Des débuts prometteurs

Les premières ventes parisiennes de Christie’s

Le Journal des Arts

Le 23 novembre 2001 - 625 mots

Christie’s débute sa carrière parisienne avec un marathon de neuf ventes en six jours, début décembre, avenue Matignon. Lors de ces vacations, cinq collections seront dispersées. Les plus attendues sont celle de René Gaffé, consacrée aux arts primitifs, et celle de Charles-Otto Zieseniss, remarquable par un ensemble de porcelaines de Sèvres du XVIIIe siècle.

PARIS - Tableaux anciens, arts décoratifs du XXe siècle, orfèvrerie, céramique, bibliophilie, arts primitifs...Voilà, dans le désordre, quelques-unes des thématiques des ventes inaugurales parisiennes de Christie’s. Ces neuf vacations, annoncées triomphalement le jour même de la réception par l’auctioneer de l’agrément du Conseil des ventes volontaires, se tiendront sur six jours, entre le 5 et le 13 décembre. De jeunes commissaires-priseurs parisiens, récemment engagés, tiendront le marteau. La maison de ventes de François Pinault a soigné ses effets, programmant pour ces journées particulières la dispersion de cinq collections. Au mobilier, porcelaines de Sèvres, bronzes de Barye et tableaux anciens et XIXe siècle de la collection Charles-Otto Zieseniss succéderont les laques du Japon de Marthe Couvelaire, l’art tribal de René Gaffé, la bibliothèque de Giannalisa Feltrinelli, et, enfin, les arts décoratifs du XXe siècle de Karl Lagerfeld.

Si la collection de René Gaffé n’ouvre pas le bal, sa dispersion le 8 décembre avait été annoncée dès juin dernier. Prévue de longue date, elle est organisée conjointement avec les études Artus associés, Calmels-Chambre-Cohen et l’ancien commissaire-priseur Guy Loudmer, un particularisme lié aux aléas de la réforme des ventes aux enchères publiques et aux volontés de la famille Gaffé. Le volet art moderne de la vente, le 6 novembre à New York au profit de l’Unicef, a remporté 73,3 millions de dollars. Christie’s a choisi Paris pour disperser la collection d’art tribal d’Afrique, Océanie et Amérique du Sud du journaliste et homme d’affaires belge, ami des surréalistes. L’ensemble est estimé plus de 20 millions de francs. Plusieurs statues proposées à la vente ont fait partie des collections d’André Breton et Paul Eluard.

La carte du prestige
Parmi les autres ventes annoncées par Christie’s, la plus attendue sera certainement celle de la collection Charles-Otto Zieseniss. Ce grand amateur français d’origine allemande possédait en particulier une remarquable collection de porcelaines tendres. Il s’était efforcé de réunir une pièce de chaque service sorti des Manufactures de Vincennes, puis de Sèvres au XVIIIe siècle, avec une prédilection pour les assiettes. Quelques-uns des 230 lots du catalogue sont de provenance royale. Les estimations tournent en général autour de 20 000 francs l’unité. C’est aussi aux alentours de 20 000 francs que sont attendus la plupart des laques du Japon de Marthe Couvelaire, amateur d’arts asiatiques, amie du père jésuite Larre et de l’expert Guy Portier. Inros (boîtes à compartiments) des XVIIe et XVIIIe siècles, nécessaires à écrire, kobakos (boîtes à encens) : les cinquante-quatre lots du catalogue sont estimés en tout à 1 million de francs. Ce montant devrait être dépassé lors de la dispersion de la collection de livres de Giannalisa Feltrinelli. Il s’agit de la septième vente consacrée par Christie’s à cette bibliothèque, les vacations précédentes s’étant déroulées à Londres, New York et Rome en 1997 et 1998. Le choix de Paris semble se justifier par le fait que les ouvrages proposés sont tous d’auteurs français. La collection de Karl Lagerfeld, est, elle, parfaitement d’esprit parisien. Il s’agit d’un ensemble d’arts décoratifs du XXe siècle, essentiellement des années 1940, avec, en vedettes, André Arbus et Gilbert Poillerat. Pour les ventes qui s’intercalent entre ces collections, Christie’s joue la carte du prestige. Clou du spectacle : la vente, le 7 décembre, d’un bureau plat d’époque Louis XVI, estampillé Lacroix. Ce meuble, estimé entre 7 et 10 millions de francs, a appartenu à la comtesse Greffuhle, inspiratrice de la duchesse de Guermantes de Proust. Est-il possible d’être plus parisien ?

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°137 du 23 novembre 2001, avec le titre suivant : Des débuts prometteurs

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