Fermeture du Grand Palais, tout le monde descend

Le Journal des Arts

Le 1 mars 1994 - 521 mots

La Biennale des Antiquaires se tiendra au Carrousel du Louvre pourtant interdit au Salon des Antiquaires. Le Salon du dessin attend 1995.

PARIS - La Biennale des Antiquaires, prévue pour septembre prochain au Grand Palais, fermé depuis le mois de novembre dernier pour travaux, a trouvé à se reloger au Carrousel du Louvre du 9 au 24 novembre. Pour Jacques-Henri Pinault, président du Syndicat national des antiquaires qui organise la Biennale, le nouveau centre commercial du Louvre constitue "une solution géographiquement satisfaisante".

"Pour la surface attribuée – 7 500 mètres carrés dont 3 000 consacrés aux stands, contre 15 000 au Grand Palais - on ne peut pas comparer les deux endroits. Nous n’avons ni le volume ni le recul pour nous exprimer. Mais il faut que la Biennale reste la première manifestation d’art ancien au monde, même si elle se trouve dans un sous-sol," affirme Jacques-Henri Pinault.

Le Syndicat négocie avec ses compagnies d’assurances le remboursement des quatorze millions de francs investis à perte dans la publicité et l’organisation : "C’est une année de travail perdu," se plaint M. Pinault.

Exit donc le décor grandiose haut de 24 mètres en bois clair, déjà dessiné par Richard Peduzzi qui ne s’est guère senti inspiré à adapter son œuvre pour le Carrousel, où les plafonds n’atteignent que 10 mètres. Oubliés également le grand bal d’ouverture à 2 000 francs le ticket d’entrée et les "séjours de prestige" organisés en collaboration avec Relais Châteaux, Air-France et American Express et qui devaient séduire de très riches collectionneurs étrangers.

Le Syndicat s’est vu attribuer le Carrousel, normalement interdit à tout commerce d’antiquités et d’œuvres d’art, grâce à une dérogation spéciale du ministre de la Culture, Jacques Toubon.

La société Artis, organisateur du Salon des Antiquaires au Carrousel du Louvre prévu du 17 au 27 mars, mais annulé en janvier dernier, a apparemment moins de chance. Artis, qui dit avoir signé un contrat avec la SLC Carrousel du Louvre en décembre 1992, prétend qu’elle a dû annuler son salon après une interdiction de toute manifestation d’art à caractère commercial dans le nouveau "sous-sol", signifiée en janvier dernier par les Musées de France. Selon la Direction des musées de France, en revanche, Artis a simplement reçu un rappel de "l’interdiction de commerce d’antiquités et d’œuvres d’art" qui fait partie des dispositions réglementaires établies en juillet 1991 entre l’Établissement public du Grand Louvre, la DMF et la Société d’exploitation du Carrousel. Cinquante antiquaires, la plupart du Carré Rive Gauche à Paris, qui comptaient participer au Salon cherchent maintenant à se faire dédommager.

Le Salon du dessin, prévu au Grand Palais, ayant également été annulé cette année faute d’un endroit convenable pour l’héberger, neuf de ses membres se sont réfugiés au Salon de Mars. L’année prochaine, en revanche, le Salon du dessin - le seul en Europe pour les œuvres sur papier et le seul au monde consacré aux dessins à l’exclusion des gravures - s’agrandira en ouvrant ses portes pour la première fois aux marchands étrangers. Quatre spécialistes français d’art contemporain - Guillon-Lafaille, Di Meo, Yvon Lambert et Durand-Dessert - ont pourtant décidé de ne plus y participer.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°1 du 1 mars 1994, avec le titre suivant : Fermeture du Grand Palais, tout le monde descend

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