souhait d’en faire un geste architectural fort. Résultat au printemps prochain. On sait enfin que la foire devrait retrouver le Grand Palais à l’automne 2023, puisque le bâtiment doit être alors fin prêt pour les Jeux olympiques quelques mois plus tard. « La Fiac ne pouvait pas supporter un éloignement, elle devait rester dans l’épicentre dans des conditions d’hébergement prestigieuses », indique Jennifer Flay, la directrice de la foire. « Fiac lux ! », donc, quel que soit le contexte.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°508 du 5 octobre 2018, avec le titre suivant : Fiac 2018 : La FIAC dans l’attente de nouvelles aventures

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