Des feuilles plébiscitées

Fortes transactions pour le 10e Salon du dessin

Le Journal des Arts

Le 30 mars 2001 - 611 mots

Vingt-cinq galeries, dont douze étrangères venues de New York, Munich et Londres notamment, avaient sélectionné près d’un millier de dessins du XVIe au XXe siècle pour ce dixième Salon du dessin qui s’est tenu du 21 au 26 mars dans les salons Hoche. Collectionneurs, simples amateurs et conservateurs de musées, français et étrangers, se sont pressés dès le premier soir devant les chefs-d’œuvre sur papier, où l’encre de Chine rivalisait avec la sanguine et l’aquarelle, les portraits avec les scènes de genre et les natures mortes. De nombreuses transactions ont été conclues dès les premières heures.

PARIS - “Le dessin, c’est magique.” Entendu dans les allées du salon, le soir du vernissage, ce jugement semblait partagé par nombre de visiteurs. Séduits ou surpris par les œuvres exposées, tous se montraient particulièrement attentifs et peu enclins à se laisser distraire par les mondanités qui accompagnent généralement une telle manifestation.

Les valeurs sûres dominent comme cette Vestale de Greuze (galerie Didier Aaron) et la Jeune fille implorant une statue de l’Amour du même artiste (galerie Emmanuel Moatti) qui ont très vite trouvé acquéreur, tout comme le Jeune homme tenant une bouteille de vin de Tiepolo (galerie Colnaghi). Tout aussi séduisants : une Étude de valet de François Boucher et des feuilles de Watteau et Lancret (galerie Arnoldi-Livie). Nombre de transactions – 150 d’après l’un des organisateurs du salon – ont été conclues le soir du vernissage. Le Christ mort du Bronzino, qui fut la vedette de la vente PIASA à Drouot le 20 novembre dernier en atteignant 10,6 millions de francs, était présenté par Colnaghi. Il a été acheté avant même l’ouverture du salon par un collectionneur privé. Une Étude préparatoire pour le portrait de Jean-Baptiste Le Gobien de Nattier (1724) était, elle, proposée à 312 000 francs chez Spink-Leger et une Sainte Famille avec études de l’Enfant Jésus de Barocci à 250 000 francs chez Agnew’s.

Un glissement vers l’art moderne ?
La fourchette des prix était en général très large : comprise entre 30 000 et 480 000 F chez Prouté, entre 30 000 et 400 000 francs chez Thomas Le Claire par exemple. Voisinaient avec ces grands noms quelques artistes à redécouvrir tels l’Allemand Menzel (1815-1905) ou le Français Antoine Berjon distingué par un Portrait d’homme au chapeau bicorne, proposé pour la “modique” somme de 900 000 francs par Mark Brady.

Quelques galeries dont celles d’Anisabelle Berès, d’Antoine Laurentin et de Sylvie Brame et François Lorenceau présentaient une sélection de dessins de la première moitié du XXe siècle de Nicolas de Staël, Frantisek Kupka, Henri Goetz ou Georges Valmier. “Nous assistons à un mouvement général, un glissement vers l’art moderne, estime François Lorenceau (lire aussi p. 5). Cette progression constante incite l’amateur à observer des œuvres qu’il ne regardait pas auparavant.” Agnès Sevestre-Barbey, experte en tableaux et dessins modernes chez Tajan, a elle aussi été séduite par la grande variété d’œuvres de toutes les écoles et de toutes les époques, et par les surprises que réservaient nombre de stands dont celui de la galerie Berès – une série d’aquarelle d’Henri Somm – et de la galerie Talabardon et Gautier avec un Cavalier au repos de Toepffer. Des conservateurs de grands musées de Paris et de province arpentaient les stands aux côtés des représentants du British Museum, de la National Gallery, du Getty Museum mais aussi de quelques musées hollandais et allemands. Le Musée d’art et d’histoire de Genève a ainsi acquis L’Homme en pleurs du Genevois Jean-Pierre Saint Ours chez Gabriel Terradès. Temple des marchands de dessins, le salon est aussi un musée éphémère permettant aux visiteurs de “former leur regard”, selon les mots de Jean-Luc Baroni, de la galerie Colnaghi.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°124 du 30 mars 2001, avec le titre suivant : Des feuilles plébiscitées

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