Découvertes Haute époque

Des entretaillures vendues le 28 mai à Drouot

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 30 avril 1999 - 642 mots

Quelques mois après sa vente de novembre 1998 qui s’était soldée par un résultat de 9,5 millions de francs, l’étude Tajan organise le 28 mai à Drouot une nouvelle vacation Haute époque, avec le concours de l’expert Bruno Perrier. Elle proposera notamment de superbes tentures du XVIe siècle, des meubles et objets d’art médiévaux, et devrait réaliser un produit de 10 à 15 millions de francs.

PARIS - “Le Moyen Âge et la Renaissance font un tabac dans les musées, les salles de cinéma et les librairies. Je souhaiterais que cette spécialité puisse se retrouver également sur le devant de la scène dans le domaine des ventes publiques. Mon but, déclare Bruno Perrier, serait de créer des ventes pluridisciplinaires semblables à celles qui se tenaient au XIXe siècle”. Sa première vacation a reçu l’onction de grands musées, comme le Musée national du Moyen Âge - Thermes de Cluny, le Musée de l’Œuvre à Reims et un musée bâlois qui ont acquis des pièces à cette occasion.

La vente de printemps proposera notamment quelques belles tentures dites “entretaillures” (1-1,5 million de francs), nom donné aux XVe et XVIe siècles aux ouvrages exécutés en broderie d’application. Ces tentures de taille considérable, généralement utilisées pour les chambres, salles ou appartements, étaient faites de tissus d’or, d’argent et de soie. Nombre d’entre elles ont été exécutées à l’époque des fêtes galantes et des luxueux tournois qui ont marqué les règnes de François Ier et Henri II. Mazarin avait fait tendre d’une “brocatelle d’or à fond vert et rouge”, découpée à Milan, la galerie des Portraits du Louvre. Les perfectionnements apportés par les Gobelins à la tapisserie et l’arrivée de nouveaux tissus et draps ont entraîné la disparition de ces entretaillures, dont le nom avait même disparu du vocabulaire des gens du métier. Il est donc tout à fait extraordinaire de retrouver de pareilles pièces. L’une d’entre elles, datant des années 1610-1630, montre Louis XIII s’entretenant avec un musicien, vraisemblablement Denis Gaultier, le plus grand luthiste de l’époque. À noter aussi une tapisserie du XVIe siècle, Le jardin d’Éden (200-300 000 francs), voluptueuse vision du paradis.

Adam ressuscité se lève d’un sarcophage
Parmi les objets d’époque médiévale figure une plaque en cuivre émaillée, ciselée et dorée datant de 1180-1200, montrant le Christ siégeant sur un coussin fuselé et bénissant de sa main droite (200-400 000 francs). Cette œuvre, qui par le style se situe dans la production romane, devait faire partie d’un ensemble décoratif destiné à orner une châsse, un devant d’autel ou un retable. De la même époque, une croix de procession présente l’image du Christ crucifié appliquée sur un fond émaillé de rosettes (400-500 000 francs). Le Christ souffrant incline la tête sur son épaule droite. À ses pieds, Adam ressuscité se lève d’un sarcophage et tend ses bras vers le Rédempteur. Le décor de rosettes émaillées et la figure du Christ rattachent cette croix à la production romane de Limoges. Un peu plus tardive, une sculpture de prophète en pierre, proche de celles qui ont été taillées pour le duc de Berry pour la Sainte Chapelle du Palais de Bourges, représente un homme barbu coiffé d’un bonnet (150 000 francs). Le drapé présente des similitudes avec Le prophète au tablier du musée de Bourges. La vente ne serait pas complète sans des meubles d’époque médiévale, comme des cathèdres (200 000 francs) ou une petite armoire d’archives (100-120 000 francs). La Renaissance française et italienne sera représentée par un meuble à deux corps de l’école lyonnaise (400-500 000 francs), un dressoir d’apparat, des cabinets enrichis de sculptures, de nacre, corail, ivoire et pierres dures, deux meubles à incrustation du Val-de-Loire (200-300 000 francs), un cabinet génois (200-250 000 francs) et un miroir napolitain (80-100 000 francs). Les “globe-trotters” remarqueront quelques malles de voyage, dont une malle gothique estimée 80 000 francs, et des coffrets de messagers.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°82 du 30 avril 1999, avec le titre suivant : Découvertes Haute époque

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