Éloge de Duino

La vente franco-italienne double ses estimations

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 4 juillet 1997 - 497 mots

Les chiffres de la vente du mobilier du château de Duino sont éloquents : un produit de 9,9 milliards de lires frais inclus (32,5 milions de francs), près du double de l’estimation ; 98,6 % des lots vendus ; 20 000 visiteurs au cours des quatre jours d’exposition. Organisée sur place par Mes Beaussant et Lefèvre, en collaboration avec la maison de vente Stadion de Trieste qui tenait le marteau, cette dispersion animée et réussie était la première vente française à l’étranger depuis trente ans.

DUINO. Une douzaine de portraits des membres de la famille princière des Turn und Taxis et autant de natures mortes ne figuraient pas au catalogue, la surintendance des Beaux-Arts ayant déjà exercé son droit de préemption. Sur 1 615 lots, vingt-cinq ont fait l’objet d’une notification in situ, prononcée au dernier moment, leur interdisant de quitter les lieux, dont le pianoforte de Schantz sur lequel jouait Liszt lors de ses séjours à Duino, qui est resté invendu. Un amateur s’était pourtant montré disposé à l’acquérir, à assurer les frais de restauration et à le laisser au château s’il était autorisé à venir en jouer de temps à autre. Estimée 10-15 millions de lires, une grande table toscane en noyer massif du XVIIe siècle a été adjugée 141 millions de lires, frais inclus, et une pendule veilleuse, probablement de la fin du XVIIe siècle, 51 millions de lires – plus de huit fois l’estimation basse. Un grand lit nuptial du XVIIe siècle, plusieurs fois restauré, a atteint 40 millions de lires sur une estimation de 7,5 à 9 millions de lires. Pourtant très attendu, le Portrait de Mathias Hofer, prudemment "attribué à Lambert Sustris" et estimé entre 180 et 300 millions de lires, n’a pas été vendu, les enchères s’étant arrêtées à 170 millions de lires. Interdit d’exportation mais libre de quitter Duino, un mobilier de salon napolitain en bois sculpté laqué blanc et doré de la fin du XVIIIe siècle, ayant appartenu au prince Eugène de Ligne, ambassadeur à Naples, a décroché l’enchère la plus élevée, 420 millions de lires, en dépit des rumeurs d’une éventuelle préemption. Cinq bustes de divinités antiques en marbre blanc, non datées, ont fait tomber 141 millions de lires dans l’escarcelle du prince de Torre e Sasso. Parmi les peintures, Les Adieux de René à sa sœur, une huile romantique de Lancelot Théodore Turpin de Crissé, a été cédée à plus de 115 millions de lires, et une grande toile d’Andrea Micheli, dit le Vincentino, La dogaresse Morosina Morosini-Grimani passant sur la Piazzetta de Venise, a été acquise 165 millions de lires par téléphone. Estimé entre 7 et 9 millions de lires, le grand lit "composé d’éléments vénitiens du XVIIIe siècle", destiné aux "hôtes d’importance de Duino", a été adjugé 54 millions de lires. Venant de la bibliothèque du château, un somptueux antiphonaire de l’école de Padoue a été acheté 117 millions de lires par la Fondation Irigem, malgré la notification annoncée vingt minutes avant la vente.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°41 du 4 juillet 1997, avec le titre suivant : Éloge de Duino

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