Saint-Germain-des-Prés

Des tableaux en relief

Par Anaïd Demir · Le Journal des Arts

Le 9 juin 2006 - 564 mots

Les galeries de la rive gauche offrent un riche parcours dans lequel se dévoilent
les multiples voies de l’art pictural.

 PARIS - Peinture abstraite ou figurative, la saison pré-estivale prend une épaisseur picturale dans les galeries de Saint-Germain-des-Prés.
La Galerie Laurent Strouk présente un peintre de référence en matière de Figuration narrative : Peter Klasen (jusqu’au 17 juin). S’il peint depuis plus de trente ans, sa peinture à la critique sociale sous-jacente nous apparaît plus d’actualité que jamais. Mêlant la réalité à la fiction, Klasen s’inspire de l’imagerie publicitaire et reprend les techniques photographiques. Djamel Tatah s’appuie, lui, sur ses propres photographies pour réaliser ses peintures figuratives. Sereins et épurés, ses tableaux exposés chez Kamel Mennour convoquent des personnages fantomatiques sur fond monochrome (jusqu’au 30 juin). Dans une veine pop et abstraite, la Galerie Alain Le Gaillard nous laisse découvrir les toiles d’un disciple de John M. Armleder : Luc Aubort (jusqu’au 17 juin). Le style suisse, graphique et géométrique, est ici dynamisé par une palette électrisante faite d’or, d’argent, de turquoise et d’orange… Chez Lara Vincy, Jonier Marin utilise dans ses toiles et collages la dynamique du point d’interrogation, et habille le motif de multiples vibrations informatiques et de couleurs fluo (jusqu’au 17 juin). Ludique et énergique, le Britannique Keith Tyson met l’art en jeu à la Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois (jusqu’au 29 juillet). Son « Art Machine » résume les aventures picturales de l’artiste à travers ses principales séries : des abstraites, inspirées des couleurs de la roulette russe des casinos, aux figuratives, voire explosives.

Des poèmes de Carl Andre
Matérielle, tactile et sensuelle, la peinture n’hésite pas à s’offrir en 3D jusqu’à devenir installation avec Miquel Mont. Pour sa première exposition personnelle à la Galerie Aline Vidal (jusqu’au 22 juillet), celui-ci apporte des monochromes sur contreplaqué : la série « Pores » montre un bois perforé, laissant apparaître la cimaise. Dewar & Gicquel, Bruno Peinado, Alain Declercq, Stéphane Sautour… : l’exposition « Big » (jusqu’au 24 juin) chez Loevenbruck voit grand et fait le tour des artistes de la galerie à travers des œuvres inédites. Pièce Unique invite une pointure du design qui a choisi de lier sa pratique à la sculpture : le Franco-Argentin Pablo Reinoso – également directeur artistique de renom pour LVMH – se propose de s’occuper de notre station assise. Les fameuses chaises de bistrot Thonet datant du XIXe siècle sont revisitées par ses soins alors qu’il sème le trouble entre design et sculpture avec un étrange banc (jusqu’au 25 septembre).
Les talents poétiques d’une figure historique de l’art conceptuel comme Carl Andre ont rarement été révélés. On découvre avec plaisir ses poèmes des années 1970 discrètement accrochés sur les murs de la galerie Arnaud Lefebvre, sur des feuilles de papier machine (jusqu’au 24 juin). À deux pas de là, la Galerie Incognito verse, elle, dans un art conceptuel plus actuel : Aldo Caredda a tapissé les murs de la mini-galerie de ses drôles d’empreintes digitales (jusqu’au 17 juin). Emballées sous plastique, ces œuvres glissent de l’humour au réflexif. De l’humour, le visiteur en trouve aussi à la Galerie Anton Weller, qui rouvre ses portes rue Christine. Après quelques années d’éclipse, son nouvel espace est inauguré avec le Québécois Wyn Geleynse et ses installations vidéo au caractère burlesque (jusqu’au 24 juin). Un parcours qui a plus de relief qu’on ne pourrait le croire de prime abord.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°239 du 9 juin 2006, avec le titre suivant : Des tableaux en relief

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