Delacroix, vedette des Temps forts de Drouot

Du 17 au 21 novembre, une exposition des chefs-d’œuvre qui constituent les ventes de prestige de la fin d’année

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 9 novembre 2001 - 1241 mots

L’automne fait sortir les chefs-d’œuvre de l’art français pour les ventes de prestige de fin d’année. Plusieurs de ces pièces dont une huile de Delacroix de 1825, Soldat oriental et pur-sang, seront exposées du 17 au 21 novembre à l’occasion des Temps forts de Drouot. Une sélection dont on sait chaque année qu’elle préfigure quelques records.

PARIS - Une fois de plus et nonobstant les projets individuels de quelques-uns, les commissaires-priseurs, réunis sous le précieux label de Drouot, ont mis en commun leurs joyaux qu’ils présenteront dans les salons de Drouot-Montaigne. Au programme, un marathon d’enchères olympiques garanties avec notamment Delacroix passant le flambeau à Delacroix. Car c’est à nouveau une œuvre du génie du Romantisme qui sera sur le devant de la scène lors des Temps forts de novembre avant d’être livrée aux feux des enchères le 17 décembre par l’étude Gros, Delettrez. Soldat oriental et pur-sang, une huile de 37 x 47 cm signée et datée de 1825, reprend le thème de l’Orient et exalte l’âme du Romantisme par la représentation du cheval fougueux. Ce tableau, estimé 5 à 7 millions de francs, a figuré dans de nombreuses expositions sur l’artiste. Toujours en haut de l’affiche quand la qualité est au rendez-vous, la beauté orientale s’illumine également avec une magnifique Vue de Jérusalem, une huile de 101 x 151 cm réalisée par Ernst-Karl Korgen en 1891, qui sera proposée autour de 400 000 francs le 3 décembre par l’étude Chayette & Cheval.

Tour de Babel et belles gravures

Jusqu’où va-t-elle grimper La Tour de Babel, une huile sur panneau datée 1587 et signée de Lucas Van Valkenborch (1530-1597) ? Très attendu le 14 décembre (étude Beaussant-Lefèvre), le tableau au sujet mythique et fascinant, finement traité, montrant l’activité d’un vaste chantier de construction dépassera certainement son estimation de 1,5 million de francs. D’autant plus que trois autres exemplaires de La Tour de Babel du peintre sont conservés aux Musées du Louvre, de Munich et de Mayence. Chez Mes Laurin-Guilloux-Buffetaud, le 7 décembre, on admirera une charmante scène champêtre de Jan Bruegel II intitulée Vertumne et Pomone datée 1627, estimée 800 000 francs. Dans la même fourchette d’estimation, Une chasse au sanglier de Jacob Phillip Hackert datée 1786, ressemble selon l’expert Chantal Maudit à « une curieuse scène de chasse, schématique et raide de composition mais d’un souci des détails et d’une exécution appliquée et minutieuse avec une harmonie lumineuse et colorée » (étude PIASA, 5 décembre).

La gravure ancienne devrait également faire parler d’elle. Elle est à l’honneur le 10 décembre (étude Oger, Dumont) avec Le Moulin, une eau-forte de 1641 de Rembrandt et un burin de 1505 par Dürer, Le Grand Cheval, estimés respectivement 200 000 et 150 000 francs. Pour Sylvie Tocci-Prouté, « ce sont de très belles épreuves de pièces connues ». Lot phare de la 24e vente de la collection d’estampes Henri M. Petiet (étude PIASA, 13 décembre), un bois original gravé par Gauguin Mahna no varua ino réalisé à Paris en 1893-1894, d’après des esquisses faites à Tahiti, risque d’intéresser plusieurs collections publiques internationales. Pour cette pièce unique et particulièrement importante, l’estimation a été fixée à 350 000 francs.

