Coutau-Bégarie

Del Duca déçoit

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 19 novembre 2004 - 583 mots

En dépit des effets d’annonce, la collection Del Duca présentée aux Temps Forts de Drouot est avare en pièces de prestige.

 PARIS - La vente de la succession Del Duca le 19 novembre par la SVV Coutau-Bégarie à Drouot ne sera pas, contrairement à ce qui avait été annoncé, la vente de l’année. Simone Del Duca est décédée en mai 2004 trente-sept ans après son époux, Cino Del Duca, le célèbre éditeur de presse et fondateur entre autres du magazine Nous Deux. Elle laisse bon nombre de biens et aucune descendance. Plusieurs vacations ont déjà été organisées à Drouot pour écouler cette succession qui clôt la saison avec une sélection prestigieuse. Or, de prestige, cette vente n’a probablement que le nom tant l’ensemble de lots exposés dans les salons de l’avenue Montaigne aux « Temps Forts » de Drouot, a déçu. À commencer par ce qui a été annoncé comme le lot phare : une armoire « monumentale » attribuée à André Charles Boulle, au riche décor de marqueterie, d’abord estimée un peu rapidement 1 million d’euros, puis 800 000-500 000 euros, avant d’être finalement cataloguée pour 300 000-500 000 euros. « Nous n’avons pas voulu mettre de prix foudroyants pour ne pas décourager d’éventuels acquéreurs », se justifie l’expert Roland Lepic. D’autant que le produit de la vente est destiné à la Fondation Simone-et-Cino-Del Duca, dont la mission principale est d’aider la recherche scientifique et médicale. Mais les acheteurs risquent de se décourager tous seuls car, de visu, l’armoire n’est ni grande, ni belle, au point que certains spécialistes mettent en doute son attribution à Boulle. En revanche, le régulateur en marqueterie de bois de bout, orné d’une riche ornementation de bronze doré de style rocaille, estampillé Latz vers 1749, est irréprochable. Il est cependant si peu commercial qu’il partira difficilement au-dessus de sa fourchette, fixée raisonnablement à 100 000-150 000 euros. Le très beau vase couvert d’époque Louis XVI vers 1770-1780, en fait une pendule à cercle tournant en porcelaine céladon de Chine et monture en bronze doré, a, lui, été très remarqué par un plus large cercle d’amateurs qui pourrait pousser la mise au-delà des 100 000-120 000 euros estimés.
Quelques tableaux sauvent l’ensemble dont deux toiles de Boldini, Songe d’une nuit d’été de 1897, estimé 250 000-350 000 euros, et un portrait de l’actrice Alice Regnault peint en 1884, estimé 300 000 à 500 000 euros. Une très grande toile décorative de l’école vénitienne du début du XIXe siècle, décrivant L’Entrée de l’ambassadeur de France, le comte de Gergy, au Palais Ducal de Venise, estimée 80 000-100 000 euros, pourrait faire tourner quelques têtes. Allégorie de l’Air et du Feu, une huile sur panneau de Frans Francken et de l’atelier de Brughel le Jeune, estimée 40 000-60 000 euros ; Agar et l’Ange, un rare tableau religieux de Nicolaes Berchem, attendu pour au moins 45 000 euros, et un beau dessin à la plume et lavis d’encre de Chine par Greuze illustrant Les Soins maternels, estimé environ 25 000 euros, n’auront sans doute pas de mal à trouver preneurs.
Restent les précieux bijoux de Mme Del Duca dont la vente a été différée au printemps 2005 : c’est la maison Christie’s qui a été choisie pour disperser cette part non négligeable du lion.

SUCCESSION SIMONE DEL DUCA

Prestigieuse collection de meubles & tableaux, SVV Coutau-Bégarie, vente le 19 novembre à 12h15 et 14h à Drouot-Richelieu, salles 5 et 6, 9, rue Drouot, 75009 Paris, tél. 01 45 56 12 20, www.coutaubegarie.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°203 du 19 novembre 2004, avec le titre suivant : Del Duca déçoit

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