Années 1950

Envolée économique

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 6 octobre 2006 - 576 mots

La cote des peintres abstraits de l’après-guerre monte, entraînant les petits maîtres.

 PARIS - La peinture abstraite de la seconde école de Paris est en pleine renaissance. Les têtes d’affiche telles Nicolas de Staël, André Lanskoy, Serge Poliakoff, Pierre Soulages ou Zao Wou-Ki caracolent au sommet des ventes d’art contemporain d’après-guerre. David Nordmann, l’un des deux commissaires-priseurs de la SVV Ader, lui-même amateur de peinture de cette période, a décidé d’en faire sa spécialité au rythme de deux vacations annuelles. Loin des artistes stars happés par les grosses maisons de ventes, il s’est concentré sur les maîtres secondaires. « Notre première vente test qui a eu lieu le 1er juillet 2005, a bien fonctionné. Nous avons été surpris de l’engouement qu’elle a suscité. Nous présentions un ensemble homogène d’artistes qui végétaient depuis des années parce que tombés dans l’oubli. Or cette époque est aujourd’hui en redécouverte. Les prix montent mais restent très abordables », explique-t-il.

Les prix montent
Pour sa deuxième vente, le 11 octobre, il présente quelques ensembles dont une vingtaine d’œuvres du peintre d’origine roumaine Paul Ackerman, estimées entre 200 et 3 000 euros ; 19 compositions estimées autour de 400 euros et signées Jacques Duthoo, artiste qui fut exposé à la galerie Denise René dans les années 1950 ; une dizaine de tableaux et œuvres sur papier, estimés de 100 à 4 000 euros, d’Edgar Pillet, cofondateur des « Ateliers d’art abstrait » en 1950 ou encore 7 huiles sur toile, estimées de 400 à 3 000 euros, de Robert Lapoujade dont l’œuvre fut montré à la Biennale de Venise en 1960. À noter également, une Nature morte de 1951 de Jacques Lagrange, estimée 3 000 euros, une Composition de 1954, estimée 4 000 euros, réalisée par Bill Parker, l’un des peintres américains les plus en vue de l’école de Paris, ainsi qu’une Composition d’Oscar Gauthier de 1956 estimée 5 000 euros. Ce dernier est l’un des artistes à avoir figuré dans l’exposition « L’envolée lyrique » du Musée du Luxembourg, à Paris, qui s’est achevée cet été. Pour Jean-Pierre Arnoux, galeriste parisien spécialiste depuis vingt ans de la période, « la progression de la cote de ces artistes est nette depuis quelques années. Elle a été très vigoureuse entre 2005 et 2006. Les Hartung, Poliakoff et consorts tirent les autres artistes vers le haut. L’exposition “L’envolée lyrique” leur a encore fait prendre un autre virage. Lors de ma dernière exposition collective de printemps, j’ai vendu plus de 70 toiles abstraites des années 1950 à un prix moyen de 10 000 euros l’unité : Arthur-Bertrand, Bissière, Gauthier, Germain… » On retrouve nombre de ces peintres aux enchères, notamment chez Tajan et Artcurial. Attiré par une publicité de Christie’s annonçant une vente en préparation en décembre à Paris autour de l’abstraction des années 1950, un particulier s’est risqué à avancer les noms de Pillet, Lagrange et Gauthier, qui se sont avérés « inconnus » des spécialistes de la maison de vente. « Pas de cote », lui a-t-on objecté avant de le diriger vers le département des ventes « Intérieurs » (qui réunissent le bas de gamme) avec la recommandation de livrer ces œuvres sans prix de réserve. Elles finiront finalement dans la vente spécialisée de la SVV Ader.

ARTISTES ABSTRAITS DES ANNÉES 1950 (DEUXIÈME VENTE)

Vente le 11 octobre à Drouot, 9 rue Drouot, 75009 Paris, SVV Ader, tél. 01 53 40 77 10, expositions publiques : le 10 octobre 11h-18h, le 11 octobre 11h-12h, www.ader-paris.fr

ARTISTES ABSTRAITS DES ANNÉES 1950

- Spécialiste : David Nordmann - Estimation : 200 000 euros - Nombre de lots : 244

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°244 du 6 octobre 2006, avec le titre suivant : Envolée économique

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