Exposition

Éros vu par les anciens

Le Journal des Arts

Le 19 juin 2013 - 524 mots

La galerie La Reine Margot explore le mythe d’Éros et ses représentations dans l’Antiquité

PARIS - Fondée en 1938 par Madame Mengin et pluridisciplinaire à l’origine, la galerie La Reine Margot est reprise en 1980 par Gilles Cohen qui se concentre d’abord sur l’archéologie, puis ouvre à nouveau la galerie aux objets de toutes époques et tous continents : « on brasse le passé, ce qui colle à une idée plus actuelle de mélange des styles », explique Adeline Germond, responsable de la galerie. L’exposition actuelle n’a pas vocation à traiter d’Éros dans l’art, tel qu’on peut se le représenter, mais plutôt de renouer avec le quotidien des Anciens à travers les arts décoratifs : éléments de décoration (médaillon), objets du quotidien (vases), bijoux… Une cinquantaine d’objets, de qualité inégale, composent les vitrines mêlées à la présentation permanente. Les prix vont de 400 à 50 000 euros, sauf pour cet Éros ou Hyménée en marbre blanc du Ier siècle apr. J.-C., au traitement raffiné, proposé à 120 000 euros. Mais qui est Éros (en grec ; Cupidon, pour les romains) ? La réponse n’est pas aisée. Même si dans l’esprit commun, il est assimilé au désir amoureux, le mythe recèle plusieurs lectures. Dieu démiurge comme dans la Théogonie d’Hésiode ou né de l’œuf primordial comme le défini Aristophane ? Il évolue aussi dans le temps : représenté sous les traits d’un jeune homme ailé, il prend ensuite l’aspect d’un enfant, tout comme il est l’amant d’Aphrodite, avant d’en devenir le fils. Finalement, on s’embrouille un peu et l’exposition suggère qu’il est tout à la fois. C’est un dieu protéiforme, empruntant régulièrement les attributs d’autres dieux : tantôt il chevauche le cygne d’Aphrodite, comme dans cette terre cuite de Grande Grèce, IV-IIIe siècle av. J.-C., proche de celle conservée au Musée du Louvre (3 200 euros) ; tantôt il porte la torche d’Hyménée, son demi-frère, pointée vers le bas, il est alors un génie funéraire, tel Cupidon à la torche, bronze romain du Ier siècle, très finement sculpté (30 000 euros). D’autres fois encore, il tient la pomme d’or d’Aphrodite ou une coquille pour rappeler la naissance de celle-ci. Les bijoux en or, en vente pour la première fois depuis 30 ans sont sans doute les objets les plus saisissants de l’exposition. Parmi eux, une rare paire de boucles d’oreilles aux Éros et pyramides, Grèce, fin IVe, très proche et en meilleur état que celles du Trésor de Kymé du British Museum (au-delà de 50 000 euros) ; des boucles d’oreille composées d’une rosace en émail bleu et vert d’origine et intact (16 000 euros) ou encore cette broche représentant Éros conduisant deux lions qui serviront à l’attelage du chariot de mariage d’Ariane et Dionysos (28 000 euros).
« L’exposition marche bien, mais il est vrai que le marché est beaucoup plus irrégulier qu’il y a dix ans, où l’on vendait tout le temps. La clientèle s’est resserrée et ceux qui font tourner la galerie sont les particuliers », souligne Adeline Germond.

ÉROS DANS L’ANTIQUITÉ

Jusqu’au 30 septembre, Galerie La Reine Margot, 7, quai de Conti, 75006Paris, tél. 01 43 26 62 50, www.lareinemargot.com,lundi-samedi, 10h30-13h, 14h-19h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°394 du 21 juin 2013, avec le titre suivant : Éros vu par les anciens

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