Monte-Carlo

Du nouveau sous le soleil ?

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 8 juillet 2005 - 653 mots

Raccourcie et rajeunie, la Biennale de Monaco mise sur un rebond du 30 juillet au 7 août.

 MONACO - La Biennale des antiquaires de Monaco se place sous le signe du changement : contraction de la manifestation de dix-sept à dix jours, décor unifié, amélioration des volumes, nouveaux exposants… Un lifting motivé par la passation de flambeau de l’antiquaire Jacques Perrin, cofondateur du salon avec Maurice Segoura et Mario Bellini, à Philippe Perrin et Amaury de La Moussaye. Signe du retrait de la vieille garde, Mario Bellini ne participera pas à la manifestation, âge canonique oblige. Initialement confiée à Yves Bouvier, maître d’œuvre du Salon des antiquaires de Moscou, l’organisation est finalement revenue à Patrick Perrin, codirecteur de la Société d’organisations culturelles (SOC). Les remaniements que l’organisateur suisse voulait apporter au plan de la manifestation auraient irrité certains exposants. Ses idées n’en ont pas moins inspiré le nouvel aménagement de la foire. Ironie toujours, le changement de prestataire conduit les frères Philippe et Patrick Perrin, réputés pour ne pas s’entendre comme larrons en foire, à travailler ensemble lors des trois prochaines éditions du salon. Le pragmatisme a parfois raison des différends, du moins dans la jeune génération !

Seconde zone
La liste des exposants s’est révélée évolutive au gré des annulations de dernière minute et des arrivants tardivement annoncés. Leur nombre a été revu à la baisse par rapport à la trentaine habituellement de mise. Pour ouvrir la Biennale à de nouvelles spécialités et se caler sur le marché actuel, les organisateurs ont convié cette année les Parisiens Philippe Seguin et Enrico Navarra. Maître dans l’art du marketing, Enrico Navarra mise sur des produits gagnants comme Jean-Michel Basquiat avec Made in Japan (2,4 millions de dollars, 1,9 million d’euros) ou Keith Haring (200 000-400 000 dollars). En contrepoint, Philippe Seguin déploie un meuble en acajou de Charlotte Perriand (200 000 euros) et un bureau Président de Jean Prouvé (150 000 euros). De quoi dépoussiérer les habitudes des visiteurs classiques en quête de lambris et courbes Louis XV ! Le spécialiste en arts primitifs Bernard Dulon (Paris) motive sa présence par l’exposition d’art africain organisée simultanément au Grimaldi Forum. Son escarcelle comprend des bijoux en or Baoulé autour de 15 000 euros, une statue Yoruba (80 000 euros) et, chose inédite, quelques objets précolombiens. Ce choix vient se marier aux meubles d’André Sornay apportés par la nouvelle recrue Alain Marcelpoil (Rillieux-la-Pape, Rhône).
Qui dit renouvellement des troupes dit fatalement marchands mécontents. L’antiquaire Olivier Renard (Beaulieu-sur-Mer, Alpes-Maritimes) a ainsi annulé sa venue faute d’approuver le nouvel emplacement qui lui était dévolu. « À la Biennale, il y a toujours une zone de prestige, et une seconde zone plus petite que les organisateurs ont toujours du mal à remplir, confie-t-il. On a voulu m’y placer, alors que je participe depuis seize ans ; j’ai refusé. Les organisateurs ont fait un mauvais choix en pensant que les galeries qui étaient là depuis longtemps leur étaient acquises. » D’autres enseignes pressenties comme Downtown et l’antiquaire Anne-Marie Monin ont aussi décliné l’invitation. « Toutes les ventes ressemblent à des miracles, aujourd’hui plus que jamais. Le miracle aura-t-il lieu à Monaco ?», s’interroge Anne-Marie Monin, préférant donner la priorité au réaménagement de sa galerie parisienne.
Les réticences s’expliquent par une humeur commerciale en berne depuis deux ans. Pour compenser les incertitudes sur le plan des affaires, certains invoquent l’aspect prophylactique du salon. « Les horaires sont merveilleux, c’est un peu les vacances. Il n’y a pas beaucoup de monde, mais c’est un bon public décontracté », souligne le spécialiste en orfèvrerie Bernard de Leye (Bruxelles), de retour avec de menus plaisirs en or et argent entre 20 000 euros et 2 millions d’euros. Espérons qu’outre la décontraction des visiteurs un autre aiguillon sera au rendez-vous : le désir !

BIENNALE DES ANTIQUAIRES DE MONACO

30 juillet-7 août, Sporting d’hiver, place du Casino, Monte-Carlo, tél. 377 92 16 60 46, www.biennaledesantiquaires-monaco.com, tlj 16h-21h.

Biennale de monaco

- Comité d’organisation présidé par Maurice Segoura - Nombre d’exposants : 23 - Nombre de visiteurs en 2004 : 20 000 - Coût des stands : de 5 000 à 30 000 euros

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°219 du 8 juillet 2005, avec le titre suivant : Du nouveau sous le soleil ?

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