Art moderne et contemporain
Les tableaux modernes ne sont pas en reste. Pour exemple, La Maison de Renoir à Cagnes peint par Matisse et estimée 2 millions de francs (le 30 novembre, étude Calmels, Chambre, Cohen) et Transparence 1935-1937, une huile sur carton contrecollé sur panneau signée Picabia, estimée 1 million de francs (3 décembre, étude Million & Associés). À découvrir également, une sélection d’œuvres proposées le 17 décembre par l’étude Briest. Blue Bed, 1929, une toile surréaliste d’Yves Tanguy pour environ 4 millions de francs, une huile sur contreplaqué de 1965 de Picasso, Homme et chapeau, évaluée 5 à 6 millions, mais aussi une toile de 1933 d’Albert Marquet intitulée Alger par temps calme, attendue autour de 1,5 million de francs, tout comme La Toilette de Vénus, une sculpture en pierre de Rodin, offerte par l’artiste à un ami en 1895 et qui n’a jamais quitté la famille depuis. Le 18 décembre, l’étude enchaîne sur l’art contemporain avec trois œuvres susceptibles de dépasser le million de francs : Paysage avec 4 personnages, une acrylique sur papier entoilé de Dubuffet datée 1975, confiée pour cette vente par la Fondation Dubuffet, un Autoportrait au bleu de travail de Miquel Barceló réalisé en 1995 qui montre un visage double, tantôt souriant, tantôt arborant une tête de mort, et un petit Mao par Warhol qui pourrait friser les 2 millions de francs.

Fleurons du mobilier signés Oeben, Carlin et Weisweiler
Parmi les fleurons du mobilier français, une rare commode à encoignures galbées ouvertes à deux étagères de Simon Oeben sera dispersée le 14 décembre (étude Beaussant-Lefèvre). D’époque Transition Louis XV-Louis XVI, elle faisait partie du mobilier de la propriété du duc de Choiseul démolie en 1823 – le château de Chanteloup près d’Amboise dont elle porte la marque au feu. Dans la même vente, pour la même estimation de 400 000 francs, une très belle table de salon en acajou mouluré, à trois plateaux formant écritoire, d’époque Louis XVI, estampillée M. Carlin, est la pièce vedette d’une collection importante constituée il y a cinquante ans. Enfin, deux lots phares retiendront l’attention le 12 décembre (étude Nicolay). D’une part, une belle marquise en bois sculpté et doré d’époque Louis XVI est à saisir à partir de 150 000 francs. Non signée mais attribuée à Georges Jacob, sa marque au feu du palais des Tuileries lui assure un pedigree prestigieux. D’autre part, un ensemble de six chaises dont trois estampillées Étienne Meunier, d’époque Louis XV, en bois sculpté et peint est à retenir (600 000 francs). Mais le 3 décembre (étude Million & Associés), c’est autour d’un petit guéridon d’époque Louis XVI en placage de thuya et bronze ciselé et doré que vont se pencher tous les regards. Ce petit chef-d’œuvre estampillé Weisweiler comporte trois pieds à double colonnettes « tiges de bambou » en bronze doré et un plateau circulaire et mouluré dont le médaillon central en porcelaine de Sèvres à l’imitation de Wedgwood offre un décor de bas-relief mythologique. Pour lequel, on n’espère pas moins de 1,5 million de francs.

Parmi les inclassables, de beaux objets tous azimuts. Les amateurs ne manqueront pas de s’emballer pour une garniture composée de deux vases et d’un pot-pourri en porcelaine de Chine à fond vert d’époque Louis XVI (500 000 francs, le 23 novembre par l’étude Boisgirard). Les montures en bronze ciselé et doré en forme de têtes de satyre coiffées de guirlandes de feuilles de chênes et les cols à cannelures dorées présentent un décor remarquable. Classique mais importante, une pendule cage en bronze doré d’époque Louis XVI au décor de rosaces encastrées dans des feuilles d’acanthe et dont la partie supérieure est « damassé » d’une fleur de tournesol. Une pièce de la haute horlogerie avec un mouvement signé Breguet qu’il faudra saisir à plus de 150 000 francs le 3 décembre chez Mes Million & Robert. À signaler aussi, une rare collection de brosses des XVIIe et XVIIIe siècles (étude Chayette & Cheval, le 12 décembre). La plus raffinée, estimée 30 000 francs, est en nacre gravée d’une scène figurant Diane et Actéon, signée J.-B. Barckhusnn fecit. Enfin, le 20 décembre, le groupe PIASA mettra en vente pour 800 000 francs une fontaine à parfum en argent d’une grande beauté, exécutée à Rouen en 1568 par le maître B. Delahaye.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°136 du 9 novembre 2001, avec le titre suivant : Delacroix, vedette des Temps forts de Drouot

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