De Chagall et Picasso à Arp

Les collections Bronne et Arp à Drouot Montaigne.

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 9 mai 1998 - 658 mots

Drouot Montaigne sera sous le feu des projecteurs au mois de juin, lors de la dispersion de deux collections. Mise en vente les 15 et 16, la première a appartenu à un industriel monégasque et comprend des œuvres des XIXe et XXe siècles. La seconde, constituée d’un important ensemble de travaux de Hans Arp et de sa première femme Sophie Taeuber, sera dispersée le 21 juin.

PARIS - PDG d’une entreprise internationale, Henri Bronne était aussi un collectionneur d’œuvres des XIXe et XXe siècles, de Matisse à Niki de Saint-Phalle et César en passant par Bonnard, Camoin ou Berthe Morisot. Trente-cinq tableaux seront dispersés par Me Francis Briest, le 15 juin à Drouot Montaigne, parmi lesquels Les deux colombes, une huile sur toile exécutée par Max Ernst en 1926 (900 000-1,2 million de francs) ; Bergère couchée (1891) de Berthe Morisot, aux tonalités bleu-vert (800 000-1,2 million de francs) ; une huile sur panneau de Pierre Bonnard, Paysage aux arbres verts (600-800 000 francs), travail autour de la lumière naissante ; Violon et ombrelle (vers 1975) de Marc Chagall, un tableau tardif au charme ingénu réunissant le trio violoniste-femme-lune (1-1,3 million de francs). Seront également mis en vente plusieurs tableaux issus de collections privées, dont Nature morte à la bouteille (1948) de Fernand Léger (800 000-1 million de francs) et le Portrait de Julio Gonzalès (1901-1902) par Picasso (1,8-2,2 millions de francs). Le lendemain, Me Briest dispersera des œuvres majeures d’artistes ayant appartenu au mouvement des Nouveaux réalistes (César, Arman, Niki de Saint-Phalle, Hains et Spoerri). Le produit attendu de ces deux vacations devrait se situer entre 25 et 28 millions de francs.

La collection François Arp
Le 21 juin, l’étude Calmels-Chambre-Cohen proposera à Drouot Montaigne quatre-vingt-deux œuvres de Hans Arp (1886-1966), de sa première femme Sophie Taeuber-Arp, et de leur ami, le constructiviste Théo van Doesburg. Elles ont appartenu au frère de l’artiste, François Arp, qui fut administrateur de la revue Dada à l’époque du Cabaret Voltaire, à Zurich. En 1945, il a légué à sa fille, Ruth Tillard-Arp, cet ensemble de reliefs en bois peint, de collages, de sculptures en bronze et d’huiles. Sans enfant, cette dernière a choisi de faire du docteur Gubler – ancien médecin de François Mittterrand et ami de longue date de la famille Arp – son légataire universel. La collection a cependant failli quitter le territoire français pour l’Allemagne, au bénéfice de la Stiftung Hans Arp et Sophie Taueber-Arp, fondation créée en 1977 à l’initiative de la seconde femme de l’artiste, Marguerite. Le décès de Johannes Wasmuth, directeur de l’association installée outre-Rhin, puis la révélation d’achats à la fondation par le Land de Rhénanie-Palatinat d’œuvres de provenance douteuse, a bouleversé ces plans. La collection est donc restée en France, et le docteur Gubler, qui est aussi le président de la Fondation Arp établie à Clamart, a pris la décision de la mettre en vente afin de payer ses droits de succession.

Parmi les œuvres les plus importantes de la vacation, estimées au total 20-25 millions de francs, figurent des reliefs polychromes, dont la célèbre Fleur-marteau de 1917 (1,8-2,2 millions de francs), une superposition très dadaïste de bois découpés vissés sur un support ; L’Horloge, un relief en bois peint polychrome de Hans Arp datant de 1924 (1,3-1,6 million de francs), une Tête Dada (1920) de Sophie Taeuber-Arp (600-800 000 francs) ; Composition statique, une huile exécutée en 1915, l’un des tableaux majeurs de la sensibilité constructive de Arp, remarquable par sa force chromatique (1,5-2 millions de francs). S’y ajoutent un collage de sa période zurichoise, fait de papiers découpés (500-600 000 francs), des bronzes, parmi lesquels le Torse-vase de 1965 (200-250 000 francs), œuvre réalisée peu avant sa mort, qui témoigne de l’inventivité d’un artiste dont Francis Picabia disait qu’il était “sensible comme une antenne de papillon”. Et justement, le même jour, sera également mise aux enchères une importante toile de 1923, Dresseur d’animaux, par cet apôtre du Dadaïsme qu’était Picabia.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°60 du 9 mai 1998, avec le titre suivant : De Chagall et Picasso à Arp

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