Analyse

Du côté des modernes

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 8 octobre 2004 - 511 mots

Alors que le mois d’octobre est rythmé par de nombreuses foires d’art contemporain, Sotheby’s et Christie’s préparent leurs prestigieuses ventes de novembre.

Un salon chassant l’autre, l’actualité quitte le monde antiquaire de la Biennale pour plonger dans celui des foires d’art contemporain. Depuis l’arrivée inopinée de Frieze Art Fair l’an dernier, celles-ci sont les trois principales à se bousculer aux portillons d’octobre. Des foires qui pèchent souvent par excès de jeunisme. Si une manifestation à dominante contemporaine se conçoit à Londres ou en Allemagne, la France est un terreau bien moins porteur. D’après Artprice, 50 % des tableaux contemporains ont été adjugés en France à moins de 500 euros. Aux États-Unis, le prix moyen est de 20 000 dollars (16 130 euros) et en Angleterre de 48 000 livres sterling (69 480 euros). Dans un tel contexte, la Foire internationale d’art contemporain (FIAC) devrait veiller à ne pas perdre définitivement son assise moderne.
Le trop-plein d’événements ne semble décidément pas effaroucher les marchands. L’avenir serait-il aux accrochages de stocks, plus ou moins renouvelés, au détriment des expositions individuelles en galerie ? Les VIP ne faisant plus l’effort du déplacement, les professionnels se transforment en VRP. On peut d’ailleurs remarquer que la plupart des nouveaux salons se créent à l’instigation des marchands eux-mêmes et non des organisateurs de foires. Pourtant, les schémas les plus brillants s’essoufflent vite. Il en va ainsi de Kaos-Parcours des mondes, qui aurait pu distancer Bruneaf, mais dont la mécanique semble grippée. Qu’en sera-t-il des microsalons bruxellois, qui, échafaudés de manière informelle, pourraient se démonter tout aussi vite ?
Côté ventes publiques, les dernières annonces ont plus de lustre à l’international qu’en France où les ventes courantes restent le lot quotidien. Dans le duel international entre Sotheby’s et Christie’s, la balance penche décidément en faveur de la première. En deux semaines, la société américaine a annoncé une batterie de collections d’art moderne, programmées lors de la vente nocturne du 4 novembre à New York : six tableaux de la collection Hester Diamond (65 millions de dollars), la collection Cherry (22,5 à 33,5 millions de dollars), la Maternité de Gauguin (40 à 50 millions de dollars), la collection de sculptures de Philip et Muriel Berman (20 à 30 millions de dollars), sans compter les œuvres sans pedigree. Si les prévisions établies à 208,5-290,6 millions de dollars pour seulement 60 lots sont respectées, Sotheby’s damera le pion à sa concurrente, dont la evening sale du 3 novembre affiche un produit estimatif de seulement 111,7-157,9 millions de dollars. Le rendez-vous de Christie’s comporte un tableau de Sisley, Soleil de printemps, (est. 2 à 3 millions de dollars), spolié durant la Seconde Guerre mondiale et restitué en juin au baron Pierre de Gunzburg. La pêche des restitutions est moins miraculeuse qu’en novembre 2003, lorsque Christie’s avait cédé pour le prix record de 22,4 millions de dollars la Femme en rouge et vert de Léger. La vente du Sisley surprend d’autant plus que Pierre de Gunzburg avait déclaré en juin qu’il ne vendrait pas un tableau récupéré par la force de sa ténacité...

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°200 du 8 octobre 2004, avec le titre suivant : Du côté des modernes

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