Drouot stagne, les maisons étangères progressent

Les commissaires-priseurs dénoncent l’inégalité fiscale

Le Journal des Arts

Le 1 septembre 1996 - 514 mots

Drouot avait tenu les élections présidentielles et municipales pour responsables de la baisse de 5,6 % de son chiffre d’affaires au cours du premier semestre 1995 par rapport à l’exercice précédent. Cette année, on parle officiellement d’un \"contexte économique peu propice aux investissements\" pour expliquer la stagnation du produit des six premiers mois de 1996, environ 1,1 milliard de francs pour les tableaux, meubles et objets d’art, net de frais et de rachats. Par ailleurs, le tableau d’Art Sales Index que nous publions page 59 montre que la France a encore perdu des parts de marché.

PARIS - Drouot parle, avec un optimisme forcé, de "stabilité encourageante", et souligne que le produit vendu a augmenté de 30 % à Drouot Montaigne (tout en baissant dans d’autres lieux de vente) par rapport au premier semestre 1995. Le bilan du premier se­mestre a profité de la dispersion de quelques grandes collections, comme celles d’art primitif du groupe Pierre 1er, de Pierre Guerre, Van Bussel et Jernander, ou les tableaux impressionnistes d’Henry Potez, par exemple. Le reste du marché va mal, et les commissaires-priseurs se plaignent amèrement depuis de longs mois de la difficulté à vendre des objets, tableaux et meubles de qualité moyenne.

Me Joël-Marie Millon, président de Drouot, accuse les taux de TVA sur les objets d’art à l’importation, coupables, à son avis, d’étouffer les ventes publi­ques en France. "Les commissaires-priseurs français ne sont ni meilleurs ni pires que les auctioneers de Sotheby’s et Christie’s, explique-t-il. Ces derniers ont enregistré une hausse de leur chiffre d’affaires grâce aux ventes de tableaux mo­dernes. Or, en France, nous n’avons pas eu de ventes importantes dans ce do­maine en raison de l’inexistence d’un marché à l’importation, due au droit de suite et aux taxes à l’importation, bien plus fortes qu’en Grande-Bretagne ou aux États-Unis. Il ne faut pas oublier non plus la mauvaise conjoncture en France, qui n’est évidemment pas de notre faute."

Pendant les six premiers mois de 1996, Christie’s a enregistré un chiffre d’affaires de 486 millions de livres (739 millions de dollars, soit environ 3,7 milliards de francs), en augmentation de 6 % en livres sterling, 2 % en dollars, par rapport à 1995. 

Phillips et Bonhams en hausse
Sotheby’s, en revanche, accuse une baisse de 5 %, après avoir vendu pour 525 millions de livres (786 millions de dollars, soit à peu près 3,9 milliards de francs) pendant le premier semestre. Mais grâce au nouveau taux vendeur introduit par les deux maisons britanniques à l’automne dernier, les bénéfices de Sotheby’s ont néanmoins augmenté de 22 % pendant le premier semestre pour atteindre 20,4 millions de dollars (100 millions de francs, environ).

Les chiffres d’affaires des deux autres grandes maisons de vente britanniques étaient également à la hausse pour la période d’août 1995 à juillet 1996 : 12,5 % (106 millions de livres, soit environ 830 millions de francs) chez Phillips, 18,5 % (44 millions de livres, 347 millions de francs) chez Bonhams. Enfin, Dorotheum, de Vienne, a vu le produit de ses ventes croître de 6 % pendant les six premiers mois de 1996.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°28 du 1 septembre 1996, avec le titre suivant : Drouot stagne, les maisons étangères progressent

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