Entretien

Emmanuelle Vidal-Delagneau, commissaire-priseur et gestionnaire de patrimoine artistique et culturel, Paris

« Un service de gestion sur mesure »

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 6 septembre 2011 - 689 mots

Armelle Malvoisin : Comment êtes-vous devenue commissaire-priseur ?
Emmanuelle Vidal-Delagneau : À l’âge de huit ans, j’ai assisté à une vente aux enchères pour la première fois. J’ai tout de suite été emballée par ce métier, mais mes parents me voyaient plutôt poursuivre des « études plus sérieuses ». Plus tard, j’ai intégré une école de commerce tout en poursuivant des études d’histoire de l’art pour le plaisir. Pendant mes deux premières années en école de management, j’ai multiplié les expériences professionnelles dans différents secteurs d’activité pour trouver ma voie. Durant ma troisième année, c’est un projet mené pour le Musée des beaux-Arts de Lyon qui m’a rappelée combien je souhaitais travailler dans le domaine artistique et culturel. J’ai fini par passer mon examen de commissaire-priseur.

A.M. : Vous avez quitté Christie’s pour monter votre société de gestion de patrimoine artistique et culturel, Adeona (1). Qu’est-ce qui vous a poussé à orienter votre carrière dans cette direction ?
E.V.D. : Durant toutes ces treize années passées chez Christie’s à évoluer dans le marché de l’art international, j’ai vécu des expériences inoubliables. J’ai, par exemple, eu la chance de coordonner d’importantes ventes internationales, comme celles des collections Nathaniel et Albert von Rothschild à Londres ou celle de la collection Akram Ojjeh à New York, Londres et Monaco, en 1999. Et le bonheur de tenir le marteau lors de la vente de la collection Saint Laurent-Bergé à Paris en février 2009. Mais, au fond de moi, j’ai toujours eu le désir de créer ma propre société. J’ai senti que le moment était venu.

A.M. : Vous étiez pourtant très engagée chez Christie’s et proche de François Curiel. Est-ce son départ de Christie’s France qui vous a décidé ?
E.V.D. : J’ai effectivement travaillé en étroite collaboration avec François Curiel pendant plus de dix ans. J’ai aussi beaucoup appris des anciens présidents Charles Hindlip et Edward Dolman, ainsi que de Charles Cator, le vice-président du groupe. Je garderai de merveilleux souvenirs de Christie’s. La perte de mes deux parents l’an dernier a sans doute été un facteur déclencheur. Il fallait que je passe à autre chose. Ma nouvelle activité va me permettre de travailler différemment.

A.M. : Qu’est-ce Adeona exactement ?
E.V.D. : Ma société Adeona – du nom de la déesse romaine qui préside aux arrivées et mène les personnes à bon port – propose un service sur mesure de gestion à long terme de collections, en toute discrétion, et en complément des services proposés par les maisons de ventes. Par exemple, faut-il vendre tout ou partie de son patrimoine artistique ou, au contraire, le conserver ? Par ailleurs, pour certains de mes clients, il s’agit aussi de trouver des synergies ou un équilibre entre la valorisation de leur collection et celle de leur monument historique.

A.M. : De quelle façon êtes-vous liée à Christie’s aujourd’hui ?
E.V.D. : J’interviens en tant que consultante pour mener à bien, les 19, 20 et 21 septembre, la vente des collections garnissant le palais abbatial de Royaumont, dont j’avais dirigé l’inventaire au cours de mes précédentes fonctions. Je vais également superviser, en novembre, la vente annuelle des vins des hospices de Beaune, dont j’ai été responsable ces six dernières années.

A.M. : Parlez-nous de cette vente de Royaumont. Pourquoi a-t-elle été organisée si tôt dans la saison ?
E.V.D. : Joyau de l’architecture, le palais abbatial de Royaumont, près de Chantilly, abrite une collection de grand charme dans laquelle figurent des trésors du néoclassicisme, dont une spectaculaire table attribuée à Thomire, estimée 500 000 à 800 000 euros. L’ensemble, composé de plus de 800 œuvres, est estimé environ 4 millions d’euros. L’exposition préalable à la vente aura lieu sur place, au palais abbatial, permettant ainsi aux visiteurs de découvrir les lieux tels qu’ils ont été élégamment aménagés il y a près d’un siècle par le baron et la baronne Eugène Fould-Springer. Nous avons souhaité que ce lieu formidable, qui n’avait jamais été ouvert au public, puisse être visité à l’occasion des Journées européennes du patrimoine, les 17 et 18 septembre. Les dates de la vente ont été calées dans la foulée.

(1) Adeona - Cultural Assets & Art Management, tél. 06 19 19 41 98

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°352 du 9 septembre 2011, avec le titre suivant : Emmanuelle Vidal-Delagneau, commissaire-priseur et gestionnaire de patrimoine artistique et culturel, Paris

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