Archéologie

Enchères olympiques

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 15 avril 2009 - 566 mots

Des amateurs du monde entier se sont déplacés en Bretagne pour acheter les antiques de la collection Bellon.

VANNES - L’hôtel des ventes de Vannes, ville du Morbihan de 60 000 habitants, a connu une activité inhabituelle en ce début avril, laquelle a bénéficié à l’hôtellerie locale durant trois jours. Une partie de la collection d’antiques de Louis Gabriel Bellon, amateur éclairé du XIXe siècle, y était exposée avant sa dispersion le 4 avril chez Jack-Philippe Ruellan. La vente s’articulait essentiellement autour de trois volets consacrés successivement aux vases grecs, aux verres antiques et enfin aux tanagras. « Tout a été transcendé. La collection a fait venir des gens du monde entier ! », s’étonne encore le commissaire-priseur vannetais. Grâce au travail de l’expert parisien Christophe Kunicki, les amateurs d’archéologie des quatre coins de la planète ont non seulement été avertis de cette redécouverte d’importance, mais ils se sont aussi déplacés pour la voir. Figuraient les grands marchands new-yorkais Selim Dere (galerie Fortuna Fine Arts) et Jerome M. Eisenberg (galerie Royal-Athena) ; le Suisse Jean-David Cahn ; le Londonien Rupert Wace ; le marchand allemand Günter Puhze, expert en vases grecs, ainsi que plusieurs spécialistes venus du Canada, de Hollande ou de Jérusalem, sans oublier le cercle parisien des professionnels de l’Antiquité. Les collectionneurs de tous horizons et les institutions internationales, au premier rang desquelles le Musée du Louvre, ont aussi répondu à l’appel. Mais l’invité vedette venait du Qatar, en la personne du cheikh Saud Al-Thani. Au final, on comptait plus de 120 enchérisseurs, qui ont fait flamber les modestes et attractifs prix d’entrée. Selon plusieurs observateurs, « on n’a[vait] pas vu tel rassemblement de professionnels, de musées et de collectionneurs depuis la vente de la collection d’antiques de la comtesse de Béhague en 1987 à Monaco chez Sotheby’s ».
Au terme de sept heures de batailles d’enchères sur tous les lots sans exception, les 400 000 euros d’estimation se sont démultipliés en un total de 3,5 millions d’euros. Parmi les vases grecs, un très rare guttus de type théière du Ve siècle avant J.-C. à figures rouges sur fond noir, attribué au « Peintre de Palerme », est monté à 79 200 euros, contre une estimation de 10 000 euros. Un exceptionnel canthare à figures noires, estimé 20 000 euros, et un rarissime mug décoré par le « Peintre de Berlin 2268 », estimé 6 000 euros, se sont respectivement envolés à 110 400 et 166 800 euros, deux pièces aussitôt préemptées par le Louvre, sous les applaudissements du public. Le musée a également préempté plusieurs tanagras, dont une pièce archaïque montrant une boulangère au fourneau, pour 150 000 euros, soit trente fois la mise. Le cheikh du Qatar a poussé les enchères sur les plus belles pièces de verrerie, emportant entre autres, pour 168 000 euros, une rare amphorisque italienne du Ier siècle, en verre bleu tacheté blanc, jaune et rouge, estimée 8 000 euros, ainsi qu’un petit flacon de la même époque, à décor rubané de bandes verticales colorées, pour 120 000 euros, soit 120 fois son estimation. Dotés de moindres moyens, les musées du Petit Palais (Paris), de Berck (Pas-de-Calais) et d’Amiens (Somme) se sont satisfaits d’achats bien plus modestes en verrerie.

ANTIQUES DE BELLON

Estimation : 400 000 euros
Résultats : 3,5 millions d’euros
Nombre de lots vendus : 373
Lots vendus : 100 %
Nombre de préemptions : 14

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°301 du 17 avril 2009, avec le titre suivant : Enchères olympiques

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