Artcurial/Sotheby’s

Encore plus d’art contemporain

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 23 juin 2006 - 849 mots

Le marché de l’art contemporain est devenu un enjeu très concurrentiel à Paris.
Dans cette spécialité, Artcurial et Sotheby’s ont choisi deux stratégies distinctes.

 PARIS - L’enjeu commercial que représentent les ventes d’art contemporain en France est d’importance. La maison Piasa, jusqu’à présent peu engagée dans l’art du XXe siècle, monte son département d’art contemporain après avoir débauché la spécialiste chevronnée de Tajan, Julie Ceccaldi. Chez Sotheby’s, après la dispersion réussie de deux collections majeures françaises (Marianne et Pierre Nahon le 18 juillet 2004 et Liliane et Michel Durand-Dessert le 6 octobre 2005), le département parisien d’art contemporain a pris de l’ampleur, au rythme de ventes bisannuelles. La première a lieu le 6 juillet. « Notre but n’est pas de concurrencer nos places de Londres et New York. Nous nous concentrons essentiellement sur les artistes français ou ayant travaillé en France depuis les années 1950, tels Hantaï, Poliakoff, Soulages, Tinguely, Arman ou César, expose Grégoire Billault, qui dirige le département à Paris. Nous avons constaté que les 4/5e de ces artistes étaient régulièrement achetés par des Français en ventes publiques. Aussi, cela a un sens de les proposer au marché parisien. » Lu-Li, une huile sur panneau de Picabia ; Notre champ d’action est limité, une huile sur papier de 1930 par Léopold Survage, et Nu cambré, une huile sur toile de 1938 par Marcel Gromaire, estimées 30 000 euros chacune, comptent pour le meilleur de l’art moderne, les grosses pièces étant réservées aux ventes new-yorkaises. Bien que sans chef-d’œuvre, la partie contemporaine comprend de beaux morceaux, à l’instar de : deux tableaux datés 1956 et 1959 de Soulages, respectivement estimés 300 000 et 200 000 euros ; une Composition de 1960 de Poliakoff, estimée 250 000 euros ; La Forêt enchantée, une toile de 1955 signée Vieira da Silva et estimée 220 000 euros ; Clarissa, une grande sculpture mobile de Tinguely datée de 1965 et estimée 150 000 euros, ou encore La Forêt, un bronze de 1946 de Germaine Richier numéroté 3 sur 6 et estimé 100 000 euros.

Chine contemporaine
Du côté d’Artcurial, la grande nouveauté est la tenue d’une vente d’art moderne et contemporain chinois le 29 juin. Une première en France. « Le secteur est en plein développement. Christie’s, Sotheby’s, Phillips et Bonhams : tous sont sur ce créneau », lance Pia Copper, la nouvelle recrue d’Artcurial pour l’art chinois du XXe siècle. Repérée par Francis Briest, la jeune femme d’origine canadienne, diplômée en langues orientales et commissaire d’exposition, a passé deux mois en Chine à collecter des pièces auprès d’artistes et de collectionneurs, en complément de celles trouvées dans les collections européennes.
Si l’essai est concluant, Artcurial souhaite organiser un rendez-vous régulier de deux vacations annuelles. La vente couvre les artistes de l’école de Paris jusqu’à la jeune photographie en passant par le groupe des Étoiles et l’avant-garde chinoise des années 1980. À l’inverse de Sotheby’s, Pia Copper pense que « la globalisation du marché de l’art permet aujourd’hui de vendre un tableau chinois aussi bien à Paris qu’à Hongkong, Londres ou New York ». Selon la spécialiste, la maison peut « attirer une clientèle d’acheteurs asiatiques à Paris. [Ses] estimations sont volontairement raisonnables ». Estimée de 4 000 à 15 000 euros l’unité, une série de dessins de San Yu, très apprécié du marché chinois, ouvre la vente. Avec une estimation de 80 000 euros, Nue, 1940, de Pan Yuliang, considérée en Chine comme l’équivalente de Marie Laurencin, est le plus beau tableau de la section « école de Paris ». Yan Pei-Ming est représenté par Figure, réalisée en 1991 et estimée 60 000 euros. Parmi les lots phares, Great Criticism Series Chanel No. 5, 2005 de Wang Guangyi, issu du mouvement Political Pop, devrait aisément dépasser son estimation de 45 000 euros : sa cote à New York pour un tableau de la même série a dépassé cette année les 100 000 euros. De Fang Lijun, l’un des artistes appartenant au courant du « Réalisme cynique », parmi les plus cotés du moment, une grande gravure de 2001, estimée 12 000 euros, pourrait exciter les convoitises. « Toutes les grandes institutions la veulent. Le MoMa [Museum of Modern Art] de New York en possède une épreuve ainsi que le Centre Pompidou », note l’expert. Signalons également Skin 1997, une œuvre composée de 20 portraits photographiques signée Zhang Huan, estimée 35 000 euros ; une huile sur toile de la Série Animale de Li Shan, estimée 35 000 euros, ou encore une grande toile de 2000 de la série Kite, qui fait la couverture du catalogue. Estimée 20 000 euros, elle a été réalisée par Ma Liuming, une artiste encore sous-estimée, mais peut-être plus pour très longtemps…

- ART MODERNE ET CONTEMPORAIN, vente le 6 juillet, Galerie Charpentier, Sotheby’s, 76, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris, tél. 01 53 05 53 05, www.sothebys.com - ART MODERNE ET CONTEMPORAIN CHINOIS, « FRANCE-CHINE, UN ALLER-RETOUR », vente le 29 juin, Artcurial, hôtel Dassault, 7, Rond-Point des Champs-Élysées, 75008 Paris, tél. 01 42 99 20 20 ; exposition publique : du 23 au 27 juin 11h-20h, www.artcurial.com

SOTHEBY’S - Expert : Grégoire Billault - Estimation : 3 millions d’euros - Nombre de lots : 156 ARTCURIAL - Spécialiste : Pia Copper - Estimation : 1 million d’euros - Nombre de lots : 106

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°240 du 23 juin 2006, avec le titre suivant : Encore plus d’art contemporain

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