Dessine-moi un Gauguin

Les ventes de dessins à Paris ont connu le succès et battu des records

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 18 avril 2003 - 807 mots

Quatre ventes de dessins se sont succédé du 24 au 27 mars à Paris. Le 26 mars, un pastel de Gauguin a battu tous les records chez Piasa. L’enthousiasme des collectionneurs internationaux pour les belles feuilles françaises et italiennes confirme la vitalité de la spécialité sur le marché parisien.

PARIS - Entre le 24 et le 27 mars, quatre ventes spécialisées ont consacré le dessin ancien et moderne dans la capitale française. Près de mille feuilles étaient ainsi à saisir. La maison Tajan a ouvert les festivités le 24 mars à l’Espace du même nom. Quatre Boucher étaient particulièrement attendus. Le sujet le plus original réalisé à la sanguine, La Chinoise jouant avec un chat, réalisé vers 1744-1748, est parti à 66 200 euros, le double de son estimation. Zéphyr et Flore, un crayon noir et rehauts de craie blanche, touche de pastel rose et aquarelle bleue sur papier gris-bleu, est monté à 57 800 euros contre une estimation de 20 000 euros. Renaud et Armide, un dessin à la plume et encre brune estimé 12 000-15 000 euros, a été adjugé 26 500 euros tandis que, pour le quatrième lot de l’artiste, Psyché et l’Amour sur les nuages, estimé 12 000-15 000 euros, l’acheteur a gardé les pieds sur terre avec une adjudication de 14 500 euros, un prix honorable compte tenu des restaurations dans les coins et des rousseurs de l’œuvre. Une belle étude de chevaux du XVIe siècle de Domenico Campagnola a été saluée à hauteur de 50 500 euros, un peu plus de trois fois l’estimation supérieure. Les amateurs ont également apprécié trois compositions architecturales animées d’Hubert Robert estimées 10 000 euros chacune et acquises à 20 500, 30 100 et 38 500 euros. La Vieille Meute (estimée 20 000 euros) et Le Forhu (estimé 12 000-15 000), deux œuvres préparatoires de Jean-Baptiste Oudry ayant servi à l’élaboration de cartons d’une suite de tapisseries pour les chasses de Louis XV, destinées à décorer les appartements du roi à Compiègne, ont été vendues 50 500 et 30 100 euros, et un Accident près de la porte Saint-Denis par Boilly, estimé 15 000 euros, a été emporté à 50 500 euros.

Un Gauguin (sur)passe, un Ingres reste
Le 26 mars à Drouot, la SVV Piasa enregistrait trois records mondiaux. Le premier a couronné le lot phare de la vente, Tête de Tahitienne, de profil à gauche, vers 1892, un pastel, crayon noir et rehauts de gouache dorée de Gauguin, signé du monogramme, qui est désormais, avec 1 461 460 euros d’adjudication (le double de l’estimation), le dessin le plus cher de l’artiste, à deux doigts du précédent record de 1 436 464 euros pour un sous-main vendu également chez Piasa le 31 mars 2000. Les autres temps forts de la vacation ont porté sur un dessin de Claude Gellée dit Le Lorrain montrant La Chasse d’Ascagne dans un paysage classique, estimé 100 000-120 000 euros et vendu 341 900 euros à un collectionneur américain ainsi que sur une sanguine de Natoire, Triton soufflant dans une conque, adjugée 50 700 euros, ce qui constitue un prix record pour ces deux artistes. Notons aussi qu’une autre sanguine de Natoire, Oriental coiffé d’un turban, étude de mains, un dessin préparatoire pour la tapisserie de l’Histoire de Don Quichotte, a atteint 36 600 euros, soit 3,5 fois son estimation.
Le 27 mars, Thierry de Maigret officiait à Drouot pour une vente de qualité moyenne. On notera cependant une enchère de 59 000 euros pour une Galerie de vues de la Rome antique, de Panini, qui était estimée 30 000-40 000 euros. Le même jour, Christie’s proposait une sélection de 215 feuilles dont un très gracieux Portrait de la princesse Albert de Broglie à la mine de plomb par Ingres, estimé 500 000-800 000 euros. Les enchères se sont pourtant arrêtées autour de 400 000 euros, sous le prix de réserve. “C’est un peu étrange que ce dessin ne se soit pas vendu, commente Nicolas Schwed, directeur international du département des dessins anciens et du XIXe siècle. L’estimation n’était pas timide, mais le dessin la valait bien.” Mis à part cet invendu majeur, cette dernière vacation chez Christie’s s’est bien déroulée. Le plus haut prix,  88 125 euros, revient à Saint Francis recevant les stigmates, une magnifique étude de Barocci pour le Perdono di Assisi, acquise au double de son estimation par un collectionneur américain. Le dessin d’Andrea Di Leone, une étude pour Un Triomphe romain, a été préempté par le Musée du Louvre à 21 150 euros. Enfin, les trois grands portraits d’artistes exécutés par Jean-François Millet, estimés autour de 10 000 euros chacun, ont atteint 76 400, 41 100 et 22 300 euros. Pour Nicolas Schwed, “les bons prix observés pour de nombreuses feuilles montrent que la Semaine du dessin à Paris draine des acheteurs français et internationaux”.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°169 du 18 avril 2003, avec le titre suivant : Dessine-moi un Gauguin

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque