États-Unis - Ventes aux enchères

Come-back à New York

Records mondiaux chez Christie’s et Sotheby’s

Par Mason S. Brook · Le Journal des Arts

Le 4 décembre 1998 - 503 mots

Autrefois reléguée dans les réserves des musées, la peinture dite de l’Âge d’Or aux États-Unis – et "pompier" en France pour désigner l’art officiel de la seconde moitié du XIXe siècle – retrouve les faveurs du marché. Bien que les résultats soient encore très contrastés, onze records mondiaux ont été enregistrés pour des œuvres de cette époque, lors des ventes de novembre de Christie’s et Sotheby’s à New York.

NEW YORK (de notre correspondante) - Les deux maisons de vente, qui tentaient de remettre à l’honneur cette peinture aujourd’hui tombée en disgrâce, ont fait le même constat : si de bonnes enchères saluent les œuvres de premier plan, les artistes mineurs ou méconnus rencontrent des succès très divers. Mais l’optimisme semble de mise pour “l’art pompier”. Nancy Harrison, spécialiste du XIXe siècle chez Sotheby’s, affirme que “la peinture de l’Âge d’Or est un secteur du marché dont le potentiel est énorme et qu’à l’approche du nouveau millénaire, cette nostalgie va aller en s’accentuant”. La vente “Trésors de l’Âge d’Or”, organisée le 10 novembre, a produit 4,8 millions de dollars (26,8 millions de francs), dans la fourchette basse de l’estimation, avec 55 % des lots vendus. Une œuvre du peintre norvégien Hans Fredrik Gude, Bateaux devant une côte boisée, a quadruplé son estimation à 200 500 dollars (1,1 million de francs). Le monumental Casino de Monte Carlo (Rien ne va plus) de Jean Béraud – juxtaposition de scènes de désespoir et d’euphorie dans le décor opulent du casino de Garnier – est parti à 1,6 million de dollars (8,9 millions de francs), juste au-dessus de l’estimation basse.

Toujours chez Sotheby’s, les résultats de la vente de sculptures et tableaux européens du XIXe siècle ont été beaucoup plus décevants : 14,3 millions de dollars (80 millions de francs) alors qu’on en attendait 21,6 à 29,6 millions. Mais quelques prix records ont créé la surprise, dont l’adjudication à 2,6 millions de dollars (14,5 millions de francs) d’un tableau allégorique de William Bouguereau, Alma parens (1883), qui était mis en vente par l’acteur Sylvester Stallone. Il est à noter que le précédent record pour une œuvre de ce peintre – 1,4 million de dollars – date de mai 1997, alors qu’il y a six ans, il s’établissait à 528 000 dollars.

Pour sa première vente de peinture de l’Âge d’Or intitulée “L’Âge de l’Élégance”, et avec un catalogue plus restreint, Christie’s a enregistré 7,7 millions de dollars (43,1 millions de francs), la moitié de l’estimation haute, avec 60 % des lots vendus. Là encore, William Bouguereau était en vedette : L’Amour et Psyché enfants a fait 1,7 million de dollars (9,5 millions de francs), contre une estimation de 1-1,5 million. De Jean-Léon Gérôme, la Terrasse du sérail s’est vendue 1,3 million de dollars (7,2 millions de francs), légèrement au-dessous de l’estimation basse. Chez Christie’s, la spécialiste du XIXe siècle Contantine Frangoes souligne que sa vente était très différente de celles de Sotheby’s, mais elle partage l’optimisme de Nancy Harrison sur la croissance de ce secteur du marché.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°72 du 4 décembre 1998, avec le titre suivant : Come-back à New York

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