SVV Calmels-Cohen

Dans le sillage de Breton

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 2 avril 2004 - 555 mots

Contrat rempli pour la première vente de surréalisme un an après la vacation Breton : Paris s’impose comme une place de choix sur ce marché.

 PARIS - Rendre à César ce qui appartient à César. Rendre à Paris ses artistes surréalistes, qui sont depuis quelques années l’apanage des ventes de Londres, telle était la gageure du commissaire-priseur parisien Cyrille Cohen, chef d’orchestre de la dispersion Breton. Avec 81 % de lots vendus, la vacation du 21 mars à Drouot s’inscrit avec succès dans cette voie. Estimé 6 000 à 8 000 euros, le Portrait d’André Breton (1950) par Toyen, l’objet fétiche de la vente comptant parmi les douze lots de la collection Breton qui avaient échappé à l’inventaire – et donc à la vente mythique de 2003 –, s’est envolé à 78 215 euros, décroché par une collectionneuse américaine d’origine tchèque présente dans la salle. Pari risqué mais réussi pour la grande pièce vedette de la vacation, Entre l’herbe et le vent, un paysage surréaliste signé Yves Tanguy issu de la collection du poète Alain Bosquet (1919-1998), qui affichait pourtant de grandes ambitions avec un prix de réserve soutenu autour de 600 000 euros : la toile de 1934, à deux doigts d’être ravalée, est finalement partie à 657 740 euros. « Il n’y a pas de tableau comparable de cette qualité pour ce format (45 x 37 cm) sur le marché, y compris en galerie », défend Cyrille Cohen. Les trois tableaux de Clovis Touille, autre figure marquante de la dispersion, n’ont pas démérité. Sa Voyeuse, estimée 80 000 euros, a atteint 181 910 euros, soit le deuxième meilleur prix pour l’artiste après le record de la vente Breton. Les deux autres pièces au thème moins aguicheur, Les Musiciens et Le Grand Poème d’Amiens, ont été emportées dans leur estimation ; le premier a été adjugé 36 100 euros à un particulier, le second, préempté pour 48 130 euros par le Musée de Picardie, à Amiens. Le marché espagnol a bataillé ferme jusqu’à 209 900 euros pour décrocher la grande Construction (Composition aux revolvers), un très grand tableau de 130 x 162 cm réalisé en 1956 par Óscar Domínguez, estimé 120 000-150 000 euros. La pièce n’était pas réapparue sur le marché depuis la vente de l’atelier de l’artiste en 1968. Une petite surprise est venue de La Sangre del Nacar, une huile sur toile d’Antonio Saura, datée de 1952 et provenant de la succession de l’artiste. Attendue autour de 20 000 euros, la toile a atteint 43 320 euros, « un prix de référence pour la période surréaliste de Saura dont on n’avait que peu d’exemples », souligne Cyrille Cohen. Les enchères se sont également animées pour un tableau, un collage et un dessin de Matta, tous partis à bon prix. Seul un dessin moins attrayant des années 1940-1950, à la mine de plomb et aux crayons de couleur, a été ravalé. Quant à la quarantaine d’œuvres secondaires de la collection Bosquet, réalisées par des artistes moins connus du grand public à l’exemple d’Atila, Dado, Théo Gerber, Ljuba ou encore Velickovic, elles ont quasiment toutes trouvé preneur. Comme l’avait pressenti l’expert Marcel Fleiss, « il y avait à chaque fois deux ou trois amateurs par artiste et ainsi chaque tableau a trouvé son clou. » Le surréalisme a de beaux jours devant lui.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°190 du 2 avril 2004, avec le titre suivant : Dans le sillage de Breton

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