Des émissions d’obligations gagées sur des œuvres d’art

Une banque japonaise propose de nouveaux titres financiers

Le Journal des Arts

Le 28 août 1998 - 353 mots

Une importante compagnie bancaire japonaise appartenant au groupe Sumitomo envisage d’instituer un système consistant à prendre en garantie des œuvres d’artistes vivants pour émettre des obligations.

TOKYO - Inspirée par les 55 millions de dollars (330 millions de francs) garantis par les futures royautés du chanteur de rock David Bowie, également artiste et éditeur, la Sumitomo Trust & Banking Co., qui appartient au très puissant groupe japonais Sumitomo, envisage d’instituer un système par lequel la banque prendrait en garantie les œuvres d’artistes vivants pour émettre des obligations.
Cette idée est actuellement en vogue à New York. Ces nouveaux outils financiers, appelés “garanties sur actifs”, permettent aux investisseurs d’acheter une participation sur des bénéfices à venir, qu’il s’agisse des recettes d’un film, des royautés de pop stars, ou même de la vente de bière dans les pubs britanniques. Le système conçu par Sumitomo s’applique spécialement aux artistes vivants japonais, du moins ceux, précise la banque, qui sont “célèbres”.

Des investisseurs peuvent donc acheter des parts de “propriété intellectuelle”, par exemple de tableaux de Matazo Kayama, le peintre japonais qui se vend le mieux actuellement. Le système vise à contrer les droits prélevés après un décès, qui peuvent aller jusqu’à 70 % de la valeur de la succession. Cette pratique est illustrée par le cas devenu célèbre de l’artiste Togyu Okumura, dont l’œuvre a été détruite à sa mort afin de réduire l’importance de sa succession. En effet, lors d’un deuil, les familles sont souvent forcées de vendre leur maison pour payer les droits auxquels elles sont assujetties. Grâce à ce système, les obligations permettraient à la famille d’un artiste défunt de réunir l’argent nécessaire au paiement des droits sans avoir à vendre de tableaux.

Cet outil de financement ne devrait entrer en application qu’en 2001. Il est cependant surprenant de voir des banques japonaises revenir à un secteur où elles se sont brûlées les doigts à la fin du boom économique du pays. Si des artistes comme Kayama ont encore des acheteurs au Japon, leurs œuvres, comme d’ailleurs celles d’autres artistes encore vivants, ne valent plus que le cinquième de leur prix de 1990.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°65 du 28 août 1998, avec le titre suivant : Des émissions d’obligations gagées sur des œuvres d’art

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