Galerie

Ernesto Neto, ce plaisir qu’on dit sensuel

Par Manou Farine · L'ŒIL

Le 1 mai 2005 - 282 mots

Empoigner l’espace pour y suggérer une expérience sensuelle. Arc-bouter cet espace sur un jeu de bascule entre la monumentalité de l’installation et la vulnérabilité des éléments la composant. Ainsi les dispositifs signés Ernesto Neto se suivent et se ressemblent-ils. 

Greta Gruta, os blocos do prazer (Grande Grotte, les blocs du plaisir) montrée chez Lambert en 2002 déroulait par exemple un couloir, alternant seuil, porte, cavités et méandres organiques. Une enveloppe résonnante et moelleuse, dans laquelle le spectateur pénétrait, mettant en jeu son corps tout entier. La sculpture/parcours activée par sa relation au corps du visiteur, enjoignait à une expérience voluptueuse et intimidante, bouleversant largement les codes perceptifs usuels. En parcourant ces volumes monumentaux et saturés, ces écrins organiques, le visiteur éprouvait alors comme la temporalité des tensions spatiales et des outrances sensorielles examinées par l’artiste brésilien. On se souvient encore de la Biennale de Venise en 2001 et de son installation toute en tensions et interactions, jeux de matières et de formes et en volumes malléables, libérant des effluves chauds et épicés dans un paysage singulier de lourdes billes de tissu, de contenants courbés et étirés sous le poids de leurs contenus sableux et olfactifs. Prolongeant le principe organique régissant l’expérience offerte au spectateur, Neto présente encore et sans bousculer son vocabulaire, une sculpture nouvelle, alliance précaire de tissus et de structures métalliques, suivie d’une série de dessins à l’économie drastique, pour conclure par un environnement méditatif relevé aux clous de girofle, sorte de chapiteau coloré et fragile, arrimé au sol par le poids moelleux de ses fameuses billes.

« Ernesto Neto », PARIS, galerie Yvon Lambert, 108 rue Vieille du Temple, IIIe, tél. 01 42 71 09 33, jusqu’au 14 mai.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°569 du 1 mai 2005, avec le titre suivant : Ernesto Neto, ce plaisir qu’on dit sensuel

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