Madrid

Du sang neuf pour l’ARCO

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 19 juillet 2007 - 571 mots

La foire de Madrid organisée du 15 au 19 février, s’est bonifiée et internationalisée. La segmentation du vernissage n’a toutefois pas profité aux exposants.

 MADRID - Après le flottement perceptible l’an dernier, l’ARCO, la foire d’art moderne et contemporain de Madrid, s’est visiblement ressaisie. En rationalisant ses secteurs, le salon leur a offert une meilleure visibilité. Bien que l’insertion de la vidéo s’avère souvent hasardeuse dans les foires, la Black Box offrait une programmation des plus alléchantes. Il y avait de quoi s’attarder entre les énigmatiques croassements de corbeaux destinés à attirer les oiseaux dans l’enceinte de l’ARCO par l’Américain Jordan Wolfson chez T293 (Naples), et le corps féminin couvert de tissus africains colorés, dont la présence ne se devine que par une sensible respiration, par Grace Ndiritu chez Vacio 9 (Madrid). Certains « Proyectos » sortaient aussi du lot, comme celui de Barthélémy Toguo, accompagné d’une performance au sujet de la prison de Guantanamo chez Mario Mauroner (Vienne-Salzbourg). En revanche, la section coréenne, dont l’invitation on ne peut plus politique coïncidait avec la signature le 12 février d’un mémorandum entre la Corée du Sud et l’Espagne, a déçu par une litanie de propositions aussi ineptes que clinquantes. Le commerce a toutefois été ralenti par la dilution du vernissage sur trois jours. Sans l’énergie habituellement festive de l’inauguration, les exposants, même les plus aguerris comme les Parisiens Lelong ou Louis Carré & Cie, vendaient « mou ». L’absence des grands collectionneurs, happés par des événements plus glamour, donnait toutefois le champ libre aux esprits avisés. C’est un étranger résidant en Espagne qui a emporté une rarissime nature morte de 1918 de María Blanchard chez Guillermo de Osma (Madrid). La galerie 1900-2000 (Paris) a, quant à elle, cédé son Oscar Domínguez en cuivre au Musée Domínguez de Tenerife. Le collectionneur Antoine de Galbert ne s’y est pas trompé en achetant chez Gabrielle Maubrie (Paris) un panneau de Didier Faustino d’où se détachait en creux et en portugais : « tout n’est pas vérité ». De même, les amateurs n’auraient pu esquiver le petit mur de bijoux conçu par Natalie Seroussi (Paris) avec une sculpture en pain de Picasso de 1941 et un paysage cosmique miniature d’Oscar Domínguez. Contrairement à l’antienne habituelle, les Espagnols ont été acheteurs, et pas que de leur terroir, comme en a attesté la vente rapide de trois sculptures en Plexiglas de Tobias Rehberger chez Heinrich Ehrhardt (Madrid). Les différentes transactions effectuées autour de Bustamante, Rehberger ou encore Helmut Dorner laissent même penser que le Plexiglas est la matière préférée de la péninsule ibérique ! La palme des transactions revient à une surprenante galerie de Mexico, Hilario Galguera, âgée d’à peine un an. La valeur, du moins économique, n’attend pas le nombre des années, puisque celle-ci proposait une exposition personnelle de Damien Hirst. Séjournant la moitié du temps au Mexique, l’artiste britannique aurait-il voulu donner un coup de pouce à cette jeune enseigne ? Difficile de connaître le fin mot de cette histoire. Quoi qu’il en soit, la présence d’une star du Top 50 du marché dans une foire locale a fait sensation. La galerie a cédé en deux heures huit peintures dans une gamme de 300 000 à 700 000 dollars. Elle attendait encore 4 millions de dollars pour History of pain, une installation composée de couteaux et d’un ballon les surplombant grâce à une soufflerie. Une métaphore de l’équilibre précaire d’une foire, mais surtout de la vie.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°254 du 2 mars 2007, avec le titre suivant : Du sang neuf pour l’ARCO

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