Evelyn Sharp collectionneur

Sotheby’s disperse sa collection d’art moderne

Le Journal des Arts

Le 7 novembre 1997 - 461 mots

Les collections d’art réunies par des femmes sont rares. Pourtant, Evelyn Sharp a acquis, essentiellement dans les années soixante, un ensemble exceptionnel d’œuvres modernes, de Picasso à Calder. Sotheby’s disperse le 12 novembre cette collection évaluée à 60 millions de dollars (360 millions de francs).

NEW YORK. En 1941, à la mort de son mari, le promoteur Jesse Sharp, Evelyn Sharp héritait d’un véritable empire hôtelier. Acte pionnier pour une femme dans les années quarante, elle prenait alors la direction du groupe immobilier, où elle faisait immédiatement preuve d’un grand sens des affaires. Habile et heureuse dans ses placements, elle devint le second des actionnaires privés les plus importants d’IBM, tout en se distinguant par l’intérêt et l’importance de ses actions philanthropiques. À la fin de la décennie, elle commença à collectionner des œuvres d’art, qu’elle acceptait volontiers de prêter aux musées, et acquit bientôt une grande réputation de collectionneur. En 1978, elle a ainsi prêté l’ensemble de sa collection au Musée Guggen­heim de New York. Son fils, Peter Jay Sharp, lui-même brillant homme d’affaires, était connu pour sa collection d’art antique. Après sa mort en 1992, Sotheby’s avait déjà été chargé de la vente, en janvier 1994, de ses peintures et sculptures antiques et de ses livres précieux. Tous deux ont donné des œuvres au Metropolitan Museum de New York pour l’ouverture d’une “Sharp Gallery” dans l’aile réservée au XXe siècle. Sotheby’s organise le 12 novembre, à New York, la vente d’une grande partie de la collection d’Evelyn Sharp, décédée en mai dernier à l’âge de 94 ans. Le Nu couché aux bras levés (1917-1918) d’Amedeo Modigliani, qui a appartenu à Jacques Netter, l’un des premiers collectionneurs de l’artiste livournais, figure parmi les plus belles peintures de la vacation. Le catalogue de la vente n’en donne pas l’estimation, mais elle peut être évaluée à environ 10 millions de dollars (60 millions de francs). Une autre toile de Modigliani, Portrait de Chéron, datée de 1916-1917, est estimée entre 1 et 1,5 million de dollars. Parmi les sept œuvres de Picasso de la collection, une huile de 1923, La toilette de Vénus : la coiffure, est évaluée entre 5 et 7 millions de dollars, et Nus, de 1934, entre 6 et 8 millions de dollars. Figurent encore parmi les lots importants une toile de Matisse, Nature morte aux trois vases, signée et datée 1933 (est. 3,5-4,5 millions de dollars), et un paysage fluvial fauve de Maurice de Vlaminck, Sous le pont de Bezons, de 1906. Parmi les sculptures, plusieurs bronzes d’Archipenko seront proposés, dont le Gondolier (1914), évalué entre 700 000 et 900 000 dollars, ainsi que cinq sculptures de Calder et un bronze d’Aristide Maillol, Monument à Debussy, réalisé en 1930 et estimé entre 800 000 et 1 million de dollars.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°47 du 7 novembre 1997, avec le titre suivant : Evelyn Sharp collectionneur

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