Ventes aux enchères

Orfèvrerie

Des résultats encourageants

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 11 mai 2016 - 784 mots

Les ventes organisées par Sotheby’s et Christie’s début mai se sont révélées prometteuses pour un marché qui s’était dernièrement replié. L’occasion de revenir sur cette spécialité de niche.

PARIS - Si Sotheby’s organise des vacations exclusivement dévolues à l’orfèvrerie européenne, Christie’s inclut cette catégorie dans ses ventes de mobilier et objets d’art ancien « pour toucher un plus large panel de clients », confie Marine de Cenival, directrice du département orfèvrerie de Christie’s Paris. Mais dans les deux cas, les deux maisons ont atteint leurs estimations hautes. Grâce à « L’orfèvrerie belge au sein de la vente “Le goût français” », organisée les 3 et 4 mai, Christie’s a récolté 1,2 million d’euros (estimation 700 000 euros à 1 million d’euros), tandis que la vente « Importante orfévrerie européenne », le 3 mai chez Sotheby’s, a totalisé 1,8 million d’euros (est. 1 à 1,5 million d’euros), un bon score avec 73 % des lots vendus. « Le résultat était inattendu car ces dernières années nous rencontrions plus de difficultés », commentait Thierry de Lachaise, directeur du département d’orfèvrerie de Sotheby’s Paris. « Le marché, indiscutablement, se restreint, mais les bonnes surprises sont encore nombreuses », poursuit-il, comme pour ce hanap en forme de chouette en argent et vermeil (vers 1580), d’origine belge ou allemande, adjugé à 207 000 euros (est. 25 000 à 35 000 euros), l'enchère la plus élevée de la vente. La Belgique était également à l’honneur chez Christie’s où six timbales en argent exécutées par Dierick Van Eyck II (Malines, XVIIe siècle) ont été adjugées 48 300 euros (est. 40 000 à 60 000 euros).

Comme la plupart des marchés, celui de l’orfèvrerie subit des aléas. « Les pièces classiques et simples ne sont plus du tout recherchées et obtiennent de petits prix. En revanche, l’effet collection fonctionne très bien. De même, pour les pièces rarissimes ou de provenance prestigieuse, les amateurs français et étrangers sont toujours présents », note Marine de Cenival.

Paris et Londres, places historiques
Paris reste le centre historique de la vente d’orfèvrerie, depuis que toutes les plus belles collections y ont été dispersées, dans la première moitié du XXe siècle. « Les grands collectionneurs historiques avaient une nette préférence pour l’orfèvrerie française du XVIIIe siècle [López-Willshaw, David-Weill, Weiller…] », explique Marine de Cenival. L’orfèvrerie du XIXe siècle attise quant à elle les convoitises d’amateurs venant de l’Europe orientale ou de l'Asie, ainsi que les nouvelles fortunes, alors que les anciens collectionneurs préfèrent les pièces du XVIIe siècle au style épuré et très rare. L’autre pôle est New York : « Les Américains du Nord ont, tout au long du XXe siècle, montré une appétence particulière pour les arts de la table », relève Thierry de Lachaise. Londres est également une autre place forte, même si l’orfèvrerie anglaise traverse une période difficile.

Traditionnellement, l’orfèvrerie française est collectionnée principalement par les Français. Les pièces étrangères attirent naturellement les amateurs étrangers à l’instar des Slaves pour l’orfèvrerie russe, laquelle, si elle remporte un grand succès à Paris, retourne souvent dans son pays d’origine. « Cependant, le fait que Sotheby’s ait une forte proportion d’acheteurs et vendeurs étrangers, induit l’élargissement du champ d’intérêt des amateurs français, qui se tournent par exemple vers l’orfèvrerie italienne pour son côté très décoratif. Néanmoins, si l’on se réfère à l’orfèvrerie provinciale, il est vrai que, encore assez souvent, les amateurs résidant dans une région en recherchent activement des pièces portant ses poinçons », souligne Thierry de Lachaise. Aujourd’hui, les acheteurs se répartissent entre 30 % à 40 % de Français et 60 % d’étrangers.

Recueille également les faveurs du public l’argenterie américaine, qu’elle soit originaire du Nord (Tiffany) ou du Sud.

Le record absolu est détenu par une soupière en argent, de la main de Thomas Germain, Paris, 1733, vendue chez Sotheby’s à New York le 13 novembre 1996 pour 10,2 millions de dollars. En France, le record appartient à une soupière du service Orloff en argent par Jacques Nicolas Roëttiers (Paris, 1770), cédée chez Christie’s à Paris le 5 novembre 2014 pour 1,7 million d’euros.

Signalons enfin que plusieurs pièces d’orfèvrerie ont fait l’objet de ventes privées ces dernières années, à l’instar du surtout en argent du duc de Luynes par François Désiré Froment-Meurice acquis par le Louvre par l’intermédiaire de Christie’s en 2013, ou d’une paire de pots à oille par Nicolas Besnier, XVIIIe siècle, acquis par le Louvre par le truchement de Sotheby’s en 2014 contre 5,5 millions d’euros. En 2011, l’auctioneer avait déjà vendu, toujours au Louvre et pour près de 3 millions d’euros, une paire de terrines du service de George III d’Angleterre.

Toutes les estimations sont indiquées hors frais acheteur tandis que les résultats sont indiqués frais compris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°457 du 13 mai 2016, avec le titre suivant : Des résultats encourageants

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